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j'ai fait plusieurs fois. Je sais fumer tout Code des em>> comme un autre, et je ne le cédois à per- pereurs. >> sonne, même étant tout petit dans la maison » de ma vieille nourrice. Mais je m'en suis

abstenu, depuis que je l'ai interdit aux au>> tres. Comment exigerois-je qu'ils observas>> sent mon ordonnance, si ne m'y soumet» tois pas moi-même ? »

Kan-hi conserva pour la vieillesse un respect qui ne se démentit jamais ; et il croyoit, par cette déférence, accorder la politique avec l'humanité; le plus grand abus dans un gouvernement, disoit-il, c'est que la jeunesse présume trop de sa capacité, et compte l'expérience pour peu de chose.

L'âge mûr lui-même, dans un homme d'état, ne suffit pas sans le travail. L'empereur, qui connoissoit la nécessité de l'étude pour s'instruire, crut remarquer du relâchement dans les premiers lettrés de sa capitale; il soupçonna que ce pouvoit être une pure négligence dans les uns, et un défaut de moyen dans les autres; ce fut de quoi il voulut juger par lui-même. Il les assembla et les interrogea. Plusieurs se tirèrent mal de cet examen, d'autant plus imprévu qu'il étoit sans exemple. Ils furent dégradés et renvoyés dans leurs

pereurs.

Code des em- provinces. L'empereur, dira-t-on, pouvoit se méprendre dans ses décisions; il y avoit pourvu. Un mandarin très-éclairé, mais que le prince ne mit point dans son secret, et qu'il n'instruisit pas des jugements qu'il avoit déjà portés, fut chargé par lui de faire subir un pareil examen à ces mêmes docteurs. Le résultat du second examen fut semblable à celui du premier, à l'exception d'un seul lettré que l'empereur avoit jugé incapable, et que le second examinateur déclara seulement d'un mérite douteux. Cet exemple, qui pouvoit se renouveler, diminua l'orgueil des premiers savants de l'empire, et ranima leur émulation.

Ce fut aussi pour le maintien des bonnes mœurs, que Kan-hi défendit la vente de tout livre capable d'y porter atteinte ; par la raison, dit un auteur chinois, qu'on fait sans honte ce qu'on a lu avec plaisir.

Gouverne

CHAPITRE XXII.

Gouvernement actuel, sous la dynastic tartare.

L'ANCIEN gouvernement continue de sub

ment actuel, sister; les nouveaux maîtres de la Chine n'ont sous la dynastie tarlare.

fait que se l'approprier. Le Tartare conqué

rant s'est soumis aux lois, aux usages de la nation conquise; il s'est restreint à proscrire certains abus, amenés par le temps, qui détériore tout lorsqu'il ne l'améliore pas. La Chine, en un mot, paroît avoir gagné beaucoup par la révolution qui sembloit devoir causer sa ruine.

Les Tartares, que les Chinois traitoient de nation barbare, ne leur ont donné jusqu'à ce jour que des empereurs dignes de gouverner cet empire immense, et ceux-ci l'ont tous gouverné par eux-mêmes. Ces princes ménagent plus, leurs sujets conquis que leurs sujets naturels. Qu'une discussion s'élève entre un Chinois et un Tartare, il faut que le premier ait bien tort pour n'avoir pas raison, même aux yeux des tribunaux, quoique tous mipartis de Chinois et de Tartares. Cette politique est facile à concevoir, mais elle n'en est pas moinssage...

La plus légère faute est sévèrement punie dans un mandarin tartare; la plus grave, s'il est Chinois, ne l'expose souvent qu'à une peine mitigée. C'est parmi les Tartares qu'on s'applique sur-tout à entretenir le goût dest armes, l'esprit et la discipline militaires. Un officier de cette nation est toujours puni pour

Gouverne

ment actuel, sous la dynastie tartare.

ment actuel,

Gouverne- peu qu'il néglige ses devoirs ; il est cassé, pour sous la dynas- peu qu'il y déroge. Un officier chinois peut obtenir grâce; l'officier tartare ne l'obtient jamais.

tie tarlare.

Il faut l'avouer, tout homme en place, à la Chine, soit dans l'état civil, soit dans la profession militaire, croit toujours voir le glaive suspendu sur sa tête. Il ne peut prévoir sa destinée, s'il arrive qu'il soit cité au tribunal de l'empereur; le temps, la circonstance, le besoin de faire un exemple, peuvent influer sur

son sort.

Les fautes, punies aujourd'hui le plus sévèrement, sont celles qui blessent les intérêts du peuple; et il est désormais difficile qu'il soit la proie de cette classe de tyrans subalternes, qui graduellement pourroient désoler les provinces. Tout grand mandarin est responsable des fautes de ses inférieurs ; il est leur surveillant, et, pour ainsi dire, leur caution; il seroit puni lui-même des fautes qu'il négligeroit de connoître ou de dénoncer.

Les lettrés obtiennent toujours la même considération ; ils jouissent de tous leurs droits, de toutes les distinctions attachées à ce titre ; mais le gouvernement réprime leur orgueil, et encourage leurs travaux. La sévérité ac

tuelle des examens ne permettra plus à cette classe de se multiplier à l'infini; elle sera moins nombreuse, plus éclairée, et plus utile.

C'est la classe du peuple que le gouvernement tartare ménage avec le plus de soin. Nulle émeute, nulle révolte, il est vrai, ne reste impunie; mais on châtie encore plus sévèrement le mandarin qui peut l'avoir occasionnée, ou qui n'a point su la prévenir. En un mot, le gouvernement actuel est si rigide envers les grands, si modéré, si secourable envers le peuple, que celui-ci craindroit autant de perdre ses nouveaux maîtres, qu'euxmêmes pourroient craindre de perdre leurs nouveaux sujets.

Gouverne

ment actuel, sous la dynas tie tartare.

FIN DU LIVRE DIXIÈME.

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