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suite dans un même lieu; 2° les troupes qui Forces milicomposent une garnison sont entièrement sé- taires de la parées du reste des habitants. Elles occupent des espèces de casernes, dans l'enceinte desquelles chaque soldat a sa petite maison, d'environ dix pieds en carré; chacune de ces maisons est précédée d'une petite cour, et accompagnée d'un petit jardin. La cour et le jardin ont à peu près la même étendue de surface que la maison. Il faut qu'il y ait là de quoi loger un soldat, sa femme et ses enfants; car, à la Chine, les soldats sont tous ou presque tous mariés. De plus, ces maisons ne communiquent point les unes aux autres : elles sont séparées par des murs de la hauteur de six à sept pieds, afin que les familles ne puissent pas voir ce qui se passe les unes chez les autres, ou plutôt afin que les femmes ne soient point vues dans la liberté de leurs ménages.

Les soldats mantcheoux sont employés de préférence dans les garnisons des places frontières de la Tartarie ce sont là les troupes favorites des empereurs actuels, et celles sur le courage et la fidélité desquelles ils peuvent le plus compter. Aussi ne néglige-t-on rien pour les bien discipliner, et entretenir parmi elles ces inclinations guerrières qui ont tou

Chine.

Forces mili- jours caractérisé la nation tartare. Un soldat taires de la mantcheou, disoit le feu empereur, à l'occasion du peu de troupes qu'il envoyoit pour une expédition assez importante; un soldat mantcheou en vaut dix d'une autre nation.

Places militaires et forteresses de l'empire.

On compte à la Chine plus de deux mille places d'armes, divisées en six classes; savoir: six cents de la première, plus de cinq cents de la seconde, trois cents et plus de la troisième, à peu près pareil nombre de la quatrième, cent cinquante de la cinquième, et trois cents de la dernière. On peut joindre à ce nombre de places environ trois mille tours ou châteaux, répandus dans toute l'étendue de l'empire, et tous munis d'une garnison. Ces châteaux, ont le double objet de contrarier les incursions de l'ennemi, et de prévenir les dissentions ou la révolte parmi les sujets. On y monte une garde perpétuelle; et à la première apparence de désordre, la sentinelle en donne le signal du haut de la tour. Ce signal consiste à arborer un étendard, si c'est pendant le jour, et une torche allumée, s'il est nuit; alors les garnisons voisines se portent vers le lieu où le désordre a besoin d'être apaisé ou prévenu.

Les places de guerre, même celles du pre

mier rang, tirent leur principale force de leur Forces milisituation, qui, en général, est bien choisie. taires de la Elles ont d'ailleurs un rempart, une muraille

de brique, des tours, et un fossé plein d'eau. Telle ville de l'antiquité a soutenu un siége de dix ans, qui n'avoit pas d'aussi bons moyens de défense; et les vrais moyens d'attaque ont manqué long-temps à tous les voisins de la Chine.

Quant aux frontières de cet empire, la nature elle-même a pris soin de les fortifier dans leur plus grande étendue. La mer borne six de ses provinces, et elle est si basse, vers les côtes, que nul grand vaisseau n'en peut approcher. Des montagnes inaccessibles couvrent ce vaste empire à l'occident; le reste de ses frontières est défendu par la grande muraille.

Chine.

de la Chine.

Ce prodigieux ouvrage efface tout ce que Grande muraille l'antiquité nous offre de plus imposant et de plus gigantesque. Les pyramides si vantées de l'Egypte sont bien peu de chose, si on les compare à un mur continu qui couvre trois. grandes provinces, qui parcourt cinq cents. lieues d'étendue, et dont l'épaisseur est telle que six cavaliers peuvent aisément y marcher

Forces mili- de front. Nous entrerons dans plus de détails taires de la sur cette fameuse muraille, lorsque nous parlerons des monuments de l'architecture chi

Chine.

noise.

Cependant cette étonnante barrière, le prix de tant de sueurs, de travaux et de trésors, est devenue à peu près inutile depuis la réunion des Chinois et des Tartares. Ceux-ci ne l'avoient point forcée. Ils furent appelés dans l'intérieur de la Chine pour combattre et chasser un usurpateur : il fut vaincu, chassé, et disparut pour toujours; mais le Tartare vainqueur prit sa place.

Quoique ces Tartares, comme nous l'avons observé, aient peut-être perdu quelque chose de leur ancienne énergie militaire, ils sont encore toutefois la plus brave milice et l'appui le plus solide de cet empire. Tout Tartare est enrôlé dès le berceau. Dès qu'il est en âge de porter les armes, il doit savoir les manier, et être prêt à marcher au premier signal. Les honneurs prodigués aux lettres n'empêchent point les Tartares qui habitent la Chine de leur préférer les armes; ils croient que cette noble profession leur appartient exclusivement. Ils imitent nos anciens Francs, qui lais

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Forces mili

sèrent aux Gaulois subjugués le soin de cultiver la terre, et se réservèrent celui de la dé- litaires de la

Chine

fendre.

CHAPITRE V.

Tribunaux supérieurs de la Chine. Censeurs de l'empire.

Le premier de tous les tribunaux est le Tribunaux de grand conseil de l'empereur, composé de tous la Chine. les ministres d'Etat, des premiers présidents et assesseurs de six cours souveraines dont nous allons parler, et de ceux de trois autres tribunaux que nous ferons également connoître. Ce conseil ne s'assemble que dans les cas extraordinaires. Il est habituellement remplacé par le conseil privé de l'empereur.

Les six autres tribunaux supérieurs de la Chine résident aussi à Pé-kin. Leur dénomination générale est leou-pou. On a donné le nom de ly-pou au premier : c'est lui qui fournit de mandarins toutes les provinces de l'empire. Il surveille leur conduite, tient registre de ce qu'ils font de bien et de mal, et en instruit l'empereur, qui punit ou récompense d'après son rapport. On voit que les fonctions

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