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silence. On leur procure aussi quelques ta

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lents agréables, si elles sont nées riches. L'u- des enfants. sage général, dans tout l'empire, est que les filles, à l'âge de sept ans, s'enferment dans l'appartement des femmes, et n'en sortent que pour leur mariage. Aucun homme ne pénètre dans l'intérieur de ces appartements; et comme elles n'en sortent jamais, et qu'elles y sont toujours sous les yeux de leur mère, de leur grand-mère ou de leurs sœurs, il est clair que leur innocence doit s'y maintenir sans le secours même de leur vertu, et qu'il est trèsdifficile, pour ne pas dire presque impossible, qu'une fille chinoise ne se conserve pas pure jusqu'au moment où elle unit son sort à celui d'un époux. Si cependant, par une accusation portée en justice, il est prouvé que l'une d'elles se soit laissée corrompre, le père et la mère sont punis comme complices, ainsi que les proches parents et même les voisins, pour n'avoir pas dénoncé ce délit. Quant à la fille, s'il est constant qu'elle ait consenti, elle est publiquement vendue comme esclave; à moins que son séducteur, pour échapper lui-même au supplice qu'il a mérité, ne se présente pour l'épouser. Ces sortes d'affaires font toujours

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le plus grand éclat et ont des suites terribles: des enfants. aussi sont-elles fort rares.

Observons ici, en passant, à propos de la peine dont nous venons de parler, qu'il n'existe à la Chine, comme quelques relateurs l'ont dit, aucun marché où l'on vende publiquement ni hommes, ni femmes, ni filles. Les seules ventes publiques de ce genre sont des encans de justice, ouverts en exécution ou de sentences infamantes qui portent cette peine, ou d'une confiscation légale des biens, dans laquelle sont enveloppées les concubines, qu'on vend comme de simples esclaves, au prix de la taxe commune, qui est de dix taëls, ou onces d'argent. Toute vente de fille libre est sévèrement défendue par la loi, qui punit de peines afflictives quiconque est dénoncé comme acheteur, vendeur ou entremetteur. La vente d'une fille libre est tolérée dans la seule circonstance où elle se vend elle-même, par piété filiale, pour secourir son père et sa mère, tombés dans la misère. Le frère, l'oncle, la tante, qui, dans ce même cas, se mêleroient de cette vente et la procureroient, seroient poursuivis comme coupables, et la vente déclarée nulle.

Cette observation suffit pour réfuter une

foule d'auteurs, et en particulier Montesquieu, Education qui pose en assertion qu'un père, à la Chine, des enfants. vend ses filles (1). Ce qui doit étonner davantage, c'est que sir Georges Staunton paroît être tombé dans la même erreur, lorsqu'il dit : « On assure que les jeunes filles, distin» guées par leur figure, sont, dès l'âge de qua>> torze ans, achetées à leurs parents, pour

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l'usage des gens riches ou puissants (2). » S'il sort des villes voluptueuses de Yan-tcheou, de Sou-tcheou et de Han-tcheou un certain nombre de filles exercées dans l'art de plaire, et qu'on achète, il faut croire que ce sont des filles nées d'esclaves, et vendues par leurs maîtres.

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Physionomie des Chinois. Vêtements et costumes des hommes.

Chinois.

Si l'on jugeoit des traits et de la physiono- Vêtements, mie des Chinois par la manière dont ils se re- costumes des présentent eux-mêmes sur leurs porcelaines, physionomie chileurs paravents et leurs ouvrages de vernis,

(1) Esprit des lois, liv. XXIII, chap. 16.
(2) Voyage de Macartney, tome IV, page 65.

noise.

Vêtements

Chinois.

on ne pourroit que s'en former une idée trèsCostumes des défavorable. Excellents peintres de fleurs et d'animaux, ils s'estropient et se défigurent lorsqu'ils se peignent eux-mêmes; ou plutôt il semble qu'il soit reçu, parmi leurs ouvriers de Canton, lorsqu'ils ont à traiter la figure, de ne peindre que de ridicules bamboches. Les Chinois sont mieux faits, et d'une figure plus noble et plus agréable que dans leurs tableaux.

La couleur des habitants d'un empire aussi vaste ne peut être partout de la même nuance. Les Chinois, dans les provinces méridionales, ont le teint très-basané, et même olivâtre dans celles de Canton, de Sé-tchuene et d'Yunenane; mais ceux qui habitent les provinces du Nord sont aussi blancs qu'en Europe, et les joues des jeunes gens, jusqu'à l'âge de trente ans, sont animées d'un coloris frais et brillant.

Les idées chinoises diffèrent beaucoup des nôtres sur ce qui constitue la beauté humaine ; et il est assez ordinaire aux peuples de la placer dans les traits et le genre de configuration qui leur sont propres. Nous peignons le diable sous les traits et la couleur d'un noir Africain, et celui-ci se le représente avec la peau blan

Vêtements,

che de l'Européen. Pour qu'un homme soit beau à la Chine, il faut qu'il ait le front large, costumes des

le nez court, les yeux petits, à fleur de tête,

et bien fendus, la face large et carrée, les oreilles grandes, la bouche médiocre, la barbe longue, quand on la laisse croître, et les cheveux d'un noir luisant les cheveux blonds ou roux y sont regardés comme une disgrace de la nature. Une taille fine, légère et dégagée n'est point du goût des Chinois un homme n'est bien fait, selon eux, que lorsqu'il est grand, gros et gras, et qu'il peut remplir de son ample rotondité toute la profondeur d'un large fauteuil. Ils prendroient volontiers pour la mesure de sa beauté l'aunage de sa vaste ceinture.

Chinois.

Composition de

nois.

La forme des habits est à peu près la même, l'habillement chidans les villes, pour toutes les classes de citoyens, et même pour les deux sexes. Mais certains ornements accessoires distinguent le grade et la dignité de ceux qui les portent, et ce seroit s'exposer à de rudes châtiments que de s'en décorer sans en avoir le droit.

L'habit chinois, en général, est composé d'une longue veste qui descend jusqu'à terre. Un pan de cette veste, celui du côté gauche,

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