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Repas et

comme dit Montaigne, jusqu'à poser en prinaliments des cipe que les saveurs des viandes ne sont bien

Chinois.

Sauces chinoises.

développées qu'autant qu'elles sont cuites à un feu choisi. Ils préfèrent, par exemple, le feu de bois de mûrier pour la poule bouillie, qui, selon eux, en devient plus tendre; le feu de bois d'acacia pour le cochon, qui acquiert plus de goût et se digère mieux; celui de bois de pin pour faire chauffer l'eau du thé, etc.. Ceci rappelle le proverbe qui a cours dans nos campagnes, que rien n'est tel que le sarment de vigne pour faire de bonnes omelettes. Les attentions délicates, que la physique pourroit peut-être justifier par de bonnes raisons, sont sur-tout très-recommandées par la médecine chinoise, qui ne promet le succès de certains remèdes, qu'autant qu'ils sont préparés avec le feu de tel ou tel bois.

Les coulis ou sauces, dont les Chinois accompagnent leurs viandes et leurs légumes, ne sont ni liées ni épaissies comme les nôtres ; ce ne sont que de simples bouillons, mais très-diversifiés, qu'on emprunte soit des viandes, soit du poisson, soit de graines et de racines. Les légumes sont souvent préparés au gras. On sert les viandes tantôt baignées dans leur sauce, tantôt à sec, parce que les

Repas et aliments des

plats sont accompagnés de vases qui contiennent diverses espèces de bouillons, que Chinois. chacun choisit à son gré. On mange aussi les viandes sans autre assaisonnement que divers fruits, confits au sel, au vinaigre ou au gingembre. On cuit le riz avec différentes sortes d'herbages, ou mêlé avec des viandes coupées en morceaux. Les Chinois ne connoissent ni le fromage, ni l'usage du beurre, quoiqu'ils aient du lait ; ils préfèrent d'employer en assaisonnement le sain-doux et plusieurs huiles, qu'ils tirent d'un grand nombre de graines. Le café et le chocolat leur sont également inconnus. Le mérite des primeurs est peu senti à la Chine, et ils n'y sont pas même comptés parmi les aliments de luxe. On y croit bonnement que les herbes, les plantes potagères et tous les fruits ont des qualités analogues et correspondantes aux saisons où la nature nous les dispense, et que chercher à en accélérer l'accroissement, c'est vouloir les dénaturer, les rendre moins bons et moins sains.

Les Chinois ne font que deux repas par jour, le premier à dix heures du matin, et le second à six heures du soir. Le menu peuple, qui est la partie souffrante chez toutes les nations, vit pauvrement à la Chine comme

Repas et aliments des

Chinois.

ailleurs, et se contente quelquefois de la chair des chevaux, des chiens et des chats. Quand un peuple est immense, il est souvent réduit à faire usage de tous les moyens de subsistance la loi impérieuse du besoin ne laisse pas la liberté du choix, et admet encore moins la délicatesse.

Nous omettons de parler ici des vins, liqueurs et autres boissons enivrantes dont usent les Chinois, parce que nous traiterons de leur fabrication dans la partie des arts.

mmn

Fêtes et

Fête du prin

verture des

CHAPITRE VII.

Fêtes et réjouissances publiques.

ON a déjà vu (1) de quelle manière l'emperéjouissances reur de la Chine célèbre la fête du printemps publiques. ou de l'ouverture des terres; elle est solennitemps ou de l'ou-sée le même jour dans tout le reste de l'empire. Les vice-rois, assistés des principaux mandarins de leur département, des officiers de tous les tribunaux, et en présence d'un grand nombre de laboureurs de la province, pratiquent les mêmes cérémonies que l'em(1) Tome IV, page 411.

et

pereur, conduisent la charrue et ouvrent plu- Fêtes sieurs sillons dans un champ consacré à cet réjouissances publiques. usage. « J'ai été témoin, dit M. Poivre, de >> cette ouverture des terres à Canton, faite par » le vice-roi, et je ne me rappelle pas avoir jamais vu aucune des cérémonies inventées >> par les hommes, avec autant de plaisir et de >> satisfaction que j'en ai eu à considérer celle» ci (1). »

>>

Les gouverneurs des villes célèbrent aussi, quoique d'une manière toute différente, cette fête du printemps, si honorable pour l'agriculture. Le gouverneur sort le matin de son palais; il est couronné de fleurs, porté dans sa chaise au bruit de divers instruments, et précédé d'une troupe nombreuse de gens qui portent des étendards, des masses et des flambeaux allumés. Sa chaise est entourée ou suivie de plusieurs brancards ornés de riches tapis de soie, sur lesquels sont placées des figures qui représentent des personnages illustres qui ont exercé l'agriculture, ou expriment quelques traits d'histoire relatifs à ce premier des arts. Toutes les rues sont tapissées et garnies de lanternes, et l'on y élève d'espace en espace des arcs de triomphe.

(1) Voyage d'un philosophe, Yverdun, 1768, in-12.

Fêtes et

publiques.

On promène, dans cette cérémonie, une réjouissances grande vache de terre cuite, et dont les cornes sont dorées quarante hommes ont quelquefois beaucoup de peine à la porter. Un enfant la suit, ayant un pied chaussé et l'autre nu; on le nomme l'Esprit du travail et de la diligence. Il frappe sans cesse avec une verge ce simulacre de vache, comme pour le faire avancer. Il est suivi de tous les laboureurs, armés de leurs instruments aratoires. Des masques, des comédiens ferment la marche, et donnent au peuple des spectacles plus ou moins grotesques.

Le gouverneur s'avance vers la porte orientale de la ville, comme s'il vouloit aller à la rencontre du printemps, et de là il retourne à son palais dans le même ordre. Lorsqu'il y est arrivé, on dépouille la vache de tous ses ornements, on tire de son ventre un nombre prodigieux de petites vaches d'argile, et on les distribue à tout le peuple. On met en pièces la grande vache, et les morceaux en sont également distribués. Le gouverneur termine la cérémonie par un discours à la louange de l'agriculture, dans lequel il exhorte ses auditeurs à ne point se relâcher dans la pratique de l'art utile qui les nourrit tous.

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