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Cérémonial

ticulier des Chinois.

comme au milieu des plus grandes villes. On

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public et par ne s'en dispense dans aucun état. « J'ai été >> mille fois étonné, dit le P. le Comte, de » voir des domestiques se mettre à genoux » les uns devant les autres, pour se dire » adieu; et des villageois se faire plus de compliments dans leurs pauvres: festins, >> que nous n'en ferions dans nos cérémonies publiques. Les matelots mêmes, qui, par » leur état, sont naturellement brusques, >> vivent entre eux comme frères, et se pré» viennent, dans le travail commun, comme » s'ils étoient unis par les liens de la plus » étroite amitié (1). » »-« Je me trouvai un jour, » dit un autre missionnaire, dans un chemin » étroit et profond, où il se fit en peu de >> temps un grand embarras de charrettes. Je >> crus qu'on alloit s'emporter, s'entredire des injures, peut-être se battre, comme on fait » souvent en Europe; mais je fus fort surpris » de voir des gens qui se saluoient, et qui se parloient doucement comme s'ils se fussent >> connus et entr'aimés, et qui ensuite s'en>> tr'aidoient mutuellement à dégager leurs >> voitures et à les faire passer (2). »

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(1) Mém. sur la Chine, tome II, page 46.
(2) Lettres Edif., tome VII, page 157.

CHAPITRE X.

Funérailles et sépultures chinoises. Salle des

ancêtres.

Voici la plus importante de toutes les cé- Funérailles et rémonies particulières des Chinois. La mort sépultures. d'un d'entre eux est communément pour lui un jour d'éclat: jamais il ne reçoit plus d'honneurs, plus d'hommages, plus de marques d'estime, que quand il n'est plus.

On lave rarement les corps morts, à la Cercueil. Chine. Peu de moments après que le défunt a cessé de vivre, on le revêt de ses plus riches habits et des marques de toutes ses dignités. On le place dans le cercueil qui vient d'être acheté pour lui, ou que lui-même avoit fait préparer d'avance; genre étrange de prévoyance, mais qui est très-ordinaire chez ce peuple singulier.

Un des objets principaux de la sollicitude d'un Chinois, est, en effet, de se préparer un cercueil, et de ne pas se reposer de ce soin sur ses héritiers. Tel, qui n'a pour tout bien que quinze à vingt onces d'argent, en consacre souvent la plus grande partie à cet

sépultures.

Funérailles et achat. Quelquefois le cercueil reste vingt ans inutile dans la maison, et c'est aux yeux du maître son meuble le plus précieux. Lorsqu'il n'a point pourvu à cette dépense, et faute d'autres moyens, quelquefois le fils, par piété filiale, se vend et s'engage pour procurer à son père un cercueil distingué. On en trouve de tout faits chez les marchands, et ces lugubres objets, que partout ailleurs on dérobe à la vue, forment souvent la partie la plus considérable de l'étalage de certaines boutiques. Il n'est pas rare que des particuliers opulents emploient mille écus et plus pour se procurer un cercueil en bois précieux, orné d'ouvrages de sculpture, de riches vernis et de dorures. Les cercueils des Chinois, simplement aisés, sont moins fastueux : ils sont formés de fortes planches, épaisses de plusieurs pouces, enduites intérieurement de substances résineuses et vernies en dehors.

Ensevelissement.

L'usage d'ouvrir les cadavres n'existe point à la Chine. On y regarderoit comme une cruauté et un attentat punissable, de séparer du corps le cœur et les entrailles, pour les enterrer séparément. Un Chinois est toujours sûr d'être enseveli tout entier, à moins qu'il n'ait perdu, par accident, quelqu'un de ses

Funérailles et

membres. Quand on procède à l'ensevelissement, on répand d'abord au fond de la bière sépultures. un peu de chaux ; on y place le corps, en lui appuyant la tête sur un coussin, autour de laquelle on entasse encore beaucoup de coton, pour qu'elle soit solidement posée et ne vacille que difficilement. On emploie aussi le coton et quelques autres matières pour remplir tous les espaces vides et maintenir le cadavre dans la position où il a été mis. La chaux et le coton servent de plus à recevoir l'humeur qui pourroit sortir du cadavre.

les maisons.

On voit des Chinois porter l'attachement Morts gardés dans filial jusqu'à garder trois ou quatre ans chez eux le cadavre de leur père. Aucun magistrat n'a le droit de les forcer de procéder à l'inhumation. La salubrité de l'air des maisons n'est point altérée par ce dépôt, parce que les planches épaisses dont on forme les cercueils sont si bien enduites intérieurement de poix et de bitume, et recouvertes en dehors de si fortes couches de vernis, qu'il ne peut s'en exhaler aucune odeur fétide. Outre les obligations générales du deuil, celui qui garde ainsi le corps de son père s'impose des devoirs particuliers ; il n'a point d'autre chaise pour s'asseoir, durant le jour, qu'un escabeau

sépultures.

Funérailleset couvert d'un serge blanche, ni d'autre lit pour se coucher qu'une simple natte, faite de roseaux, et placée à côté du cercueil.

Exposition du mort, et devoirs qu'on lui rend.

Lorsque l'inhumation doit avoir lieu immédiatement après la mort, il est d'usage que le cadavre reste exposé pendant sept jours, qu'on peut réduire à trois, si quelque forte raison y oblige. C'est durant cet intervalle que tous les parents et les amis, qu'on a eu soin d'inviter, viennent rendre leurs devoirs au défunt. Les plus proches parents restent même dans la maison. Le cercueil est exposé dans la salle de cérémonie, qu'on a tendue de blanc; quelques pièces de soie, noires ou violettes, se mêlent à cette couleur, ainsi que quelques autres ornements affectés au deuil. On place devant le cercueil une table sur laquelle on pose soit l'image du défunt, soit un cartouche où son nom est écrit. L'un ou l'autre est toujours accompagné de fleurs, de parfums, et de bougies allumées.

L'usage est de saluer le cercueil, comme si celui qu'il renferme existoit encore. On se prosterne devant la table, et on frappe plusieurs fois la terre avec le front; on dépose ensuite sur cette table quelques parfums et quelques bougies dont on a eu soin de se munir

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