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des actions de grâces du mal qu'on n'a pas reçu. On paraît avoir hésité, soit sur le choix du lieu où se passeraient les nouvelles scènes qui se préparent, soit sur les accusations qu'on porterait contre nous. Nous conduirait-on à Nîmes, à Montpellier, à Toulouse, à Marseille ou à Rennes? Nous accuserait-on d'avoir injurié les assassins du général Ramel, la cour prévôtale de Montpellier, ou les héros de la chouannerie? Les journaux du ministère avaient déjà annoncé avec un air de triomphe, que Toulouse serait le lieu de la scène, et que le crime serait d'en avoir offensé certains habitans; ce qui ne pouvait guère s'appliquer qu'aux meurtriers du général Ramel. Mais, soit que le lieu n'ait pas paru assez propice, soit que le crime n'ait pas paru assez évident, soit pour toute autre raison, on a abandonné cette idée, l'on a décidé que le lieu de la scène serait en Bretagne, et que nous aurions offensé M. Béchu. Un journal anglais, The Sun, qui parle toujours des affaires de France sur un ton officiel, avait annoncé notre arrestation huit jours avant qu'elle eût été tentée.

et

Le choix que, suivant les journaux, on avait fait de Toulouse, indiquait dans ceux qui en étaient les auteurs une grande sagacité. Dans

cette ville, les esprits sont ardens, les partis bien prononcés ; celui que nous aurions eu à craindre, y est en force, et les compagnies secrètes qui devinrent publiques en 1815, auraient pu faire la police pour notre sûreté. Mais, quelque bon que fût ce choix, celui de Rennes lui est préférable, et annonce un plus grand discernement encore. N'est-ce pas en effet dans cette ville que les chouans ont reçu de si cruels affronts en 1815? N'est-ce pas nous qui en avons rendu compte? N'est-ce pas nous qui avons critiqué sans ménagement le trophée de défaite élevé à ces braves? Et n'est-il pas bien juste, maintenant qu'ils peuvent être en force, de leur donner quelque petite satisfaction? D'ailleurs, quand des jeunes gens de l'école de droit de Rennes ont été condamnés après la seconde restauration, n'est-ce pas nous qui nous sommes permis de critiquer la décision des juges? Nous le répétons, Rennes est un lieu parfaitement choisi.

Cette poursuite, nous devons en convenir, nous a fait faire d'étranges réflexions. Il paraît que, pour la forme, M. Béchu a fait une plainte devant le juge de Rennes, relativement aux pages 388 et 389 de notre tome VI, et que c'est maintenant le ministère public qui pour

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suit. Mais comment se fait-il que le ministère public, qui ne peut agir dans l'intérêt d'aucun individu en particulier, mais seulement dans l'intérêt de la société, poursuive devant les juges de Rennes, où nous ne sommes jamais allés, et où nous n'avons pas distribué un seul volume de cet ouvrage, tandis qu'il ne poursuit pas à Paris, où la publication a été faite, et où nous sommes domiciliés? Comment se fait-il qu'un fait qui n'est point punissable à Paris, puisqu'on ne veut pas l'y poursuivre, soit punissable dans une ville de Bretagne, où il n'a pas été commis? Comment se fait-il qu'un juge d'instruction fasse prendre, à cent lieues hors de sa juridiction, des hommes qui ne sont pas justiciables, qui ne sont jamais allés dans l'étendue de son ressort, et pour un fait qui s'est passé à cent lieues de lui? Comment se fait-il que M. le préfet de police, dont le devoir est de rechercher tous les délits qui se commettent dans la ville de Paris, et d'en livrer les auteurs aux tribunaux de cette ville, ne trouve aucun délit dans notre volume pour nous faire poursuivre à Paris, tandis qu'il y en trouve un pour nous mettre dans les mains des juges de Rennes, qui ne sont pas les nôtres? Ces bizarreries, pour ne pas appeler les choses d'un nom plus

dur, font naître beaucoup de réflexions : chacun peut en faire de son côté, mais nous nous abstiendrons encore de communiquer les nôtres.

L'auteur de cet article, dans une lettre à M. le garde des sceaux, croit avoir démontré que les poursuites qui ont déjà eu lieu dans cette affaire sont essentiellement arbitraires; cette lettre ayant été publiée, chacun peut la consulter.

Quoi qu'il arrive de l'affaire de Rennes, nous croyons pouvoir prévenir nos lecteurs que, cette fois du moins, nous ne les fatiguerons pas de nos défenses. Nous savons désormais, à quoi nous en tenir sur la force des lois, et sur la puissance de la raison. Si les écrivains accusés voulaient nous en croire, les juges n'auraient plus qu'à constater l'identité.

Antiquités romaines, ou tableau des mœurs, usages et institutions des Romains, ouvrage principalement destiné à faciliter l'intelligence des classiques latins; par Alex. Adam, recteur de la grande école d'Édimbourg, traduit de l'anglais sur la 7o. édition, avec des notes du traducteur français, et quelques-unes du traducteur allemand. 2 vol. in-8°. Prix : 12 fr. et 15 fr. par la poste. Chez Verdière, libr., quai des Augustins, No. 25.

FIN DU SEPTIÈME VOLUME.

DE L'IMPRIMERIE DE FAIN, RUE RACINE,

N°. 4.

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