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terre qu'il habitait : « Sors de ton pays, quitte ta famille << et la maison de ton père, et viens dans la terre que je << te montrerai. Je ferai sortir de toi un grand peuple; « je te bénirai, et tous les peuples de la terre seront « bénis en toi. » (1) Abram partit donc comme le Seigneur le lui avait commandé; il prit avec lui Saraï, son épouse, et Loth, son neveu, et arriva dans la terre de Chanaan. Or, le Seigneur lui apparut, il lui promit de donner ce pays à sa postérité, et de faire sortir le Messie de sa race. « Tu ne t'appelleras plus Abram (c'est-à-dire père élevé), ajouta le Seigneur, mais tu t'appelleras « Abraham (c'est-à-dire père élevé de la multitude), «< parce que je t'ai établi pour être le père d'une grande << multitude de nations. » (2) Il lui imposa ensuite la loi de la circoncision comme un signe de l'alliance solennelle qu'il contractait avec lui, et pour être une marque par Jaquelle sa postérité serait distinguée de tous les autres peuples de la terre. Dieu dit encore à Abraham : « Tu << n'appelleras plus ta femme Saraï (c'est-à-dire ma « princesse), mais Sara (c'est-à-dire la princesse). Je a la bénirai et je te donnerai un fils né d'elle, que je « bénirai aussi. Il sera le chef des nations, et des rois de divers peuples sortiront de lui. » (3) Abraham avait alors cent ans et Sara quatre-vingt-dix; un an après, elle enfanta un fils dans sa vieillesse, ainsi que Dieu le lui avait prédit.

TRAITS HISTORIQUES.

SUR LE DÉLUGE.

On a souvent contesté qu'il y ait eu sur le globe un déluge universel. Maintenant la géologie ne peut laisser aucun doute à cet égard, et tous les savants regardent comme bien certain que ce déluge a existé. « Je pense, dit Cuvier, que s'il y a quelque chose de constaté en géologie, c'est que la surface de notre globe a été victime

(1) Gen., XII, 1, 3.

(2) Gen, XVII, 5.
(3) Gen., xvII, 15, 16.

d'une grande et subite révolution dont la date ne peut remonter au delà de cinq ou six mille ans; que cette révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu'habitaient auparavant les hommes et les espèces d'animaux aujourd'hui les plus connues; qu'elle a, au contraire, mis à sec le fond des mers et en a formé les pays aujourd'hui habités; que c'est depuis cette révolution que le petit nombre des individus épargnés par elle se sont répandus et propagés sur les terrains nouvellement mis à sec, et par conséquent que c'est depuis cette époque seulement que nos sociétés ont pris une marche progressive, qu'elles ont formé des établissements, élevé des monuments.... » (1) — Presque tous les peuples ont conservé un souvenir plus ou moins confus du déluge; et, ce qui est fort remarquable, c'est que ceux de ces peuples qui ont gardé le moins de relations entre eux, s'accordent cependant à placer cet événement à peu près vers le même temps, c'est-à-dire de quatre à cinq mille ans avant le XIXe siècle de l'ère chrétienne.

COMMENT L'AMÉRIQUE S'EST PEUPLÉE APRÈS le déluge.

Quelques incrédules avaient soutenu qu'il était impossible de concevoir comment l'Amérique s'était peuplée après le déluge; d'où ils concluaient que ce fléau n'a pas été universel et qu'il n'a pas submergé cette partie du monde. Mais les nouvelles et précieuses découvertes faites par les navigateurs, ont démontré que depuis le nord-est de la Tartarie, le passage en Amérique n'est ni long ni difficile. La ressemblance qu'on a remarquée entre les habitants de ces deux continents achève de nous convaincre qu'ils ont une origine commune, que les Américains septentrionaux sont venus des extrémités orientales de l'Asie. M. de Guines, dans son Histoire des Huns, a prouvé qu'au ve siècle les Chinois ont commercé avec l'Amérique. Au xe sièle, les Norvégiens découvrirent l'Amérique septentrionale et y envoyèrent une colonie qui fut oubliée dans les siècles suivants; ce qui arriva pour lors a pu se faire dans les siècles précédents. Bernardin de Saint-Pierre, dans ses Études de la nature, a rassemblé plusieurs observations qui tendent à prouver que la population de l'Amérique méridionale s'est faite par les îles de la mer du Sud, et que les habitants des extrémités méridionales de l'Asie ont pu, d'île en île, pénétrer aisément en Amérique. Enfin, un savant professeur de l'académie de Pétersbourg vient de

(1) Cuvier, Discours sur les révolutions du globe.

démontrer que le Kamtchatka a été anciennement contigu à l'Amérique, et que les Américains qui sont vis-à-vis le Kamtchatka sont une colonie de Kamtchadales. (1)

LEÇON XII.

SUITE DE L'HISTOIRE DES TEMPS QUI ONT PRÉCÉDÉ LA VENUE DU SAUVEUR.

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son

D. Quels furent les descendants d'Abraham? Abraham eut un fils nommé Isaac, et Isaac eut un fils nommé Jacob ou Israël. EXPLICATION. L'enfant Sara mit au monde fut que appelé Isaac, nom qui signifie sourire; cet enfant de bénédiction avait en effet ramené le sourire sur les lèvres de ses parents. « Dieu m'a donné un sujet dé ris et de joie, « s'écria alors l'heureuse Sara: quiconque l'apprendra, «< partagera mon bonheur. » Isaac avait vingt-cinq ans lorsque le cœur d'Abraham fut mis à la plus rude épreuve. A la voix du Tout-Puissant, le patriarche consent à immoler ce qu'il a de plus précieux au monde, fils bien-aimé. Mais Dieu, content de la foi du père et de la soumission du fils, substitue une autre victime à celle qu'il avait demandée. (2) Isaac étant parvenu à l'âge de quarante ans, épousa Rebecca, fille de Bathuel, fils de Nachor; il fut héritier des magnifiques promesses que le Seigneur avait faites à son père, et Abraham, avant de mourir, lui laissa tous ses biens; il se contenta de faire quelques présents à ses autres enfants, et leur annonça que la terre de Chanaan était destinée et réservée tout entière à la seule postérité de son fils Isaac. Or, celui-ci était marié depuis vingt ans, et sa femme ne lui donnait point de postérité; il pria donc le Seigneur, et Rebecca mit au monde deux frères jumeaux. Celui qui naquit le premier était roux et tout velu, aussi

(1) Dict. de théologie, par Bergier, art. Amérique, édit. de 1844. (2) Voir au tome 1, leçon xi, la relation détaillée du sacrifice d'Abraham.

le nomma-t-on Esau, c'est-à-dire homme fait ; et, à cause de sa couleur, Edom, qui signifie roux. L'autre vint au monde tenant de sa main le talon de son frère; on l'appela Jacob ou supplantateur. Jacob devint à son tour héritier des promesses faites à Abraham; et un jour le Seigneur lui ayant apparu, lui dit : « Je multiplierai tes enfants comme les étoiles du ciel, <<< et toutes les nations de la terre seront bénies dans « celui qui sortira de toi. » (1) Plus tard le nom de Jacob fut changé en celui d'Israël, à la suite d'une lutte mystérieuse qu'il eut avec un ange pendant une nuit entière. Cet ange, sous la forme d'un homme, voyant qu'il ne pouvait le vaincre, lui toucha le nerf de la cuisse, qui sur-le-champ se dessécha, et lui dit : « Lais<< sez-moi, car le jour approche. - Jacob répondit: Je « ne vous laisserai point que vous ne m'ayez béni. « L'ange dit: Comment vous appelez-vous? « répondit: Jacob. Vous ne vous appellerez plus « Jacob, dit l'ange, mais Israël (fort contre Dieu); a car, puisque vous avez été si fort contre Dieu, a combien plus le serez-vous contre les hommes ! « Alors Jacob lui dit : Quel est votre nom? « répondit: Pourquoi demander mon nom? et il le << bénit.» (2) Ce combat mystérieux avait pour but d'inspirer à Israël une grande confiance; les paroles de l'ange le témoignent. Cependant, pour rappeler au saint patriarche que sa force ne lui venait que de Dieu, le Seigneur voulut qu'il sortit boiteux de cette lutte.

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L'ange

D. Combien Jacob eut-il d'enfants? - R. Jacob eut douze fils et une fille.

EXPLICATION. Jacob fut père de douze fils, qui devinrent chefs de douze familles, et ces douze familles, en se multipliant, fondèrent les douze tribus dont se

(1) Gen., XXVI, 4.

(2) Gen., XXXII, 26–29.

composa tout le peuple saint que Dieu avait choisi. Les noms de ces douze patriarches sont Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, Dan, Nephtali, Gad, Azer, Joseph et Benjamin. Jacob eut aussi une fille, nommée Dina, laquelle étant un jour sortie sans précautions, pour voir les femmes de Sichem, fut enlevée pår le fils du roi ; sa funeste curiosité lui coûta l'honneur et la liberté ! Que de jeunes personnes, pour avoir imité la curiosité de Dina, sont tombées, comme elle, dans l'abîme du malheur et de l'opprobre!

R. Jacob,

D. Dans quel pays demeurait Jacob ou Israël? après la mort de son père, s'était établi dans le pays de Chanaan; mais ayant été appelé en Égypte par son fils Joseph, il s'y fixa avec sa famille.

EXPLICATION. — Jacob, après l'outrage fait à sa fille Dína, quitta le pays de Sichem et se retira d'abord à Béthel, puis à Migdad-Héder. Quelque temps après, désirant vivement de revoir Isaac, il se rendit à Mambré, au pays de Chanaan, où celui-ci demeurait; et après la mort de son père, il s'y établit définitivement; mais il fut loin d'y trouver le bonheur. Malheureux surtout par les vices et les coupables excès de ses fils aînés, Joseph seul lui procurait quelque consolation par ses vertus et sa piété. Benjamin (le fils de ma droite) ne faisait que de naître. Or, Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils, et il lui avait donné une robe d'un tissu de différentes couleurs. C'est pourquoi les frères de Joseph le haïssaient et ils ne pouvaient lui adresser une bonne parole. Un jour qu'ils faisaient paître leurs troupeaux, Jacob l'y envoya pour savoir de leurs nouvelles. Dès qu'ils l'aperçurent, ils résolurent de le tuer; mais ayant été détournés de ce dessein par Ruben, ils le vendirent, moyennant vingt pièces d'argent, à des marchands ismaélites qui le conduisirent en Egypte. Joseph se fit estimer du roi d'Egypte pour sa sagesse et le don de prophétie qu'il

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