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établis et confiés à son Eglise pour opérer la rémission des péchés. « Pleurez et gémissez, » disait saint Ambroise aux chrétiens qui avaient eu le malheur de s'abandonner au crime, « et si votre pénitence ne suffit pas pour vous a purifier, vu la grandeur de vos fautes, l'Eglise, votre << mère, y suppléera par ses gémissements et ses prières, « et elle vous rendra la vie par ses larmes. »

TRAITS HISTORIQUES.

LE FEU SAINT ANTOINE,

Voici un exemple bien frappant de l'intérêt que nous portent les saints qui règnent dans le ciel, et du crédit dont ils jouissent auprès de Dieu. En 1089, une maladie contagieuse, connue sous le nom de feu sacré, ravageait plusieurs provinces de France. Quelques pèlerins étant venus prier à Arles devant les reliques de saint Antoine, furent guéris; le bruit de cette guérison subite attira, dans l'église où elles reposaient, un prodigieux concours.Toute la France implora la protection de l'illustre serviteur de Dieu contre ce cruel fléau, et l'événement justifia sa confiance. Le nom de feu saint Antoine, sous lequel on désigna depuis cette maladie, est resté comme un monument populaire du secours que ce grand saint accorda à notre patrie, et de la puissance de ses prières. (1)

TOUCHANTES PAROLES DE SAINT BERNARD.

Dans un discours de saint Bernard sur la mort de Gérard, son frère, se trouvent les paroles touchantes qu'on va lire, et qui confirment ce que nous avons dit des rapports qui existent entre l'Eglise triomphante et l'Eglise militante: « Si chers l'un à l'autre << durant la vie, comment avons-nous été désunis par la mort? << Cruelle séparation! rien que la mort ne pouvait l'opérer. Elle seule << était capable de nous éloigner l'un de l'autre et de mettre entre

Gérard et moi cette barrière affreuse du tombeau.... Si du moins << je savais que tu daignes encore l'occuper de ce frère, de cet unique << ami que tu as laissé seul, sans appui, et que ta pensée s'abaisse << sur cette terre misérable, du sein de cet abîme de lumière et de << cet océan des immortelles béatitudes où tu es plongé.... Mais le ‹ Dieu que tu possèdes, n'est-il pas charité! Tu es donc, comme lui, (1) Vie de saint Antoine.

< plein de charité et de miséricorde. Non, jamais tu n'oublieras ton << frère. Il me semble t'entendre me répondre : Est-il possible qu'une << mère oublie le fruit de son sein? et quand une mère pourrait « l'oublier, moi je ne t'oublierai jamais. Eh! le pourrais-tu? Tu << sais dans quelle contrée tu m'as délaissé orphelin ! » (1)

LETTRES DE COMMUNION.

Dans les premiers siècles, les différentes Eglises étaient dans l'usage de s'écrire mutuellement des lettres de fraternité et d'amitié, que l'on nommait lettres de communion. Elles attestaient par ce moyen qu'elles étaient unies entre elles, non-seulement par les liens d'une même foi et d'un même culte, mais encore par une charité mutuelle, qu'elles s'intéressaient à la prospérité les unes des autres, et prenaient part au bien et au mal qui pourrait leur arriver.

LEÇON XXIX.

DE LA MORT ET DU JUGEMENT PARTICULIER.

D. Devons-nous tous mourir un jour? — R. Oui, nous devons tous mourir un jour, parce qu'ayant tous péché en Adam, nous devons tous porter la peine de son péché.

EXPLICATION.

--

« Dieu, dit l'Ecriture, créa l'homme « immortel. (2) Mais comme le péché est entré dans le << monde par un seul homme, et la mort par le péché, << ainsi la mort est passée dans tous les hommes, par ce « seul homme en qui tous ont péché. » (3) Les enfants d'Adam, parce qu'ils naissent coupables, ne naissent que pour mourir, non pas quant à l'âme, qui est immortelle, maís quant au corps. La mort du corps vient de la dégradation qui lui a été imprimée par le péché originel. On appelle cette dégradation, tendance de la chair à la corruption. La corruption de la chair commence du moment où cessent complétement et définitivement en

(1) S. Bernard, apud Guillon, t. xxv, p. 444.

(2) Deus creavit hominem inexterminabilem. ( Sap., 11, 23. ) (3) Rom., v, 12.

elle les phénomènes de formation, d'accroissement et de conservation. En même temps l'âme s'en sépare, mais pour s'y réunir un jour, comme nous l'expliquerons bientôt.

D. Il y a donc en nous un germe de mort? nous un germe de mort.

R. Oui, il y a en

EXPLICATION. -« Vous mourrez très-certainement; >> (1) cette parole effrayante n'était d'abord qu'une menace faite au premier homme pour le contenir dans les bornes de la soumission et de la dépendance, et l'empêcher de manger du fruit défendu; elle est devenue, par sa révolte, un arrêt irrévocable, prononcé contre lui et contre toute sa postérité: « Souvenez-vous, homme, a que vous êtes poussière et que vous retournerez en « poussière. » (2) Ces terribles paroles, qui éclatèrent comme un coup de foudre sur la tête d'Adam, tombent de tout leur poids sur la nôtre, et rappellent à chacun de nous l'inévitable nécessité de mourir, parce qu'il y a en nous tous un germe de mort, fruit déplorable du péché originel.

→ D. Quand devons-nous mourir? R. Nous mourrons quand il plaira à Dieu; mais nous ne savons ni le jour, ni l'heure, ni le moment de notre mort.

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EXPLICATION. Rien de plus certain que la mort: mais quand mourrons-nous? Est-ce dans une extrême vieillesse ou dans un âge moins avancé? est-ce dans l'adolescence, est-ce dans la jeunesse ? Nous sommes à cet égard dans une ignorance complète et absolue. Quel sera le genre de notre mort? sera-t-elle lente, sera-t-elle précipitée? sera-t-elle tout à fait subite? Voilà ce que nous ne pouvons savoir.

D. Pourquoi Dieu a-t-il voulu que l'heure de notre mort nous fût cachée? R. Afin que nous nous y préparions sans cesse,

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(1) Gen., II, 17. (a) Gen., III, 19.

et

que nous regardions chaque jour comme pouvant être le dernier de notre vie.

EXPLICATION.

Nous ignorons le jour, l'heure, le moment et le genre de notre mort; tenons-nous done toujours prêts, car si la mort venait dans un moment où notre cœur ne serait pas pur aux yeux de Dieu, si elle nous frappait d'une manière tellement subite que nous n'eussions pas le temps de nous réconcilier avec Dieu, ce serait mourir dans le péché et être réprouvés éternellement.

Rien de plus certain que la mort; rien de plus incertain que le moment de la mort. Les hommes devraient donc, par conséquent, être sans cesse sur leurs gardes; et cependant c'est tout le contraire! Uniquement occupés à satisfaire leurs passions et à jouir de la vie, la mort est la seule chose à laquelle ils ne pensent pas, tant est profond leur aveuglement. Une comparaison que nous empruntons à un célèbre écrivain, Bernardin de SaintPierre, vous fera comprendre ce que nous venons de dire. « Je me suis arrêté quelquefois avec plaisir à voir des moucherons, après la pluie, danser en rond des espèces de ballet. Ils se divisent en quadrilles qui s'élèvent, s'abaissent, circulent et s'entrelacent sans se confondre. Une vapeur qui sort de la terre est le foyer ordinaire de leurs plaisirs; mais souvent une sombre hirondelle traverse tout à coup leur troupe légère et avale à la fois des groupes entiers de danseurs. Cependant leur fête n'en est pas interrompue. Les coryphées distribuent les postes à ceux qui restent, et tous continuent à danser et à chanter. Leur vie, après tout, est une image de la nôtre. Les hommes se bercent de vaines illusions autour de quelques vapeurs qui s'élèvent de la terre, tandis que la mort, comme un oiseau de proie, passe au milieu d'eux et les engloutit tout à coup sans interrompre la foule, qui cherche le plaisir. »

D. Comment pouvons-nous nous préparer à bien mourir? R. En menant une vie véritablement chrétienne.

EXPLICATION. Pour l'ordinaire, on meurt comme on a vécu ; les vraies conversions, à la mort, sont possibles, mais elles sont rares. « Parce que je vous ai appelés, dit ale Seigneur, et que vous n'avez point voulu m'écouter, « que vous avez méprisé mes conseils, et que vous avez « négligé mes réprimandes, je rirai aussi à votre mort, <«<et je vous insulterai, lorsque ce que vous craignez << vous sera arrivé. » (1) Celui, au contraire, qui mène une vie véritablement chrétienne, obtient chaque jour de nouvelles grâces à l'aide desquelles il évite le mal et pratique la vertu; tout porte à croire que la mort ne le surprendra point dans l'état du péché, et que la grâce de la persévérance finale sera la récompense de sa fidélité à remplir les devoirs de la religion.

D. Est-il permis de désirer la mort? - R. Quand on la désire par impatience ou par colère, c'est un péché; mais c'est une bonne chose de la désirer pour voir Dieu et pour ne plus l'offenser sur la terre.

EXPLICATION. - Il y a un saint désir de la mort, c'est celui qu'éprouvait saint Paul, quand il s'écriait : « Je « désire d'être dégagé des liens du corps et d'être avec « Jésus-Christ; » (2) c'est celui qu'ont éprouvé tant de saints, qui, saisis de frayeur à la vue de leur faiblesse et de tous les dangers dont le monde est rempli, soupiraient sans cesse après l'heureux moment où il leur serait donné de voir en face l'objet de leur amour. O mon Dieu! je me meurs de ne pouvoir mourir! c'est ce que ne cessait de répéter sainte Thérèse. Mais ce serait un péché que de se souhaiter la mort par impatience ou par colère, parce que ce serait manquer de confiance en Dieu et de résignation à sa sainte volonté.

(1) Ego quoque in interitu vestro ridebo, et subsannabo, cum vobis id, quod timebatis, advenerit. (Prov., 1, 26.)

(2) Desiderium habens dissolvi, et esse cum Christo. (Philip., 1, 23.)

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