A Conculix, le lendemain matin, D'un goût tout neuf et fort original. (K.) On lit dans un manuscrit : Ainsi parlait cet âne avec prudence, En appuyant sa nerveuse éloquence D'un geste heureux que n'eut point Cicéron, Et, plus que tout, ce geste inimitable, Que Dunois nu n'avait pas encor fait. Son cœur s'émut; tous ses sens se troublèrent. La suite comme aux variantes du vingt et unième chant. 1. Variante: Étant pourvu du sexe masculin. Cette leçon, que fournit un manuscrit, a l'avantage de ne pas être en contradiction avec le vers 279 du chant IV, où l'on voit que le fils d'Alix n'était femme que de nuit. (R.) CHANT VINGT ET UNIÈME. ARGUMENT. Pudeur de Jeanne démontrée. Malice du diable. Rendez-vous donné par la présidente Louvet au grand Talbot. Services rendus par frère Lourdis. Belle conduite de la discrète Agnès. Repentir de l'âne. Exploits de la Pucelle. Triomphe du grand roi Charles VII. Mon cher lecteur sait par expérience Que ce beau dieu qu'on nous peint dans l'enfance, Et dont les jeux ne sont pas jeux d'enfants, A deux carquois tout à fait différents : L'un a des traits dont la douce piqûre Se fait sentir sans danger, sans douleur, Les autres traits sont un feu dévorant Dont le coup part et brûle au même instant1. D'un nouvel être on se croit animé, 1. Cette idée des deux carquois de l'Amour, inspirée peut-être par un passage d'Ovido (Metam., lib. 1, v. 468-474) a été exprimée aussi heureusement dans Nanine, acte 1, scène 1. (Voyez tome IV du Théâtre, p. 15.) Les vers d'Ovide, dans lesquels il n'est point question des deux carquois de l'Amour, mais seulement de la différence des traits dont il se sert, ont été ainsi imités par Voltaire. (Dictionnaire philosophique, article FIGURE): Fatal Amour, tes traits sont différents; Les uns sont d'or, ils sont doux et perçants, Ils font qu'on aime; et d'autres au contraire Sont d'un vil plomb qui rend froid et sévère.... (R.) N'est qu'une image imparfaite, infidèle, Vous prétendez que ma Pucelle Jeanne Les feux nouveaux qu'inspirait sa personne, De Jeanne d'Arc le lustre internissable, 1. L'auteur du Testament du cardinal Albéroni, et de quelques autres livres pareils, s'avisa de faire imprimer la Pucelle avec des vers de sa façon, qui sont rapportés dans notre Préface. Ce malheureux était un capucin défroqué, qui se réfugia à Lausanne et en Hollande, où il fut correcteur d'imprimerie. (Note de Voltaire, 1773.) Voyez la note 1 de la page 20. Voltaire veut parler de Maubert de Gouvest qui n'a fait que revoir le Testament d'Albéroni, œuvres de Durey de Morsan. (G. A.) Cette passade, innocente et légère, C'est dans l'histoire une chose avérée Qu'Amour tira de son premier carquois. O Jeanne! il sait que ton beau pucelage C'était tout perdre; et Jeanne, encor honteuse Résistait mal à ceux de son héros. Quand il chercha, par ses soins vigilants, Ce saint rayon, frappant au sein de Jeanne, Elle cria: «Cher bâtard, arrêtez; Il n'est pas temps, nos amours sont comptés : C'est à vous seul que ma foi s'est donnée; Sur des lauriers nous coucherons ensemble. » De ses projets pressa le grand effet. Le preux Talbot devait, cette nuit même, Dans Orléans entrer par stratagème; Exploit nouveau pour ses Anglais hautains, Tous gens sensés, mais plus hardis que fins. O dieu d'amour! o faiblesse! ô puissance! Amour fatal, tu fus près de livrer Aux ennemis ce rempart de la France. Ce que l'Anglais n'osait plus espérer, Ce que Bedfort et son expérience, Ce que Talbot et sa rare vaillance Ne purent faire, Amour, tu l'entrepris! Tu fais nos maux, cher enfant, et tu ris! Si dans le cours de ses vastes conquêtes Il effleura de ses flèches honnêtes Le cœur de Jeanne, il lança d'autres coups Dans les cinq sens de notre présidente. Il la frappa de sa main triomphante Avec les traits qui rendent les gens fous. Vous avez vu la fatale escalade, L'assaut sanglant, l'horrible canonnade, Tous ces combats, tous ces hardis efforts, Au haut des murs, en dedans, en dehors, Lorsque Talbot et ses fières cohortes Avaient brisé les remparts et les portes, Et que sur eux tombaient du haut des toits Le fer, la flamme, et la mort à la fois. L'ardent Talbot avait, d'un pas agile, Sur des mourants pénétré dans la ville, Renversant tout, criant à haute voix : «Anglais entrez bas les armes, bourgeois! >> Il ressemblait au grand dieu de la guerre, |