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politique. Depuis longtemps déjà, Rome a muré les prisons du SaintOffice, et les foudres pontificales NE SONT QU'UN JUGEMment de l'es · PRIT CONTRE L'ESPRIT, DONT LA PRESSE ET L'OPINION SONT ICI-BAS LES SEULS EXÉCUTEURS...» (7 décembre 1847). Ce n'est pas assez; on fait du Souverain-Pontife comme le promoteur de la démocratie univer selle: Le grand mouvement démocratique qui agite l'Europe et qui vient de s'épanouir si glorieusement en France, a eu son berceau dans Rome, où, suivant la belle expression du P. Ventura, la démocratie, cette héroïne sauvage, a reçu le baptême des mains de Pie IX. » (19 mars 1848). « La démocratie triomphera. C'est Pie IX qui porte la doctrine de l'humanité. La terre natale de la démocratie est l'Evangile.» (16 avril 1848) «Et observez bien, continue l'Univers, que Pie IX n'a pas attendu que la liberté lui fût imposée par les pressions insurrectionnelles pour l'approcher de son cœur et pour l'y presser; mais qu'il l'a fait alors que la puissance politique étoit encore tout entière dans un sens rétrograde; lors donc qu'il l'a approchée de son cœur et bénie, il l'a fait dans des vues réfléchies et profondes: il a voulu sceller son alliance définitive avec la société moderne. »

Ce n'est pas assez de l'Eglise ; l'Univers prétend trouver la démocratie jusque dans le ciel. Tout à cette idée fixe, il montre au National dans « les héros des fêtes de l'Eglise » des hommes de progrès et de liberté, qu'on peut honorer sans faire injure au sacerdoce de l'humanité...Il lui montre dans « les apôtres, toyageurs hardis, » dans « les martyrs, guerriers courageux,» dans « les docteurs, écrivains de mérite, défenseurs de la liberté naissante, » dans les saints enfin de tous les pays, propagateurs de la lumière, bienfaiteurs par excellence de l'humanité, types du dévouement fraternel, "LA SUBLIME DÉMOCRATIE DU CIEL.» (2 avril 1849.)

Notons que c'est le même journal, que ce sont les mêmes hommes (1) qui nous disent aujourd'hui, que Pie IX n'a pas accordé la plus petite parcelle de ce qu'on appelle les libertés modernes. Mais ce n'est que le commencement des contradictions; le lecteur en verra d'autres. Et plût à Dieu qu'en tout cela il n'y eût que des contradictions! Nous renvoyons la suite de cette analyse à la prochaine livraison.

(1) Les écrivains de l'Univers sont, outre le directeur M. Louis Veuillot, 1. Coquille, Dulac, Eug. Veuillot, J. Gondon, Léon Aubineau, Rupert, G. de la Tour, Segretain, de Maumigny, Roux Lavergne, l'abbé Jules Morel, l'abbé E. Daras, etc.

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VINGT-CINQUIÈME

ANNIVERSAIRE DE L'INAUGURATION DU ROI
DES BELGES.

La Belgique vient de célébrer le jubilé de vingt-cinq ans de règne de son premier Roi; et nous ne savons s'il existe un autre exemple de semblables cérémonies et de semblables réjouissances. Toute la nation s'y est associée avec des sentiments d'affection et de reconnoissance qui l'honorent autant qu'ils honorent le Prince qui en est l'objet.

Ces sentiments ont été dignement exprimés par les différents discours qui ont été adressés à S. M. Mais quelle parole peindra les admirables détails de cette fête, cette spontanéité, cette unanimité, cet élan véritable, cette allégresse universelle, cette originalité vraiment belge et nationale, dont aucune autre fête ne semble avoir donné une aussi bonne idée jusqu'à présent? Le caractère particulier de cette grande et solennelle manifestation, c'est qu'elle a eu lieu sans distinction d'opinions et de partis. Catholiques et libéraux, conservateurs et hommes du progrès, tous n'ont qu'un cœur pour témoigner leur vénération et leur gratitude au Roi.

Mais il importe de considérer cette fête sous un autre point de vue.

Comment le Roi Léopold, sous le régime d'une Constitution presque démocratique, a-t-il pu régner pendant un quart de siècle sans mécontenter aucun des partis, qui se forment naturellement au sein d'une telle liberté, sans exciter le moindre soupçon de partialité et de préférence? Comment ce trône nouveau, fondé sur une base peu solide en apparence, n'a-t-il point été ébranlé dans les circonstances les plus critiques et pendant que la révolution bouleversoit l'Europe presqu'entière? Phénomène extraordinaire sans doute, rare surtout à l'époque où nous vivons, mais qui peut s'expliquer en peu de mots.

Le Roi Léopold a été consciencieusement fidèle au serment qu'il a prêté le jour où il a pris possession du trône; il s'est contenté de la part de pouvoir que la Constitution lui confère; il n'a pas eu l'ambition d'augmenter ce pouvoir, par des moyens directs ou indirects, mais uniquement de faire le bon

heur du peuple qui l'a appelé. Il a montré de plus, avec un tact et un jugement parfait, qu'il comprenoit nos institutions; et cette intelligence n'a cessé de le guider. Ajoutons à ces qualités une modération, une patience, une prudence, une sagesse, une prévoyance vraiment dignes du rang suprême; et l'on aura le secret de ce règne long et heureux, dont il plaise à la divine Providence d'éloigner encore le terme!

Mais, pour compléter cette explication, il faut joindre aux lumières et aux vertus du Roi le caractère du peuple dont il a bien voulu partager les destinées; et pour juger quelle part revient aux Belges dans la gloire de ce règne de vingtcinq ans, il est bon d'observer que le régime constitutionnel, quoique moins développé que le nôtre, a été vainement essayé ailleurs, et que les peuples, par défaut de modération, de bon sens et de moralité, se sont généralement montrés incapables de porter une semblable liberté. On peut dire qu'en Belgique ce sont les vertus de la nation qui font la bonté des lois, en écartant les dangers qui naissent d'une législation quasi démocratique et trop peu sévère. Il faut en effet un peuple vertueux, comme la science politique l'enseigne, pour s'accommoder de la république ou d'un gouvernement représentatif tel que le nôtre; et l'expérience prouve que, plus il y a de liberté dans un Etat, moins les citoyens doivent se donner de licence.

On peut donc dire que la nation belge s'est montrée digne d'un tel Roi, et qu'en déployant paisiblement ses qualités natives sans jamais abuser, pendant un si long espace de temps, des droits étendus que lui reconnoît la Constitution, elle a facilité à Léopold premier l'exercice de ses royales vertus et l'exécution de son beau plan de conduite. Et quelle autre preuve désire-t-on de l'excellent caractère de ce peuple que la nature toute particulière de la fête qu'il célèbre avec tant de joie en ce moment? Une nation a-t-elle jamais mieux montré qu'elle comprend et qu'elle sait apprécier les grandes qualités et les vertus de son Roi? Et pour les comprendre ainsi, peut-elle se passer elle-même de vertus? Non, non, ceite fête a une double signification; et, comme nous l'avons dit en commençant, elle est également honorable pour le Roi et pour la nation.

Nous ferons ensuite observer que si le peuple belge témoigne ainsi sa reconnoissance à son Souverain, qui a gouverné

consciencieusement d'après les règles tracées par la Constitution, il prouve par là même son inviolable attachement à la Constitution. Comment pourrions-nous sincèrement louer le Roi de nous avoir gouvernés constitutionnellement pendant vingt-cinq ans, si la Constitution étoit un objet d'aversion pour nous ou seulement une chose indifférente? La fête que nous célébrons est donc en même temps le jubilé du Roi, le jubilé de la Belgique indépendante et le jubilé de la Charte.

Et ne faudra-t-il pas que nous fassions remarquer à la presse étrangère, à ces journalistes français qui calomnient aujourd'hui le gouvernement constitutionnel, qui le déclarent incompatible avec la religion, que la Belgique catholique s'en trouve bien, qu'elle est toujours profondément religieuse, et que son attachement à ses institutions politiques n'affoiblit et n'altère point son attachement à la foi? Y a-til au monde un peuple plus libre et plus catholique en même temps? Comment donc pourrions-nous haïr nos institutions et être tentés de les changer? En présence du bonheur dont nous jouissons, de l'ordre et du repos qui ne sont jamais troublés chez nous, de l'état prospère de notre industrie, du progrès des sciences et des arts, n'est-ce pas le comble de l'absurdité de vouloir nous faire prendre en aversion le régime que nous avons, et qui nous permet de célébrer des fêtes du genre de celle qui nous inspire ces réflexions? Si d'autres peuples pouvoient en dire autant, si le gouvernement constitutionnel avoit eu des résultats aussi heureux chez eux, seroit-il raisonnable de leur proposer de le détruire ou de ne le garder que comme un pis-aller?

NOUVELLES

POLITIQUES ET ECCLÉSIASTIQUES.

Belgique. 1. Le 21 juillet, 25 jour aniversaire de l'inauguration du Roi, a été pour la capitalè et pour la Belgique entière un jour de fète unique en son espèce et tel qu'aucun autre peuple n'en a vu. A midi, le Roi, ayant avec lui le duc de Brabant et le comte de Flandre, quitta le château de Laeken en voiture de gala découverte, précédée de piqueurs. Dans une seconde voiture se trouvoient la duchesse de Brabant et la princesse Charlotte, avec leurs dames d'honneur. Après s'être arrêté quelques instants chez le bourgmestre de Laeken, le Roi monta à cheval ainsi que le duc de Brabant et le comte de Flandre

et le cortége, qui attendoit l'arrivée de la famille royale dans la plaine qui longe la chaussée, se mit en marche dans l'ordre suivant: Un escadron des guides suivi des écuyers de S. M. et de ses officiers d'ordonnance; puis le Roi et les princes, le duc de Brabant à gauche, le comte de Flandre à droite, entourés d'un brillant état-major com posé d'officiers généraux et supérieurs de l'armée et de la garde civique, des aides de-camp du Roi et des princes. Venoient ensuite quatre piqueurs à cheval; une voiture à six chevaux, dans laquelle se trouroit M. le comte de Marnix, maréchal du palais, et le grand-maître de la maison de LL. AA. RR. et I. Une voiture à six chevaux renfermant Mme la comtesse de Mérode-Westerloo, grande-maîtresse de la maison de L.L. AA. RR. et I., et les dames d'honneur du palais. Lá voiture de Mme la duchesse de Brabant et de Mme la princesse Charlotte, aux portières de laquelle se tiennent, l'épée à la main, à droite, M. le comte d'Hanins de Moerkerke, grand écuyer; à gauche, M. le colonel Goethals, aide-de-camp du duc de Brabant. Un détachement des guides ferme la marche. Une foule immense encombre les chaussees de Laeken et d'Anvers, et salue des acclamations les plus enthousiastes et des vivats les plus chaleureux le pássage du Roi et de la famille royale, A midi et demi le cortége arrive à la porte de Laeken, où M. Ch. de Brouckère, bourgmestre de Bruxelles, à la tète du conseil communal, eut le premier l'honneur de complimenter le Roi. A la Place Royale, les membres survivants du Congrès national, au nombre de 65, attendoient le cortège sous le péristyle de l'église St.-Jacques. M. le baron de Gerlache, président du Congrès, entouré de MM. Ch. Rogier, le comte Félix de Mérode, le baron Jolly, Van de Weyer et Vanderlinden, membres du gouvernement provisoire, adressa au Roi un discours qui fut plusieurs fois interrompu par des bravos et des cris de Vive le Roi. Le prince, vivement ému, répondit

en ces termes :

« Messieurs,

» Je ne vous quitterai pás sans vous exprimer combien j'ai toujours > apprécié les travaux du Congrès. Il représentoit largement la Nation, » tous ses sentiments, tous ses intéréts. Il étoit entouré non-seule»ment de difficultés, mais de dangers. Il n'a jamais bronché dans » cette situation; il a compris ce qui pouvoit faire le bonheur de la » patrie. Il ne s'est laissé détourner par aucune intrigue, par aucune » menace. Vous, Messieurs, vous avez fondé l'œuvre dont nous poursuivons l'accomplissement. Par votre courage, vous avez donné » le courage au pays pour surmonter tous les périls. J'en ai tou » jours conservé un sentiment de reconnoissance au fond de mon a cœur, et j'ai toujours apprécié la sagesse et le talent de cette assemblée, cependant si nombreuse, qui a donné un exemple à l'Eu» rope et qui, j'ose le dire, n'a guère été suivi. Je vous remercie des sentiments que vous venez de m'exprimer. »

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La grande cérémonie devoit avoir lieu à la place St.-Joseph, où se trouvoient réunis les membres des deux Chambres, nos dix évêques avec un clergé nombreux, etc. Arrivé là, le Roi marchoit entre les présidents du Sénat et de la Chambre. Puis venoit S. A. R. le prince royal de Saxe-Cobourg, S. A. R. le prince de Saxe-Meiningen, S. A.

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