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autres états de l'association. » Il est convenu, de plus, que si quelqu'un des états contractans veut augmenter ses impôts indirects sur la drèche, la bière, l'eau-de vie, le tabac en feuilles, le moût de raisin et le vin, seuls objets qui, d'après le traité, puissent être soumis à des impôts de ce genre, ces états pourront établir cette augmentation. Toutefois, le maximum sur les quatre derniers articles sera le tarif prussien, et sur les deux premiers le tarif bavarois. Le droit d'égalisation ne doit profiter qu'au pays qui le perçoit.

Des bases sont ensuite posées pour arriver à un péage uniforme sur les routes et à un système uniforme de monnaies, de poids et de mesures, dans tous les états associés (art. 13 et 14). Ils s'engagent (art 15) à ouvrir immédiatement des négociations tendant à réduire considérablement, sinon à abolir tout-à-fait, les droits de navigation sur le Rhin et ses embranchemens.

L'article 18 reconnaît aux sujets de chacun des états la faculté de chercher du travail et des moyens d'existence dans les autres états de l'association, sans être tenus de payer des impositions plus fortes que celles qui sont supportées par les indigènes. Par l'article 19, les ports de mer de la Prusse sont déclarés ouverts au commerce de tous les états associés, aux mêmes conditions que pour les Prussiens. Les consuls à l'étranger de chacun de ces états seront chargés d'y donner également aide et protection aux sujets des

autres états.

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Tous les trois mois, les produits des bureaux de douanes de l'association seront relevés pour être répartis entre les divers états, sur la base de leur population respective, laquelle devra être vérifiée tous les trois ans (art. 29). Puis, par une disposition d'équitable et haute politique, dont il résulte qu'aucune cause de jalousie n'est laissée entre les états confédérés, et qu'aucun d'eux ne peut retirer d'avantages de cette alliance qui ne lui soient communs avec

tous les autres, ce même article ajoute: «Si les comptes courans trimestriels démontrent que la recette réelle d'un des états associés est arriérée d'une somme plus forte que le montant d'un mois, comparativement à la part de revenus qui lui appartient sur la recette totale, les états qui ont fait des recettes excédantes seront immédiatement invités à couvrir ce déficit.

Tous les états devant supporter leur part des frais de douanes, qui seront fixés de concert et prélevés par chacun d'eux sur sa recette brute (art. 30 ), l'article 31 porte que les états contractans s'accordent les uns aux autres le droit d'adjoindre aux bureaux principaux de douanes établis sur leurs frontières respectives, des contrôleurs chargés de prendre connaissance de toutes les affaires de ces bureaux, ainsi que des bureaux secondaires qui en dépendent, et de veiller à la stricte observation du traité.

Tel est en substance ce traité de douanes, par lequel le cabinet de Berlin exercera en Allemagne une puissance d'assimilation dont la portée est immense, aujourd'hui que les intérêts matériels des nations sont d'un si grand poids dans la balance de leurs affections politiques. L'Allemagne proprement dite est partagée en une foule de petits états groupés les uns auprès des autres, et tous rapprochés par un idiome commun; mais, sous le rapport du commerce et de la politique, ces états étaient presque aussi étrangers les uns aux autres que les Français et les Russes. De là en grande partie ce besoin d'unité dont le libéralisme allemand s'était emparé et qu'il voulait satisfaire par une reconstitution de la Confédération germanique; unité vers laquelle la Prusse marche avec un succès remarquable par des voies commerciales. Elle lutte ainsi contre les idées libérales en se faisant centre d'améliorations administratives et industrielles; mais peut-être l'unité commerciale de l'Allemagne appellera-t-elle son unité politique. Cette association est donc un des grands faits de notre époque; il a

produit une impression profonde en France et en Angleterre comme en Allemagne. C'est un état commercial de 23,264,626 âmes, qui s'est formé sous le patronage de la Prusse, et dont les divers membres se trouveront liés dans quelques années par des rapports si multipliés, que leur séparation en deviendra presque impossible. D'ailleurs il est 'difficile que cette coalition ne fasse pas de nouveaux progrès; et tels seront ces progrès, que bientôt, de gré ou de force, tous les états de la Confédération germanique auront dû y prendre part, sous peine de se voir cernés par un réseau de douanes comme celui dont Francfort est enveloppé. Les efforts pour y rattacher cette ville seront d'autant plus opiniâtres que l'Angleterre, par son traité avec elle, est parvenue à pénétrer jusqu'au cœur de l'Allemagne, et que les états allemands redoutent une si puissante concurrence. En outre de pressantes demandes ont été faites auprès de la Suisse, qui veut rester libre de toute alliance commerciale; d'autres se poursuivent auprès de l'Autriche, et si elles réussissaient, il est certain que la nouvelle coalition, ayant déjà des ports sur la Baltique, acquerrait une grande consistance par l'accession de Venise et de Trieste qui lui ouvriraient l'Adriatique. Le projet de créer une marine militaire de la Confédération germanique ne serait peut-être pas alors bien éloigné de sa réalisation.

Les états qui restent en dehors de cette ligue sont au nord: Hambourg, Lubeck, Brême, le Holstein, les deux Mecklembourg, le Hanovre, Brunswick, Oldembourg; au centre: Francfort, Nassau, le grand-duché de Luxembourg; au midi : Bade; ce qui fait une population de 5,427,671 âmes, et, en y joignant 10 millions pour les états allemands de l'Autriche, un total de 15 millions disséminés en plusieurs états, contre 23 millions réunis en un seul état commercial.

BAVIÈRE.

Le gouvernement bavarois avait pris des mesures "énergiques pour prévenir le renouvellement des démonstrations politiques dont le vieux château de Hambach avait été le théâtre l'année dernière, à l'occasion de la fête de la Constitution. Des troupes, en grand nombre, avec de l'artillerie, étaient réunies à Hambach, à Neustadt et dans les environs. Ces préparatifs qui annonçaient clairement les intentions de l'autorité, n'empêchèrent point la multitude de se porter le 27 mai sur la montagne de Hambach. Des cabaretiers y avaient transporté des tonneaux de vin autour desquels la foule vint se grouper. Les esprits s'étant échauffés, des plaisanteries dirigées contre les soldats dégénérèrent bientôt en insultes formelles. Aux cris de liberté succédaient le chant de la Marseillaise et des exclamations qui forcèrent l'autorité à ordonner l'enlèvement des tonneaux de vin et à faire évacuer la place. Pendant l'exécution de cet ordre l'irritation augmenta entre les soldats et le peuple; des voies de fait eurent lieu et le sang coula. Quelques soldats en poursuivant la foule jusqu'à l'entrée d'un village voisin, y essuyèrent des coups de fusil. Ils tirèrent à leur tour et blessèrent plusieurs personnes. Le soir, ces scènes éclatèrent avec plus de violence dans Neustadt même. Après la retraite et lorsque les patrouilles commencèrent à parcourir les rues, l'affluence devint si'grande que celles-ci purent à peine passer, et, comme les invectives, les injures contre les soldats devenaient de plus en plus fortes, il fallut faire des arrestations et employer la force des armes. Une nouvelle lutte s'engagea, dans laquelle un ouvrier perdit la vie et d'autres individus reçurent des coups ou de graves blessures. Cette répression sanglante dispersa la multitude, et à dix heures la solitude et la tranquillité régnaient dans la ville. Telle fut en substance la relation officielle de ces événemens ; mais le conseil

municipal de Neustadt protesta avec force contre cette relation, en déclarant que c'étaient des promeneurs paisibles qui avaient été chargés brutalement par la troupe, chassés et dispersés sans avertissement préalable, sans interpellation, et non des attroupemens séditieux, ni des individus próférant des insultes ou des menaces. D'un côté, disait le conseil, des morts et des blessés, de l'autre des agresseurs, et il allégua à l'appui de ses paroles qu'aucune poursuite en justice n'avait eu lieu pour injures contre les soldats, encore moins pour de prétendues provocations ou attaques contre eux ou contre l'ordre légal et le repos public.

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Sous ce rapport la différence était grande entre les troubles de cette année et ceux de l'année dernière, qui laissaient encore à juger le procès des docteurs Wirth, Siebenpfeiffer et consorts. Ils étaient prévenus, principalement à causé des discours qu'ils avaient prononcés à la fête de Hambach en 1832, de provocation, non suivie d'effet, au renversement du gouvernement et de l'autorité royale, pour introduire en Allemagne une constitution nouvelle. Cinq des accusés étaient absens et devaient être jugés par contumace sans intervention de jurés; les autres, au nombre de huit, parurent le 29 juillet devant la cour d'assises, transportée extraordinairement à Landau pour cette affaire. L'affluence des spectateurs.était immense. Le gouvernement ayant défendu d'imprimer les débats sans les soumettre à la censure, les accusés protestèrent contre la compétence de la cour, attendu que les lois concernant la publicité des débats judiciaires et la formation de la liste des jurés avaient été violées. La cour passa outre sur le motif que cette publicité hors de la salle de ses séances n'était point du domaine de la justice, et qu'il ne lui appartenait pas de contrôler les actes de l'admi

nistration.

Invités à donner des explications sur les écrits, les brochures et les journaux incriminés, les accusés avouèrent ouvertement leurs projets révolutionnaires, et firent des pro

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