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ports des Etats provinciaux, les réglemens relatifs aux arts et métiers, les tarifs des douanes. Venaient ensuite quelques recommandations sur diverses questions de finances, et le vice roi terminait ainsi :

« Le roi, plein de confiance dans la fidélité, les lumières et la sagacité des habitans de ce pays, a accordé aux Etats le droit de procéder pabliquement à leurs délibérations. Vous saurez, messieurs, justifier cette confiance, et vous rendrez permanent l'exercice de ce droit important, en traitant les matières soumises à vos délibérations, avec la dignité et le calme qu'elles exigent. L'état de la société, les rapports avec d'autres états, et notamment avec la Confédération germanique, entraînent nécessairement des restrictions qui ne sauraient être franchies sans danger. Celuilà seul qui respecte et ménage les droits d'autrui, peut espérer que ses droits seront respectés, et que sa liberté sera maintenue; je voudrais ponvoir fonder dans le pays cette liberté et ce que la publicité a de bienfaisant, et laisser un jour cet héritage à nos neveux. »

Les États, en protestant, dans leur adresse, de leur attachement et de leur reconnaissance pour le roi, ajoutèrent que quoique tous les souhaits des représentans n'eussent pas été remplis, les Hanovriens n'en appréciaient pas moins les bienfaits qu'ils devaient uniquement à la fermeté glorieuse avec laquelle S. M. avait accompli la parole donnée, en adoptant la constitution.

La publicité des débats législatifs, qui paraissait l'une des conquêtes les plus précieuses de cette constitution, se réduisit à fort peu de chose en ce qui concernait la première Chambre, par suite du parti qu'elle prit d'admettre à ses séances, non pas le public, mais seulement deux sténographes. Les procès-verbaux neseraient, en outre, imprimés, qu'après avoir été examinés par une commission, et il était sévèrement défendu d'y indiquer les noms des orateurs. La seconde Chambre, naturellement moins amie du secret, résolut unanimement d'admettre des auditeurs, au nombre de 120, et sur des billets qui seraient mis à la disposition de ses membres.

Les Chambres commencèrent immédiatement leurs travaux; mais l'année était trop avancée pour qu'ils nous offrissent aucun résultat important à consigner ici, sauf l'adoption des budgets des dépenses et des recettes, s'élevant, le premier,

à 3,073,611, et le second à 3,001,000 rixdallers. Le gouvernement était autorisé à contracter un emprunt pour couvrir l'excédant des dépenses.

ÉTATS DIVERS.

Hohenzollern Sigmaringen. Cette principauté, qui avait reçu, à l'avénement du prince régnant actuel, au mois d'octobre 1831, la promesse d'une constitution, en exécution de l'art. 13 de l'acte fédéral, a vu ensuite une assemblée de députés préparer un projet en conséquence, et le prince Charles adopter loyalement, le 11 juillet 1833, ce projet tel que les Etats l'avaient rédigé. Le prince héréditaire a accédé en même temps au nouveau pacte fondamental. Il ne s'agit ici, à la vérité, que d'un pays de 293 milles carrés d'étendue, et d'une population d'environ 40,000 âmes; mais, enclavé presque entièrement dans le Wurtemberg et confinant vers le sud au grand-duché de Bade, il forme une adjonction, qui n'est pas indigne d'être remarquée, au système politique de cette Allemagne du midi et de l'ouest dont les peuples luttent avec couragé contre la suzeraineté despotique que l'Autriche et la Prusse se sont arrogée sur la Confédération germanique.

Saxe-Weymar. Les Etats du grand-duché ont été réunis pour examiner les traités des 10 et 11 mai, par lesquels le gouvernement de Weymar a donné son adhésion au système prussien d'association de douanes et de commerce allemand. L'assemblée n'a fait aucune difficulté de sanctionner ces traités. La Prusse paiera à Weymar 12,000 thalers, et se chargera de la perception des droits de douanes.

CHAPITRE III.

DANEMARCK. Ajournement de la publication des nouvelles institutions politiques. Tendance libérale du gouvernement. — Progrès de l'instruction primaire. SUÈDE ET NORWÉGE. Ouverture du Storthing de Norwége. — Voyage du prince royal dans ce pays. - Projets de changement dans la constitution norwégienne. Invasion du choléra en Nor

wége.

Clôture du Storthing.

RUSSIE ET POLOGNE. Nouvelles tentatives d'insurrection en Pologne. Mesures de répression adoptées par les Russes. Complot contre la vie de l'empereur. - Retour des Polonais prisonniers en Russie. — Voyage de l'empereur en Pologne. Jugement des insurgés. - Refonte des lois de l'empire russe.-École pour la navigation marchande.-Réorganisation de l'armée russe.- Recrutement. - Disette dans plusieurs provinces. Affaires extérieures.

DANEMARCK.

Après avoir été annoncée plusieurs fois comme très-prochaine, la promulgation des institutions politiques promises au Danemarck a encore été remise à l'année suivante.

Au reste, ce qui aidait les Danois à prendre ce nouvel ajournement en patience, bien qu'une jeunesse ardente et instruite ne fût pas étrangère aux idées républicaines répandues dans les universités allemandes, c'est la tendance vraiment libérale et constitutionnelle que le gouvernement aussi sage qu'éclairé du roi Frédéric VI a imprimée à l'administration.

On en trouvait surtout un témoignage remarquable dans les soins qu'elle ne cessait de donner à l'instruction publique dans ses rapports avec toutes les classes de la nation. Sur une population comparativement peu nombreuse, on comptait 2,733 écoles en 1832, et 200 autres devaient être organisées cette année même. Ce n'est guère qu'en 1819 que

l'on a commencé à s'occuper de ces établissemens, et, avec l'aide de la méthode d'enseignement mutuel, on est arrivé à ce résultat, dont tant d'autres pays sont encore si éloignés, que sur mille recrues, il n'y en a guère plus de sept ou huit qui ne possèdent pas les connaissances élémentaires. Ces retardataires, au surplus, ont bientôt regagné le temps perdu, grâce à l'idée éminemment philanthropique que le gouvernement a eue de faire du service militaire une école où l'éducation du peuple est continuée, et dans laquelle la défense de la patrie, plus assurée encore par ce moyen, ne semble toutefois qu'un accessoire, comparée à l'amélioration physique et morale qu'y puise la population. Ce sera la gloire, peu bruyante, il est vrai, peu coûteuse à ses sujets, mais pure, solide et féconde, du roi de Danemarck, d'avoir été le premier qui se soit sérieusement, et avec autant de succès que de persévérance, occupé de l'instruction populaire.

SUÈDE ET NOrwige.

La Norwége a eu cette année un Storthing ordinaire, qui s'est ouvert le 13 février à Christiania. Le discours du roi prononcé dans cette circonstance par le conseiller d'état Collett, premier membre de la régence de Norwége, offrait un tableau assez favorable de la situation matérielle du pays (voy. l'Appendice).

Pendant que le Storthing se livrait, sans beaucoup de bruit, à des travaux d'un intérêt tont local et d'une nature particulièrement financière, le prince royal vint faire un voyage en Norwége, avec le titre de vice-roi, pour avoir une occasion de prendre part à l'administration du royaume et de s'instruire de plus en plus dans tout ce qui a rapport à ses institutions. Tels étaient les considérans d'une ordonnance royale du 17 juin, par laquelle ce voyage fut annoncé au public; mais on a voulu y rattacher aussi des vues relatives à un projet de modifications dans la constitution nor

wégienne, dont la communication au Storthing forme l'acte le plus important de cette session.

La constitution n'accorde au roi que le veto suspensif au sujet des résolutions prises par les représentans de la nation. Deux fois déjà, le roi Charles-Jean avait proposé aux assem→ blées précédentes, sans pouvoir l'obtenir, de lui accorder un veto absolu. Cette proposition fut réitérée devant le Storthing actuel, tout en laissant à celui qui le suivra le soin d'y répondre, par un message royal dont nous reproduisons Je passage le plus saillant:

Les causes qui portent S. M. à renouveler sa proposition de substituer Je veto simple du roi au veto suspensif, qui se trouve maintenant stipulé dans la loi fondamentale, ne peuvent être méconnues. Ceux même qui, pour l'avenir, n'en reconnaissent pas l'utilité, ne peuvent que rendre justice à la sollicitude du roi à cet égard. C'est dans l'intérêt de l'indépendance de Ja Norwege, c'est pour la stabilité du pacte fondamental qui la régit, que S. M. en appelle de nouveau aux lumières, à la réflexion et au patriotisme de ses représentans.

Il ne s'agit pas dans le fait ni dans l'intention du roi d'une augmentation d'autorité royale, mais bien plus de la permanence et de la distinction des pouvoirs sociaux. C'est sous ce point de vue que S. M. vient de nouveau renouveler la proposition faite au dernier Storthing, le 1er septembre 1830. Avec le même sentiment de bien public que cette proposition a déjà plusieurs fois été faite, avec le devoir qu'impose le paragraphe 112 de la constitution dans des cas pareils au gouvernement, le roi la met sous les yeux du Storthing. Ce sera au Storthing ordinaire prochain à décider si les libertés générales et individuelles réclament son adoption, ou s'il doit encore être laissé au temps, qui amène la conviction, d'adopter une mesure d'un si haut intérêt. »

Cette tentative pour étendre la prérogative royale ne s'est pas bornée là. Le roi réclamait en outre le droit d'autoriser la naturalisation des étrangers, qui, jusqu'à présent, a été exclusivement dans les attributions du Storthing, et demandait qu'un nouvel article fût ajouté à la loi fondamentale, pour conférer aux membres du conseil d'état la faculté de participer aux délibérations de la diète, sans voter. Voici de quelle manière cette dernière demande était motivée

«S. M. pense que la marche des délibérations du Storthing serait beaucoup facilitée, si le conseil d'état y avait accès. La présence des conseillers urait cet avantage qué souvent ils pourraient fournir les éclaircissemens sollicités par les députés, ce qui épargnerait beaucoup de temps, agirait favorablement sur l'issue des débats, et préviendrait des résolutions précipitées ou mal fondées. Pour le gouvernement cette participation aux déli

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