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« Nous l'avonerons, ajoutait S. S., nous ne pouvions croire, dès le commencement, ce que le bruit public et la renommée publiaient sur des entreprises aussi audacieuses; mais l'arrivée inattendue en Italie de celui qui nous représentait dans ce même royaume, en qualité de nonce apostolique, et les témoignages les plus certains de beaucoup de personnes, nous ont bientôt convaincu que ce qui nous avait été précédemment annoncé, n'était que trop vrai. Il est donc aussi certain que grandement déplorable que le gouvernement susdit a injustement chassé celui qui représentait notre personne et le Saint-Siége, en lui enjoignant même de sortir du territoire portugais, sans le moindre retard. Mais après une injure aussi grave faite au Saint-Siége et à nous, l'audace des hommes pervers a été plus loin encore contre l'église catholique, contre les biens ecclésiastiques, contre les droits inviolables du Saint-Siége. En considérant que toutes ces mesures ont été exécutées presque à l'avènement du nouveau pouvoir et comme par suite d'une conspiration arrêtée d'avance, notre esprit est saisi d'horreur et nous ne pouvons retenir nos larmes. Toutes les prisons publiques ont été ouvertes, et, après en avoir laissé sortir ceux qui y étaient détenus, on y a jeté à leur place quelques uns de ceux dont il est écrit: Ne touchez point à mes christs. Des laïcs se sont arrogé témérairement le pouvoir sur les choses sacrées ; ils ont proclamé une réforme générale du clergé séculier et des ordres religieux des deux sexes. Ainsi la loi a détruit le privilége du for ecclésiastique. Ici des religieuses, là des familles entières de religieux, ont été chassées de leurs monastères; les novices de tous les établissemens ont reçu l'ordre de les quitter, et l'on a défendu d'en admettre de nouveaux ; tous les patronats ecclésiastiques ont été abolis, et le gouvernement s'est réservé à lui seul le droit de présenter aux bénéfices et aux offices ecclésiastiques. Une loi défend aussi d'admettre qui que ce soit aux ordres sacrés.

« Seront déclarés publiquement rebelles et traîtres, et soumis aux peines légales, les ordinaires des diocèses et les religieux de l'un et de l'autre sexe. qui n'obtempéreront pas à l'article de la nouvelle réforme, qui soumet les couvens à la juridiction de ces mêmes ordinaires, aussi bien que tous les ecclésiastiques du clergé séculier et régulier que leur attachement au gougouvernement précédent a éloignés du lieu de leurs bénéfices, de leurs monastères ou de leurs hôpitaux. Il est même statué que tout couvent où ils seront accueillis sera supprimé, et que l'on poursuivra judiciairement les prélats qui les auront admis dans leurs églises, comme étant complices du même crime...... Est-il besoin d'en dire davantage? A ces actes si odieux et tout-à-fait contraires à la profession catholique, se sont joints d'autres actes. Tous les évêchés conférés par nous, d'après la nomination du gouvernement alors au pouvoir, ont été déclarés vacans, et il a été ordonné en général à tous ceux qui ont obtenu quelque bénéfice ou quelque fonetion ecclésiastique de cette manière, de renoncer absolument à faire usage de leur titre; ils sont déclarés déchus de tout droit à ces charges, et, s'ils n'obéissent pas, ils seront regardés comme rebelles et traités comme tels. En outre, afin de combler la mesure de l'audace contre l'église et l'autorité du saint-siége, on a aboli le tribunal auguste de la nonciature apostolique, et soumis à un tribunal laïc les causes dans lesquelles il prononçait jusqu'à présent. »

expresse

Le pape, en terminant, proclamait de la manière la plus la réprobation absolue de tous les décrets portés par le gouvernement de don Pedro, au grand détriment de l'église, de ses ministres, du droit ecclésiastique et des

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prérogatives du Saint-Siége; il les déclarait entièrement nuls et sans valeur, annonçant qu'il était prêt, suivant le devoir de sa charge, et avec l'aide de Dieu, à s'opposer comme un mur, pour la maison d'Israël, et à se présenter au combat, au jour du Seigneur. Toutefois, S. S. espérait fermement que Dieu ramenerait le gouvernement portugais à de meilleurs sentimens, et qu'ainsi elle éviterait la nécessité de recourir aux armes spirituelles qui étaient à sa disposition.

DEUX-SICILES.

Au moment où la Sardaigne armait contre Tunis, on apprit à Naples que quelques Napolitains au service du bey avaient été maltraités cruellement par ordre du pacha Mameluck, sans que leur consul eût pu obtenir réparation de cette injure: le gouvernement résolut d'en tirer vengeance. Les rois de Naples et de Sardaigne signèrent un traité d'alliance, pour protéger leurs sujets et leur commerce contre les états barbaresques de l'Afrique. Quelques bâtimens napolitains rallièrent l'escadre sarde que nous avons vue marcher vers Tunis; mais le bey fit, du même coup, satisfaction aux deux puissances offensées. Il déclara que le pacha avait reçu une réprimande; qu'un ambassadeur extraordinaire se rendrait à Naples pour exprimer ses sentimens au roi; que les traités seraient observés rigoureusement, et que les Napolitains, au service de Tunis, qui pourraient à l'avenir commettre des délits, seraient remis au consul de Naples, pour être punis d'après les lois de leur pays. Ainsi, l'exemple d'Alger avait enseigné à l'Europe la manière dont il fallait négocier avec les Barbaresques.

Ce ne fut pas là, d'ailleurs, le seul rapport que présentèrent cette année l'histoire de la Sardaigne et celle de Naples. Ce royaume eut aussi ses tentatives de conspiration

qui auraient laissé peu de traces, si l'une d'elles n'avait eu pour but d'attenter aux jours du roi. Elle avait été conçue par quelques jeunes officiers parmi lesquels on remarquait les deux fils du général Rossaroli, qui, après s'être compromis dans la révolution de 1820, avait été obligé d'aller, avec sa famille, chercher un refuge en Grèce, où il trouva la mort sur un champ de bataille. Revenus, l'année dernière, à Naples, ils s'étaient présentés au roi dans une revue. Le roi, touché de compassion pour eux, révoqua non seulement le décret de proscription rendu contre leur famille, mais, de plus, il les fit placer comme cadets dans un régiment de cavalerie de la garde. Bientôt, oublieux de cette bienveillance, ces jeunes gens, d'accord avec quelques autres mécontens, conjurèrent la mort du roi; mais eux-mêmes découvrirent le complot et voici de quelle manière un jour que deux des conjurés s'entretenaient de leur projet, ils virent passer un officier que l'un d'eux suivit et à qui il se mit à dévoiler les détails de la conspiration, dans l'idée qu'il pourrait l'y attirer. L'officier se garda bien de le tirer de son erreur; il l'écouta tranquillement, puis il alla faire son rapport. Le complot ainsi dévoilé, deux des conspirateurs, n'ayant pu se procurer du poison, cherchèrent à se donner réciproquement la mort à coups de pistolet : l'un fut, en effet, tué, mais l'autre, blessé grièvement, tomba dans les mains de l'autorité avec le reste de leurs complices.

Ici, toutefois, on ne vit point le gouvernement, entrant dans une voie de réaction violente, recourir à des mesures d'inquisition et de répression sanglante. Les plus coupables furent remis aux tribunaux. Les deux fils du général Rossaroli étaient du nombre. Condamnés à mort par la commission suprême des crimes d'état, ils devaient être exécutés le 14 décembre, et déjà ils marchaient vers l'échafaud, lorsque tout à coup un messager parut apportant une commutation de peine, et le cri de grace mêlé au cri de vive

le roi ! fut répété avec ivresse par le peuple tout entier.

Cette modération rapprochée de différentes améliorations administratives, et de quelques autres faits mal compris d'abord ou exagérés, tels qu'un décret portant établissement d'une garde de sûreté composée des jeunes gens des familles les plus riches, dans laquelle on avait voulu voir l'équivalent d'une garde nationale, et une élévation réciproque des droits d'entrée sur leurs vaisseaux de la part de l'Autriche et de Naples, qui semblait devoir amener un refroidissement dans les relations politiques des deux puissances, avaient fait croire au terme de l'influence autrichienne sur le gouvernement napolitain, et à un premier pas vers des institutions libérales. Ces espérances ne se sont pas réalisées ; mais on ne saurait dire qu'il ne s'était rien passé à Naples qui permît de les concevoir.

CHAPITRE VIII.

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ESPAGNE. Ferdinand VII annonce qu'il reprend la direction des affaires. -Fin des mouvemens carlistes. - Divisions dans le conseil. Exil de don Carlos en Portugal. - Renvoi des ministres du parti de la reine. — Circulaires ministérielles. Convocation des Cortès pour reconnaître la fille de Ferdinand. — Protestation de don Carlos, des rois de Naples et de Sardaigne, contre le nouvel ordre de succession au trône. semblée des Cortès. Invasion du choléra.

est nommée régente. Conseil de régence.

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-As

La reine

- Mort du roi.
Manifeste du nouveau

gouvernement. — Insurrection de la Biscaye. — Adhésion des capitaines généraux au gouvernement de la reinè. — Changemens dans le personnel de l'administration. Reconnaissance de la reine par la France et

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l'Angleterre. — Désarmement des volontaires royalistes. surrection dans le nord. Opposition au ministère. Arrivée du gé. néral Saarsfield dans la Biscaye. - Défaite des insurgés. Nouvelle division administrative de l'Espagne. — Impopularité toujours croissante du ministère..

L'impulsion imprimée par la reine au gouvernement espagnol, en commençant sa régence, s'était déjà ralentie dès l'année dernière, aussitôt après l'installation de M. Zéa Bermudez au ministère; elle s'arrêta tout-à-fait, lorsque, par un décret du 4 janvier 1833, Ferdinand VII annonça qu'il reprenait la direction des affaires. Ce décret donnait, il est vrai, une approbation complète à tout ce que la reine avait fait, et déclarait qu'elle continuerait à assister le roi dans ses travaux ; néanmoins il eût été difficile de ne pas y voir un signe du discrédit de la reine, et par contre-coup de l'ascendant du premier ministre que son antipathie pour les innovations libérales mettait plus à l'unisson de l'esprit du roi. Tout autre motif attribué à ce décret paraissait sans fondement la santé du roi, que tout le monde regardait comme atteint d'un mal incurable, ne s'était pas assez améliorée pour

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