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Quant aux affaires étrangères, ce que le discours du trône offrait de plus saillant, c'était l'annonce de la reprise des relations diplomatiques avec le Portugal, par suite des événemens récens qui avaient eu lieu dans ce pays. Il faisait aussi mention du rétablissement de la paix en Turquie, et contenait l'assurance que le roi aurait soin de diriger son attention sur tout ce qui pourrait affecter l'indépendance actuelle de cet empire.

Enfin, après avoir exprimé l'extrême regret avec lequel il s'était vu forcé de demander au parlement des pouvoirs extraordinaires pour réprimer et punir les perturbateurs de la paix publique en Irlande, S. M. déclarait qu'elle n'avait dû faire de ces pouvoirs qu'un usage très-limité, et elle avait la satisfaction d'apprendre au parlement que l'esprit d'insubordination et de violence qui avait prévalu dans ce pays à un degré si alarmant, était en grande partie dompté (voy. l'Appendice).

A peine cette session laborieuse et féconde était-elle terminée, que de toutes parts il s'éleva des voix, souvent trèssévères, pour en examiner les résultats et reprocher au ministère, soit d'avoir trop, soit de n'avoir pas assez réformé. Ce double reproche attestait, à lui seul, quelle profonde transformation s'était opérée dans l'état des partis en Angleterre. On a vu, en effet, la Chambre des communes se trouver vis-à-vis du gouvernement dans une attitude toute nouvelle. Il n'y avait pas eu une question un peu grave sur laquelle les ministres n'eussent été obligés de changer presque tour à tour d'auxiliaires. S'agissait-il de mettre un terme aux désordres de l'Irlande, en recourant à des pouvoirs extraordinaires, pour des circonstances en dehors de la loi commune? le ministère, appuyé par les torys, avait eu à combattre les radicaux. Au contraire, quand il avait voulu faire marcher de front le redressement des griefs avec les mesures de répression, et porter la main sur les abus de l'église, les radicaux lui étaient venus en aide,

sauf ensuite à leur opposer de nouveau les torys pour les arrêter dans le zèle de réforme qui les possédait. C'était la une nécessité politique, qui avait rendu plus difficile que jamais la position du ministère, et qui l'exposait inévitablement à essuyer, en fin de compte, les attaques des deux partis opposés. Ces attaques se renouvelèrent après la session, et décidèrent lord Brougham à prendre la plume pour y répondre dans une brochure, qui fit une vive sensation (1). Au total, il était vrai de dire que, depuis longtemps, la Grande-Bretagne n'avait pas vu passer autant de grandes et importantes mesures, ni effectuer un tel nombre de changemens utiles; que des siècles n'auraient pas suffi autrefois pour accomplir toutes les réformes qui recommandaient la dernière session, et que son malheur était d'avoir trop excité l'attente populaire, de s'être ouverte environnée d'une auréole d'espérances trop vagues et trop éclatantes.

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(1) Le ministère de la réforme et le parlement réformé.

AMÉRIQUE.

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tarif de douanes.

CHAPITRE XI.

ETATS-UNIS DU NORD. Présentation au congrès d'un nouveau Préparatifs de résistance dans la Caroline du sud. Bill pour faire respecter les lois de l'Union. Tarif proposé par M. Clay.. - Il est adopté, ainsi que le bill pour l'exécution des lois de l'Union. Résultat des votes sur ces deux bills. Clôture de la session du congrès. Réélection du président Jackson. Révocation de l'ordonnance de nullification rendue dans la Caroline.

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Question de

la banque. Le président fait retirer à la banque les dépôts du gouvernement. Ouverture de la session du congrès.

MEXIQUE. Le général Santa-Ana est élu président de la république. Projets de réformes. Nouvelle insurrection. Santa Ana est arrêté par les insurgés. Il parvient à s'échapper. Mesures extraordinaires. Santa-Ana marche contre les insurgés. — Invasion du choléra [au Mexique. Reprise des hostilités. Défaite des insurgés. — Réformes

-

opérées par le congrès, Continuation des troubles.

COLOMBIE. Complot dans la Nouvelle-Grenade pour renverser le gouvernement. Traités de commerce avec la France. · Affaire du consul' français à Carthagène.

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BUENOS-AYRES. Expédition contre les Indiens. Occupation des iles Insurrection dans l'état de Cordova.

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à Bahia. Ouverture de la session des Chambres. Message de la régence dénonçant une conspiration tendant à rétablir don Pedro sur le tróne. Destitution du tuteur de l'empereur.

ÉTATS-UNIS DE L'Amérique du nord.

En même temps que le président des États-Unis soutenait la suprématie du congrès contre les prétentions de la Caroline du sud, et qu'il se montrait déterminé à faire obéir l'autorité fédérale, on avait jugé prudent de mêler la conciliation à la menace, et de donner plus ou moins compléte

ment satisfaction aux nullificateurs. Dans ce but, la Chambre des représentans reçut, vers la fin de décembre 1832, communication d'un bill qui substituait, à compter du 3 mars prochain, des droits de douanes moins élevés à ceux qu'établis sait le tarif, sujet de la querelle entre les États-Unis et les Caroliniens. Les réductions proposées étaient considérables sur presque tous les objets manufacturés, principalement sur les cotons, les laines et le fer. Le bill tendait évidem ment au soulagement des états du sud, la diminution des droits portant pour la plus grande partie sur les articles qu'ils consomment, et en première ligne, sur les produits qu'ils emploient pour l'habillement de leurs esclaves.

Sans s'arrêter à cette démarche toute de paix et de modération, les nullificateurs de la Caroline du sud persistèrent dans la violence de leur opposition. La législature de cet état nomma une commission pour examiner la proclamation publiée par le président le 10 décembre (voyez notre volume précédent), et cette commission fit un rapport qui n'était qu'une nouvelle diatribe contre le gouvernement général. Il dénonçait les doctrines et les vues contenues dans cette proclamation, comme subversives des droits des États et des libertés du peuple; il renvoyait au président la menace d'employer les armes, et déclarait que la volonté immuable des Caroliniens était de repousser la force par la force, si les troupes de l'Union tentaient d'envahir leur territoire. La législature adopta ce rapport, et se disposa à prendre des mesures en conséquence, c'est-à-dire à préparer les moyens de la résistance.

De son côté, le président de la Caroline, marchant à l'unisson des manifestations belliqueuses de la législature, répondit au président des Etats-Unis par une proclamation dans laquelle il prémunissait le habitans de la Caroline contre la tentatives de celui-ci, pour les détourner de leurs devoirs, les exhortait à mépriser ses menaces, à défendre les libertés de l'état, et avertissait les volontaires et la milice de se

tenir prêts à se mettre en campagne, au premier avis, pour soutenir l'ordonnance de nullification. Cet esprit de résistance était d'ailleurs excité dans les assemblées publiques par les harangues les plus violentes. On y établissait en principe que la Caroline avait le droit de repousser les lois de finances votées par la législature générale, dès qu'elle les jugeait injustes et oppressives; que seule elle devait décider de cette injustice ou de cette oppression; qu'à cet égard les arrêts des cours fédérales et les actes du congrès ne méritaient aucune considération; qu'elle pouvait frapper de peines sévères ceux de ses citoyens qui prendraient le parti des lois de l'Union, et que si les forces des Etats-Unis envahissaient son territoire, ou si leurs vaisseaux bloquaient ses ports, elle avait le droit irrévocable de se déclarer indépendante des autres états, et de reprendre sa souveraineté illimitée. Bref, la doctrine de la Caroline était qu'en entrant dans la confédération, elle s'était non seulement réservé certains droits, mais encore qu'elle était toujours libre de s'en retirer, et de redevenir indépendante à sa volonté.

Dans cet état de choses, le président adressa, le 10 janvier, un message au congrès à l'effet d'obtenir les moyens de faire respecter les lois et l'autorité de l'Union. Il y soutenait, en opposition aux principes des nullificateurs, comme il l'avait déjà fait dans sa proclamation, que l'Union américaine était quelque chose de plus qu'une simple confédération d'éats indépendans, et qu'aucun état ne pouvait se soustraire à ses obligations, selon son bon plaisir ou sa volonté. L'oppression seule justifierait la mesure extrême à laquelle les Caroliniens menaçaient de recourir, et l'oppression n'avait pas existé; car les taxes levées jusqu'ici avaient été nécessaires pour les besoins de la confédération. « La sanction, disait-il, qu'elles ont long-temps reçue des autorités légitimes et du peuple, non moins que l'augmentation sans exemple de notre population et la prospérité toujours croissante de tant de millions d'hommes libres, atteste qu'aucune

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