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bition de ceux qui ne demandent en retour de leurs sacrifices au bien public, que de voir leurs efforts connus et appréciés.

« Considérons en elle-même la population des campagnes, si attachée au sol qu'elle feconde. Apprécions ses mœurs patriarcales et son patriotisme. Il ne suffit pas qu'elle nourrisse le pays; elle fourit encore ses robustes rejetons pour le défendre et pour maintenir la population des villes, qui s'éteindrait sans le secours de cette sève inépuisable.

<< Tous les habitants des villages possèdent et travaillant; les plus pauvres y acquièrent. Ils ignorent les plaisirs factices, les idées abstraites, les illusions et les maux du citadin. On ne voit pas parmi eux l'individualisme qui règne ailleurs ils se connais sent, s'entr'aident et s'intéressent à la chose publi que et à ce qui les entoure. Aucun d'eux n'est exposé à périr de mis re. Ils sont les hommes de la nature dans son état de calme et de travail régulier.

« Quelle différence de l'état actuel du cultivateur en France, avec celui qu'il a encore ailleurs! Chez nous, les puissants barons n'existent plus que dans l'histoire. Leurs descendants ne sont distingués que par le tact, l'aisance des manières et l'attachement

aux traditions de la famille. La plupart des anciennes terres seigneuriales ont été vendues et morcelées entre les hommes de la glėbe, qui doublent par des défrichements la valeur de ces domaines, que l'épargne a ajoutés à leurs patrimoines.

« L'égale répartition des charges a passé un niveau sur tous les possesseurs fonciers. Les campagnards forment aujourd'hui une masse immense de propriétaires indépendants, qui mẻrite sans doute que l'on s'occupe de ses adminis

trateurs.

<< La campagne est aussi, pour des hommes considérables un séjour de prédilection. La société entière s'identifie avec elle. N'est-il pas opportun que l'autorité y soit dignement représentée, et que tous les résidants s'honorent du représentant de la commune ?

« Outre cela, l'État gagnerait à l'adoption d'un système favorable aux intérêts des populations agricoles dont le bien-être réagit sur les cités. Il est d'ailleurs contraire à l'économie politique que les bras manquent à l'agriculture, comme on le déplore chaque jour, pour encombrer les rangs industriels, pour grossir ces masses que des misères périodiques, résultat d'un nombre de producteurs trop grand pour la consommation, rendent destructives de l'équilibre social!

« Les grandes villes ne doivent pas être sacrifiées aux campagnes, et les campagnes ne doivent pas

être sacrifiées aux grandes villes elles s'entretien nent mutuellement. Les cités répandent la richesse et les lumières dans la nation; mais les campagnes la nourrissent et forment contrepoids au danger des grandes agglomérations.

«Que l'on cherche à conserver à la culture la nouvelle génération des champs, en poussant aux améliorations les édiles ruraux... Pendant que cette population s'accroîtra et que l'agriculture prospérera, les travailleurs des villes, moins nombreux, verront augmenter leur aisance par l'écoulement plus assurė de leurs produits.

<«< La France est un pays agricole par l'excellence de son sol, et un pays industriel par l'intelligence et l'activité de ses habitants. L'équilibre entre ces deux branches de prospérité publique se trouve rompu si la sève de l'une se porte démesurément sur l'autre.

« Les chemins de fer qui amoindrissent les petites villes au profit des grands foyers d'industrie, necessitent de plus en plus que l'on s'occupe de l'agriculture et des campagnes pour contrebalancer ces inconvénients.

« Une dernière remarque sur le Maire de campagne, c'est que la population s'accroissant et l'instruction se répandant chaque jour davantage, la tȧche de l'Administration devient plus difficile. Les rivaux et les adversaires de l'homme en place sont plus

habiles et plus entreprenants; la mauvaise foi a de son côté plus de ressources, d'astuce et d'audace. En tous lieux un magistrat doit être capable de dominer ces éléments.>>

FIN DES FRAGMENTS DU « MAIRE DE CAMPAGNE >>

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