Presque tous les patois du nord de la France ont leurs Dictionnaires ou Glossaires. A part quelques timides essais, où donc est la Grammaire? Voici celle d'un maitre, dont le manuscrit a été acheté par la Bibliothèque de Boulogne-sur-mer. Elle eut gagné certainement à être revue et complétée par l'auteur, mais telle qu'elle est, la Société Académique l'a jugée trop importante, trop magistrale et trop utile pour la laisser inédite. Le peu qui manque sera facilement suppléé dans le Glossaire du même auteur qui sera publié ultérieurement. Dunning Nijhoff 5-4-27 13603 INTRODUCTION Les patois s'en vont c'est le moment d'en recueillir les derniers vestiges, avant que l'usure du temps et l'oubli des hommes ne les aient rendus tout à fait méconnaissables. Les paysans du temps passé, population sédentaire, n'ayant guère d'autre occupation que les travaux des champs, d'autre industrie que la fabrication à domicile des objets nécessaires à la vie, sortaient peu de leur village et y conservaient dans toute son intégrité la langue de leurs ancêtres. Excepté le catéchisme, l'Ancien Testament, quelques légendes de saints et quelques histoires de chevalerie, on lisait peu. En revanche, dans les longues soirées d'hiver, autour d'un feu pétillant, tandis que les femmes filaient ou cousaient à la lueur douteuse d'un crachet fumeux, les hommes et les jeunes gens se racontaient de piquantes aventures, ou tournaient un apologue. Quelquefois, ils s'amusaient à dérouler la trame des généalogies les plus compliquées. Toujours, ils disaient leur entente sur les événements de la semaine, commentaient le dernier sermon du curé, persifflaient la morgue pédantesque du ma MÉMOIRES 1 |