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du Vifiteur; & jufqu'à ce qu'il ait prouvé que fa conduite eft intacte, il eft, comme on dit parmi nous, suspendu de toutes fonctions le Vice-Roi, au contraire, exerce toujours les fiennes; mais le rapport du Vifiteur décide, pour l'ordinaire, de leur fort commun; comme l'exiftence de ce Député dépend de la fidélité de fon rapport.

Difons plus; & voici ce qui eft vraiment admirable: c'eft que l'Empereur prend quelquefois le parti de remplacer lui-même les Vifiteurs dans quelques Provinces. Kang-hi, un des plus célebres Monarques de la Chine, & qui vivoit au commencement de ce fiecle, donna, dans une pareille circonstance un exemple mémorable de févérité de juftice. Un jour qu'il s'étoit un peu éloigné de fa fuite, il apperçut un vieillard qui pleuroit amérement. "Qu'avez-vous «<, lui demanda l'Empereur? » Seigneur, lui répondit le vieillard fans le connoître, je n'avois qu'un fils; il faifoit toute mon efpérance, & pouvoit devenir l'appui de ma famille. Un Mandarin Tartare me l'a enlevé : je me vois par-là privé de tout fecours, & n'en eípere aucun; car jamais un homme foible & pauvre comme moi,

Adminif

tration in

térieure.

tration in

n'obtiendra justice du Gouverneur contre

Adminif un homme puiffant. On vous la rentérieure. dra, lui répondit l'Empereur, toujours fans fe faire connoître; montez en croupe derriere moi, & conduifez-moi à la maifon du raviffeur «. Le bon homme accepta; &, après deux heures de route, ils arriverent chez le Mandarin, qui ne s'attendoit point à cette visite.

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La fuite de l'Empereur arriva prefque en même temps que lui; la maison du Mandarin fut bientôt remplie & entourée. Le Mandarin ne put nier la violence dont on l'accufoit, & l'Empereur le condamna à perdre la tête : ce qui fut sommairement exécuté. Alors fe retournant vers le vieillard, il lui dit du ton le plus grave & le plus impofant: » Je vous donne » la charge du coupable qui vient de mou» rir; ayez foin de la remplir avec plus de » modération que lui, & profitez de fa » faute & de fa punition, de crainte qu'à votre tour vous ne ferviez d'exemple aux autres «.

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CHAPITRE X II I.

Continuation du précédent. Fonctions des Vice-Rois & des Mandarins répartis dans les Provinces. Adminiftration militaire.

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LE Vice-Roi d'une Province porte nom de Tong- tou: c'est toujours un Mandarin de la premiere claffe; & il jouit dans fon diftrict, d'un pouvoir presque illimité. Il parcourt fa Province avec une pompe impériale; jamais, même dans les moindres occafions, il ne fort de fon palais fans être accompagné de cent hommes. Les honneurs qu'on lui rend égalent ceux qu'on rendroit à l'Empereur qu'il repréfente. C'eft autour de lui que fe verfent les tributs payés par la Province qui lui eft confiée; c'est lui qui les fait transporter dans la capitale de l'Empire, après en avoir retenu ce qui eft d'ufage pour fubvenir aux befoins urgens de fa Province. Tous les procès viennent à fon Tribunal. Il peut condamner à mort un criminel. Mais ni cet Arrêt, ni ceux même de la Tournelle

Adminif tration militaire.

Chinoise ne peuvent être exécutés qu'aAdminif près avoir été ratifiés par l'Empereur.

tration militaire.

Chaque Hien (ou chaque Bailliage) a fon Mandarin. Celui-ci eft chargé d'y administrer la justice, d'arranger les démêlés entre Particuliers, ou de févir contre celui qui a tort. Ils reçoivent auffi le tribut que chaque famille doit à l'Empereur.

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Le Vice-Roi envoie tous les trois ans à la Cour, des notes plus ou moins favorables fur la conduite des Mandarins qui lui font fubordonnés. Elles reglent leur fort on les conferve, ou on les déplace d'après elles.

Le Vice-Roi a lui-même ses surveillans. Les Vifiteurs de Province peuvent user contre lui des mêmes armes qu'il emploie contre fes inférieurs.

Ceux qu'il a notés défavorablement, font punis à proportion de leurs torts: on récompenfe, d'après la même regle, ceux qui ont eu des notes favorables.

Quelques-uns des premiers font caffés de leurs emplois; d'autres font fimplement abaiffés de quelques degrés, & pourvus de quelque emploi inférieur à celui dont on les dépouille. Ils rifquent de n'en obtenir jamais aucun, s'ils font

déchus de dix degrés. Une fingularité qui n'exifte qu'à la Chine, c'eft que le Adminif tration miMandarin réduit à un pofte fubalterne, litaire. eft obligé de rappeler à la tête de fes Ordonnances le nombre de degrés qu'il a perdus. Par exemple, il dira: » Moi, un tel Mandarin, abaiffé de trois, ou quatre, ou fix degrés (felon le cas où il fe trouve), fais favoir & ordonne, &c. «.

Ces Mandarins inférieurs font fous la dépendance des Vifiteurs de Province d'une maniere très-étroite. Ceux-ci peuvent de pleine autorité les deftituer fi le délit eft grave; ils ne confultent la Cour que lorsqu'il n'eft pas urgent

de févir.

Jamais, dans un Tribunal de Pe-king, on n'admet en même temps le pere, le fils, le frere, ni l'oncle, ni le petitfils. Des parens au quatrieme degré ne peuvent fiéger en Province dans un même Tribunal.

La bienveillance du Gouvernement fe manifeste comme fa juftice envers les Mandarins. On place dans des lieux plus voifins de leur canton originaire, ceux qui ont paffé foixante ans; on fait rentrer en charge, le plus tôt poffible, ceux qui ont été forcés d'interrompre

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