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Conque entre en campagne; il lui donne auffi double paye, une pour lui, l'autre Admini pour fa famille, & elle en jouit jufqu'à

fon retour:

Nul genre de fervice rendu à l'Etat n'eft ni méconnu ni oublié, les fervices, militaires moins que tous les autres. Mais comme la guerre ne peut pas durer toujours, l'eftime qu'on fait des gens de guerre femble ceffer à l'inftant qu'ils ceffent d'être en face de l'ennemi. C'est aufli dans ces momens de crife que le Gouvernement prodigue les diftinctions, les récompenfes, les honneurs de toute, efpece. Il étend fes regards jufque fur la derniere claffe militaire, jufque fur le dernier individu de cette claffe. Qu'un fimple cavalier, un fimple foldat périffe dans une bataille, on envoie à fa famille ou fa chevelure, ou fon arc, ou fon fabre, &c. pour être enterré à la place du cadavre dans la fépulture de fa famille. On y joint un éloge proportionné à ce qu'il a fait, pour être gravé fur la tombe qui renferme fes dépouilles. Les Officiers morts font encore traités avec plus de distinction. On fait tranfporter chez eux, ou leur armure complette, ou leurs cendres, ou leurs offemens, Tome II.

I

tration mis litaire

tration militaire.

ou leur cadavre entier. C'eft leur grade, Adminif ou la maniere dont ils fe font diftingués, qui fert de regle dans cette occurrence. On accorde aux uns des honneurs pour leur tombeau; on en fait ériger à d'autres. C'eft fouvent à mille, à quinze cents lieues qu'on fait tranfporter ainsi le corps d'un Officier d'un Officier, ou la chevelure d'un fimple foldat. Celui-ci, comme l'autre, eft nommé dans les Gazettes ; fon nom paffe ainfi fous les yeux du Public, & de là dans l'Hiftoire générale de l'Empire.

La récompense eft prompte pour ceux qui ont fait leur devoir; la punition ne l'eft pas moins pour ceux qui négligent de le remplir. Mais, encore une fois, la dégradation, la deftitution abfolue d'un Officier fupérieur ne peut nuire à l'avancement de fon fils. Ce dernier, interrogé par l'Empereur même fur fa famille, répondra froidement: Mon pere fut dégradé pour s'être mal conduit dans telle affaire; mon aïeul fut décollé pour avoir commis telle ou telle faute; & cet aveu ne porte aucun préjudice à celui qui le fait. Il peut même, à force de fervices, réhabiliter un jour leur mémoire.

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Suite des précédens. Administration de la
Famille Impériale.

L'ADMINISTRATEUR d'un Empire im

la Famille

menfe, & qui fe pique de le bien gou- Adminif verner, qui femble même attentif à fur- tration de veiller chaque famille, ne néglige pas Impériale. non plus de régir la fienne. Il a déjà été question, dans cet Ouvrage, des Princes du Sang de la Chine. On peut s'être fait en Europe, & fur leur existence, & fur leur état, & fur leur crédit, & fur leur influence dans l'Adminiftration, une idée bien contraire à leur fituation réelle. Tout confifte pour eux dans quelques priviléges de fimple représentation, & dans celui de n'être jugés que par leurs Pairs. Ils ne peuvent pas même compter fur la diftinction que donnent les richeffes ou les premieres places. Tout, dans cet Empire méthodique, eft foumis à l'examen : la feule ceinture jaune eft dévolue à ces Princes par droit de naiffance.

Elle ne l'eft cependant qu'à ceux qui defcendent en droite ligne du Fondateur

de la dynastie régnante. Les noms de Adminifleurs Adminif- leurs enfans, foit filles, foit garçons, ration de l'année, le mois, le jour de leur naifImpériale. fance, font infcrits fur le grand Livre

La Famille

jaune, effentiellement destiné à cet usage. La ceinture jaune-orangé eft la marque diftinctive des Princes collatéraux. Les noms de leurs enfans font infcrits fur le Livre rouge. L'Empereur feul détermine

le furnom des Princes de la branche régnante. Les autres n'en peuvent prendre aucun qui ait une relation trop directe, foit avec les noms Mongoults, foit avec les noms Chinois.

Lorfque les Princes & Princeffes de cette dernière claffe ont atteint l'âge de quinze ans, on préfente un placet à l'Empereur pour obtenir de lui la permiffion de les marier. Les Princes de la ligne directe peuvent s'épargner cette démarche; mais s'ils vouloient s'allier à des Princes Mongoults ou Kal-kas, ils ne le pourroient fans la permiffion de l'Empe

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Le rang des fils de l'Empereur même, excepté de celui qui lui fuccede, diminue d'un degré à chaque génération. A la feptieme, l'aîné de ces branches n'est plus que fimple ceinture jaune ; les autres fe

trouvent jetés dans la claffe des fimples

citoyens.

à

Adminif tration de

Une Principauté héréditaire paffe, avec la Famille tous fes droits, d'un aîné, fils d'une Impé tate. femme légitime, à un autre aîné: cette regle a lieu pour chaque génération, moins que le poffeffeur ne fe rende coupable de quelque délit. Alors l'Empereur choifit pour le remplacer, ou quelqu'un de fes cadets, ou quelqu'un de fes coufins, mais toujours pris dans la même branche. On ne pourroit la dépouiller d'une Principauté héréditaire, fans faire le procès à tous ceux qui la compofent.

La feule autorité héréditaire des autres Princes n'exifte que dans les Bannieres Tartares. Là, ils occupent d'emblée un rang qu'ils tiennent de leur naiffance. Du refte, ils font foumis, dans des temps marqués, à des examens militaires; élevés ou abaiffés, felon qu'ils montrent plus ou moins d'intelligence & de lumieres. Les fils de l'Empereur & des Princes fes fils fubiffent les mêmes épreuves. La feule chofe qui les diftingue à cet égard, c'eft qu'ils ont, en particulier, leurs écoles, leurs Maîtres, leurs examens littéraires & militaires. C'eft d'après ces examens, dont on tient registre, qu'ils

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