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Mercantillage des

merce maritime chez les Chinois, c'est leur indifférence à cet égard, & la mauvaife conftruction de leurs vaiffeaux. Chinois, Ils en conviennent; mais y toucher fe- &c. roit, felon eux, déroger aux Loix & aux Constitutions de l'Empire..

CHAPITRE X I.
Obfeques.

Voici la plus importante de toutes

les cérémonies particulieres des Chinois. Obfeques. La mort d'un d'entre eux eft commúnément pour lui un jour d'éclat. Jamais il ne reçoit plus d'honneurs, plus d'hommages, que quand il n'eft plus.

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Peu de momens après fa mort, on le revêt de ses plus riches habits des marques de toutes fes dignités. On le place dans le cercueil qui vient d'être acheté pour lui, ou que lui-même avoit fait préparer d'avance; car un des plus grands objets de follicitude pour un 'Chinois, c'eft de fe préparer un cercueil, & de ne pas fe repofer de ce foin fur fes héritiers. Tel qui n'a pour tout bien que neuf à dix pistoles, en confacre la

meilleure partie à cet achat. QuelqueObfeques, fois le cercueil refte vingt ans inutile dans la maison; & c'eft, aux yeux du Maître, fon meuble le plus précieux. Dans le cas oppofé, & faute d'autres moyens, fouvent le fils se vend & s'engage pour procurer un cercueil à fon pere.

On voit des gens riches qui emploient jufqu'à mille écus pour avoir un cercueil de bois précieux, orné de différentes couleurs. Ceux des citoyens fimplement aifés font moins faftueux. Ils font formés de groffes planches, épaiffes d'un demi-pied, fouvent plus, & qui fe confervent long-temps. On les enduit, pour cet effet, de poix & de bitume; on les vernit en dehors; ce qui les empêche en même temps d'exhaler aucune mauvaise odeur.

L'ufage d'ouvrir les cadavres n'existe point à la Chine. On y regarderoit comme une cruauté inouie, puniffable, de féparer du corps le cœur & les entrailles, pour les enterrer féparément. On ne feroit pas moins fcandalife de voir, comme en Europe, des offe mens de morts entaffés les uns fur les autres. Un Chinois est toujours sûr d'être enfeveli tout entier, à moins qu'il n'ait

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perdu, par accident, quelqu'un de fes membres. Voici de quelle maniere on Obfeques. procede à l'enfeveliffement. On répand d'abord au fond de la biere un peu de chaux; on y place le corps, en lui puyant la tête fur un couffin, & l'on joint encore beaucoup de coton, pour qu'elle foit folidement pofée & ne vacille que difficilement. On emploie auffi le coton & quelques autres moyens pour maintenir le cadavre dans la pofition où il a été mis. La chaux & le coton fervent encore à recevoir l'humeur qui pourroit fortir du cadavre.

Il refte expofé fept jours, qu'on peut réduire à trois, fi quelque raifon forte y oblige. C'est durant cet intervalle que tous les parens & les amis, qu'on a eu foin d'inviter, viennent rendre leurs devoirs au défunt. Les plus proches párens restent même dans la maifon. Le cercueil eft exposé dans la falle de cérémonie, qu'on a tendue de blanc ; quelques pieces de foie noires ou violettes fe mêlent à cette couleur quelques ornemens de deuil. On place devant le cercueil une table, fur laquelle on pose foit l'image du défunt, soit un cartouche où fon nom eft écrit. L'un ou

ainfi que

l'autre est toujours accompagné de fleurs, Obfeques. de parfums, & de bougies allumées.

L'usage eft de faluer le cercueil comme fi celui qu'il renferme exiftoit encore. On fe profterne devant la table, & on frappe plufieurs fois la terre avec fon front; on place enfuite fur cette table quelques parfums & quelques bougies, dont on a eu foin de fe munir d'avance. Les amis particuliers du défunt, ou ceux qui étoient fuppofés l'être, accompagnent ces cérémonies de gémiffemens plus ou moins finceres.

Le falut qu'ils viennent de faire au cadavre du défunt, leur eft rendu par le fils aîné, accompagné de fes freres. Ceux-ci fortent de derriere le rideau qui est à côté du cercueil. Ils ne marchent point, ils rampent à terre, & fe traînent jufqu'au près de ceux qu'ils vont faluer. Ils ne fe relevent point pour retourner à leur pofte. Le même rideau cache les femmes, qui pouffent, à diverses reprises, les cris les plus lugubres.

Ceux qui viennent de rendre ces fortes de devoirs au mort, font enfuite conduits dans un autre appartement, où on leur préfente du thé, quelquefois des fruits fecs, &c. Un parent éloigné, ou

un ami de la maison, eft chargé, dans cette circonftance, d'en faire tous les Obfeques. honneurs il reçoit, & il reconduit.

Les amis dont la demeure eft peu éloignée de la ville, viennent rendre au défunt ces fortes de devoirs en perfonne; ceux qui fe trouvent ou indifpofés ou trop éloignés, s'en excufent par un billet dont un domeftique eft chargé. Toutes ces vifites font enfuite rendues par le fils aîné de la maison; mais tout fe réduit, pour l'ordinaire, à des billets de vifite. L'ufage eft de ne point se trouver chez foi quand il s'y préfente.

On informe par un nouvel avis les parens & les amis du défunt, du jour qu'on a fixé pour fes obfeques. Chacun, pour l'ordinaire, eft exact à l'invitation. Donnons ici une idée générale de cette cérémonie.

La marche du convoi eft ouverte par une troupe d'hommes qui marchent fur une feule file, & portent différentes ftatues de carton; les unes repréfentent des esclaves, les autres des tigres, des lions, des chevaux, &c. D'autres troupes viennent enfuite, & marchent fur deux rangs; les uns portent des étendards, les autres des banderoles, ou des caffolettes

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