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CHAPITRE II

Retraite de Pichegru; Moreau lui succède. Les Autrichiens abandonnent le Palatinat, pour se retirer à la droite du Rhin.

Le général Pichegru donna sa démission.

La lettre (1) que le directoire lui écrivit à cette occasion, fut consignée dans le nu

(1) Lorsque le directoire exécutif, citoyen général, s'est rendu aux demandes réitérées que vous lui avez faites de vous donner un successeur dans le commandement de l'armée, il n'a cédé à vos vœux que dans l'espoir de vous employer encore au service de la république d'une manière aussi utile pour elle qu'honorable pour

vous.

Il a pensé qu'après avoir contribué si puissamment à établir la liberté française, les armes à la main, vous saurez, dans une autre carrière, participer à son affermissement d'une manière non moins efficace.

En conséquence, jaloux de vous donner une nouvelle preuve de sa confiance et de son estime, il vous a nommé ambassadeur de la république française en Suède.

Le directoire exécutif est assuré qu'en traitant les grands intérêts de l'état, vous ajouterez à l'éclat de vos exploits guerriers, et qu'ainsi vous mettrez le comble à votre gloire, en acquérant de nouveaux titres à la reconnaissance nationale.

AN IV

méro du Moniteur du 19 germinal. Elle 1796. contredit l'assurance, donnée dans la suite, qu'à cette époque le gouvernement avait connaissance que ce général trahissait la république. Il eut pour successeur le général Moreau, qui avait déjà commandé en chef les armées.

Le général Jourdan, qui devait exécuter les principales opérations du plan de campagne offensif, avait sous ses ordres cent vingtcinq mille combattans, secondés à leur droite par l'armée de Rhin et Moselle, aux ordres. de Moreau, et à leur gauche par celle du Nord, commandée par le général Beurnonville.

Cette dernière armée, dont le quartier-général était à Dusseldorff, et dont les cantonnemens s'étendaient dans les environs de Cléves, de Burick, de Rhinberg et de Meurs était particulièrement chargée, comme je l'ai déjà dit, d'observer les mouvemens de l'armée prussienne; elle ne devait pas moins seconder le général Jourdan par-tout où son secours serait jugé nécessaire.

Les premières opérations de la campagne justifiaient le projet audacieux des Français; mais, dans la suite, lorsqu'ils s'enfoncèrent dans la Forêt Noire, les difficultés commencèrent à s'agglomérer; les revers furent aussi fâcheux que les succès avaient

été brillans pendant les premières attaques. Le premier prairial, les généraux qui AN IV. commandaient les avant-postes de l'armée Allemande, pour se conformer à l'article de l'armistice, portant que les armées ennemies s'avertiraient réciproquement dix jours avant de reprendre les armes firent prévenir les commandans français que les hostilités recommenceraient le premier juin (treize prairial ).

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En conséquence, la division de l'armée de Jourdan, cantonnée dans le Hundsruck, s'était portée, le douze, sur la Nahe, et en arrière du Sohnerwald. Le général Marceau, campé à Birkenfeld, attaqua les avant-postes ennemis, à la droite de la Nahe et les chassa de cette position, dans laquelle ils gênaient les communications de l'armée française. Le général Poncet força les défilés de Kirm, et le général Championet attaqua le cantonnement de Nidaw-Diéback, que les Autrichiens n'auraient pas dû occuper, d'après les conditions de l'armistice et qu'ils furent contraints d'abandonner.

Dans le même tems, le général Kléber, qui commandait la division de l'armée de Sambre et Meuse, cantonnée à la droite du Rhin, et dont les quartiers s'étendaient jusqu'aux bords de la Wupper, passant cette rivière, vint attaquer les Autrichiens, re

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tranchés sur les rives de la Sieg et de l'A 1796. cher, et après un combat opiniâtre, les força de s'éloigner de ces deux rivières. Ils se retirèrent sur Alten-Kirchem. Ces échecs déterminèrent le maréchal de Wurmser à évacuer, pendant la nuit du vingt au vingtun prairial, les villes de Spire, de Neustadt, de Kaiser-Lautern et tous les autres postes qu'il occupait dans le Bas-Palatinat, depuis les derniers jours de la campagne précédente. Les Autrichiens ne conservèrent que Mayence à la gauche du fleuve ; mais obligés de porter une partie de leurs forces dans le Brisgaw, menacé par l'armée de Rhin et Mozelle, ils ne pouvaient donner que de faibles secours à l'armée de l'Archiduc Charles, pressée par Kléber.

Ce général la fit attaquer, le dix-sept prairial, dans son camp retranché d'Alten-Kirchem, par la division du général Colaud. La victoire était encore incertaine, après quatre heures d'un combat aussi sanglant qu'opiniâtre, lorsque Colaud, également irrité de la résistance des ennemis et des pertes qu'essuyaient ses troupes, fit battre le pas de charge; les grenadiers s'élancent la bayonnette en avant; le camp fut forcé on fit près de quatre mille prisonniers. Les Français, profitant de leurs avantages, mettent le siège devant la forteresse d'Ehrenbreistein

ils étendent même leurs postes à la droite de la Lahn, tandis que Jourdan, faisant AN iv. passer le Rhin à ses principales forces dans les environs d'Andernach et de Coblentz, établissait son quartier-général à Neuwied. Le résultat de ces événemens, en exposant aux réquisitions de tous genres les pays situés entre la Wupper et la Sieg, qui, durant l'armistice, se trouvaient compris dans la ligne de neutralité, avait déterminé la cour de Vienne à demander une prolongation de la suspension d'armes, pour deux mois. Il fut même question de nouvelles propositions de paix; le gouvernement français rejetait avec raison des pourparlers insidieux, dont le seul but était de gagner du tems, et de rendre plus difficiles les approvisionnemens des armées françaises. Les généraux eurent ordre de suivre avec vivacité les opérations hostiles.

CHAPITRE III.

'Passage du Rhin par l'armée de Moreau

V

ERS les derniers jours de prairial, toute l'armée de Jourdan avait passé le Rhin, à l'exception des divisions des généraux Mar

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