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de cette rivière et de celle de Wardach 1796. le mettait en mesure de fermer

, par sa

gauche, aux Français, l'entrée de la Bavière, tandis que, par sa droite, il communiquait avec l'armée du Tyrol. Les généraux de Latour et de Wartensleben, qui commandaient son aile gauche répandue à la gauche du Danube, s'étaient retranchés avec soin sur les bords de la Nab, depuis le confluent de cette rivière dans le Danube jusqu'aux montagnes de Bohême. Ils couvraient, dans cette position, une partie du Haut-Palatinat, la Bohême et l'Autriche mais ils abandonnaient à l'armée de Sambre et Meuse le cercle entier de Franconie.

Les deux armées françaises s'avançaient vers le centre des possessions autrichiennes sur les deux rives du Danube. Jourdan tenait la route de la Franconie, pays abondant en toutes les denrées nécessaires à la nourriture d'une armée; Moreau s'avançait vers la Haute Souabe, qui n'offrait pas autant de ressources. Ses principaux efforts se dirigeaient vers le lac de Constance, pour pénétrer dans le Tyrol par les défilés de Vogelsberg, vers les sources de l'Inn, de Ja Lech, de la Bregens et de l'Adige, un des points les plus élevés de l'Europe.

Le général Férino, chargé de cette expédition avec l'aile droite de l'armée de Mo

reau, avait pénétré au-delà du lac de Constance, jusqu'aux bords de la rivière de AN IV. Bregens. Mais alors les difficultés se multiplièrent. On sait que pendant les campagnes de Bohême, en 1742 et 1743, l'armée française qui marchait au secours de Prague ne vint jamais à bout de forcer les gorges. de Saals et de Caaden, dans les environs d'Egra; ces gorges étaient peu de choses auprès des rochers élevés jusqu'aux nues et des précipices inabordables qui séparent les villes de Constance et de Lindau, de celles de Clurn et de Meran, dans un espace de quarante lieues, à travers les sinuosités des montagnes dans lesquelles on ne trouve presque par-tout que des sentiers abordables aux seuls pâtres du pays.

CHAPITRE VII.

Le feld-maréchal de Wurmser pénètre en
Italie. Révolte de Lugo.

TANDIS

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ANDIS que Murine se consumait en vains efforts dans les défilés de Feldkirck le feld-maréchal comte de Wurmser, ayant rassemblé un arméee beaucoup plus plus nombreuse celle que le général Dewins avait

que

1796.

demandée au commencement de la campagne pour défendre les Alpes Liguriennes, descendait en Italie à la droite et à la gauche du lac de Garda. Cette irruption jetait Bonaparte dans une perplexité d'autant plus grande, que ses forces se trouvaient disséminées dans ses nouvelles conquêtes en Piémont, à Livourne, à Ancône. L'espoir renaissait en Italie, parmi ceux.qui desiraient la ruine des Français: ils attendaient avec inquiétude les revers dont Bonaparte semblait menacé par la dispersion de son armée.

Les Autrichiens n'avaient pas franchi les limites du Tyrol, que des fanatiques publiaient dans le Milanais, dans les provinces pontificales, dont les Français étaient les maîtres, dans le Piémont et jusques dans Gênes, que , que le général Wurmser, ayant passé l'Adige et débloqué Mantoue, poursuivait les Français, et que le tems était venu de cacciate barbari, d'italia. Quelques milliers de paysans s'étaient rassemblés à Lugo, petite ville du Ferrarais. Leurs chefs publiaient une proclamation dans laquelle on lisait : « Les circonstances critiques dans lesquelles se trouve le peuple Lugois, par l'invasion des Français dans les provinces pontificales, l'enlèvement des subsistances, les insultes faites aux personnes, l'ont porté à prendre les armes pour la défense du sou

verain et de la patrie. Tous, dans le 'commun péril, doivent concourir au salut com- AN IV. mun. Ils espèrent, qu'animés par le zèle pour

כל

la religion, l'attachement pour sa sainteté, leur
légitime souverain, et l'amour de la patrie,
les Italiens travailleront unanimement au
succès d'un aussi beau dessein, en se rangeant
sous les glorieux étendards de l'Eglise.
: Dans une autre circonstance, cette ré-
volte eût à peine mérité l'attention des gé-
néraux français. Elle pouvait avoir alors des
suites plus fâcheuses que celle qui s'était
manifestée quelque tems auparavant dans
Pavie. Augereau y fit passer quelques troupes,
sous les ordres du chef de brigade Pourail-
lier. Cet officier donna trois heures aux Lu-
gois pour poser les armes, sous peine d'être
traités en rebelles. Non-seulement cette me-
nace fut méprisée; mais les habitans de Lugo,
instruits qu'environ soixante dragons mar-
chaient sur leur ville, en tuèrent plusieurs,
et portèrent leurs têtes en triomphe dans
leur ville, où elles furent exposées sur les
portes de la maison commune. On eût alors
recours aux armes. Les révoltés, après avoir
essuyé quelques coups de fusils, prirent la
fuite de toutes parts. Les soldats français,
entrant dans Lugo après leur victoire, mas-
sacrèrent tout individu trouvé dans les rues les
armes à la main, et mirent la ville au pillage.

Au retour de cette expédition, que la род 1796. sition de l'armée française rendait nécessaire, Augereau fit publier, dans les légations de Bologne et de Ferrare, la proclamation sui

vante :

Vous venez de voir un exemple terrible; Ie sang fume encore à Lugo. Lugo tranquille eût joui de la protection des lois et des douceurs de la paix. Des mères n'auraient point à pleurer leurs enfans, des femmes leurs maris, des orphelins leurs pères. Que cette épouvantable leçon ne soitpas perdue, qu'elle vous apprenne à apprécier l'amitié et la haine des Français! C'est un volcan, lorsqu'il s'irrite. Il renverse, il dévore tout ce qui s'oppose à son éruption; mais il protège ceux qui demandent son appui. Méritez sa confiance par quelque acte qui lui assure qu'elle ne sera pas trahie. Depuis trop long-tems des hommes. pervers abusent de sa bonne foi; voici ce que sa sûreté exige de vous, et ce que j'ordonne :

Toutes les armes à feu, qui se trouvent chez des particuliers, seront déposées, dans les vingt-quatre heures, à Ferrare; et tout individu qui ne se sera pas conformé à cette loi, sera fusillé sur-le-champ...

Toute ville ou tout village, dans le territoire duquel un soldat français sera assassiné, sera brûlé, si l'assassin n'est pas connu.

Si un habitant est convaincu d'avoir tiré

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