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MOYEN AGE ET RENAISSANCE

PREMIERE PARTIE

DE

ADRIEN DE LONGPÉRIER

MEMBRE DE L'INSTITUT

MONNAIES INÉDITES

DE QUELQUES PRÉLATS FRANÇAIS.

(Extrait du tome II de la Revue numismatique, 1837,
pp. 360-369.)

En permettant de faire connaitre les monnaies inédites éparses dans les collections, la Revue offre certainement le meilleur moyen de préparer la publication de bonnes et complètes monographies numismatiques de nos ancienne provinces.

Pour hâter un résultat si désirable, il faut que chacun apporte ce que le hasard lui fait découvrir, en se persuadant bien que la monnaie qui semble avoir le moins d'importance, prise isolément, peut acquérir un grand intérêt comme complément d'une suite déjà formée, ou comme jalon dans une nouvelle série; et surtout qu'il n'est pas nécessaire pour publier une pièce qu'elle soit singulière, mais que l'on doit mettre au jour tout ce qui est inédit ou reproduire ce qui a été mal interprété.

Profitant donc de la facilité qui m'est accordée de publier ce que je connais de monuments intéressants, j'ai rassemblé ici

T. IV.

1

quelques monnaies de prélats, qui, je pense, étaient restées inconnues aux numismatistes.

Quoique frappées dans différentes villes, elles appartiennent cependant à la même région, le midi de la France, et ainsi rapprochées, elles permettent d'observer le plus ou moins d'analogie qu'elles présentent entre elles, sous le double rapport de la fabrique et du type.

I

On ne connaissait point encore de monnaie épiscopale de Lyon portant un nom d'archevêque ou un signe quelconque qui pût la faire attribuer à une époque certaine. Duby, qui donne douze variétés de la monnaie de cette ville, variétés qui ne consistent, pour la plupart, que dans la forme des lettres ou dans la différence du poids, se borne à dire qu'elles ont été frappées au xive siècle, encore n'exprime-t-il cette opinion que sous la forme d'un doute.

Je ne tiens pas compte ici du tiers de sol d'or attribué par le baron Marchant à Pierre Godwin, parce que l'explication qu'il donne de cette pièce, toute ingénieuse qu'elle soit, n'est pas appuyée sur des témoignages suffisants, et que je ne puis croire qu'au viie siècle aucun personnage ait placé son nom sur la monnaie autrement qu'en qualité d'officier monétaire (1).

Le fait est qu'il est extraordinaire que l'archevêque de Lyon n'inscrivît pas son nom sur la monnaie de son église, tandis que c'était une coutume établie dans de forts petits évêchés et même dans certaines abbayes. Serait-ce que la grandeur même de cette église, le premier siège des Gaules, l'eût emporté sur la puissance d'un évêque sujette à varier suivant le plus ou moins de crédit du titulaire? ou bien les prélats cher

(1) On peut objecter que M. de Saulcy a publié un tiers de sol avec le nom du duc Gondoald; mais une telle exception faite en faveur d'un personnage aussi éminent que Gondoald, à qui Childebert devait la couronne et la vie, n'est pas applicable à un évêque obscur. D'ailleurs, Gondoald, malgré sa qualité de duc, peut avoir été maître de la monnaie, fonction séculière, incompatible avec le titre d'évêque.

chèrent-ils, en conservant à leur monnaie un type fixe, à empêcher le peuple de s'apercevoir de l'altération qu'ils pouvaient apporter dans le titre de l'argent, et de distinguer la valeur des monnaies par l'époque de leur émission.

Quel que soit le système qui ait présidé à la fabrication de la monnaie lyonnaise, toujours est-il qu'il fut constamment suivi pendant une période que nous pouvons faire durer de la fin du XIe siècle au xve environ.

La pièce que je donne ici sous le n° 1 n'est, je crois, qu'une exception dont je vais essayer d'expliquer la cause, mais qui, à ce qu'il semble, n'influa en rien sur les habitudes monétaires de l'archevêché de Lyon, puisque les n° 2, 3 et 4, qui sont évidemment d'une époque plus récente, sont anonymes comme auparavant.

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N° 1. K majuscule, surmonté d'une mitre, entre un soleil et un croissant; dans le champ, de chaque côté, une fleur de lis; autour, la légende : PRIMA SEDES. Le tout renfermé dans un cordon de fleurs de lis.

R. Croix. Légende intérieure: GALLIARVM; seconde légende: ARCHIEPISCOPVS ET COMES LVGDVNENSIS. Billon. - 36 grains et demi. - Cabinet du roi.

Il est évident que cette monnaie est une imitation du gros de Charles V, avec lequel elle présente les plus grands rapports. On peut donc la regarder comme contemporaine.

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D'un autre côté, la lettre initiale K ne peut s'appliquer qu'à un prélat du nom de Charles. Je crois donc pouvoir donner cette monnaie à Charles d'Alençon, premier archevêque de ce nom et cousin du roi Charles V.

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