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latèque devastare patietur? An non quod accepit ab optimo parente, optimè institutus id posteris tradet? emergetque Galliæ, ex illâ pulcherrimâ sanctissimâque disciplinâ, perpetua regum series; qui Carolum Magnum, qui sanctum Ludovicum, qui nostrum quoque Ludovicum referant, planèque intelligant reges francos verè christianissimos atque Ecclesiæ primogenitos, fidei propugnandæ ac frangendæ impiorum audaciæ esse natos factosque.

Quod ad me attinet, beatissime Pater, cùm nihil planè habeam tanta vestrâ benignitate atque apostolicæ benevolentiæ testificatione dignum, id unum intelligo mihi commendationi fuisse, quod fidem catholicam maximè propagatam atque ecclesiasticam disciplinam impensissimè restitutam velim. Id nimirum unum Vestra Sanctitas curat, id agit, id spirat. Fortunet verò labores vestros Deus optimus maximus, qui vos in tantam sedem evexit, ut Ecclesiæ laboranti succurreret. Habeat vos diutissime Petri cathedra, orbi christiano virtute magis quàm loco præsidentes. Dum tubâ insonatis, atque ad ecclesiasticam pacem paternosque complexus omnes undecumque christianos evocatis, Jericho corruat, exurgat verò Jerosolyma, Dei sanctuarium instauretur: neque tantùm schismata hæresesque discedant; sed Ecclesia Christi prodeat nativo decore conspicua, suis firmata regulis, antiquis illis suis castissimisque moribus exornata. Id verò vestrum est, beatissime Pontifex, id vestra tempora postulant, id ut vobis eveniat assiduis suppliciis Deum flagito ; ac Vestræ Sanc

est de réprimer leur audace. Il fera instruire sa postérité comme il l'a été lui-même. La France portera toujours des Charlemagne, des saint Louis et des Louis le Grand; et ses rois apprendront qu'être roi de France, c'est être vraiment très-chrétien, vrai fils aîné de l'Eglise, son protecteur naturel contre les impies, et invincible vengeur de leurs attentats.

Quant à moi, très-saint Père, qui ne mérite les bontés extrêmes dont il a plu à Votre Sainteté de m'honorer, que par un désir immense de voir la foi étendue, et la discipline ecclésiastique heureusement rétablie; je ferai des vœux continuels pour Votre Sainteté, dont tous les desseins tendent uniquement à ces deux choses. Puissions-nous voir longtemps un si grand pape dans la chaire de saint Pierre, y tenir la première place de l'Univers, plus encore par ses vertus que par l'autorité d'une charge si éminente! Puisse le Dieu qui vous a élevé à un si grand siége pour le bien de son Eglise, bénir vos soins et vos travaux! Pendant que Votre Sainteté sonne la trompette pour appeler tous les chrétiens à l'unité catholique et à vos embrassements paternels, puissions-nous voir tomber à vos pieds sacrés les murailles de Jéricho, c'est-à-dire les schismes et les hérésies. Mais en abattant cette infidèle Jéricho, il faut encore relever la sainte Jérusalem: c'est-à-dire, rendre à l'Eglise son ancienne beauté, ses premières mœurs, ses règles et sa discipline. Voilà, très-saint Père, le digne ouvrage de Votre Sainteté; c'est ce qui semble être réservé à votre pontificat. Je ne cesse de prier Dieu qu'il vous fasse cette grâce; et humblement prosterné aux pieds En 1664, six mille François, la plupart d'entre la noblesse, s'empressèrent de venir 'soutenir les Impériaux, vivement pressés par les Turcs, qui avoient fait une irruption dans la Hongrie, et contribuèrent beaucoup au gain de la bataille de Saint-Gothard. En 1668 et en 1669, Louis XIV envoya différents secours à Candie, qui retardèrent au moins de plusieurs mois la prise de cette place, s'ils ne purent en faire lever le siége.

titatis pedibus advolutus apostolicam benedictionem expecto, eique me meaque omnia summa animi demissione subjicio.

Deus Sanctitatem Vestram diu Ecclesiæ suæ salvam et incolumem custodiat, Domine beatissime et in Christo colendissime, sancte Papa.

Vestræ Sanctitatis,

Devolissimus et obedientissimus filius,

+ J. BENIGNUS, Ep. Condomensis.

In palatio Versaliensi, vIII kalendas decemb. 1678.

de Votre Sainteté, j'y attends sa bénédiction apostolique, lui soumettant, avec un profond respect, mes écrits et ma personne.

Dieu veuille conserver longtemps Votre Sainteté à son Eglise, très-saint Père, digne, en Jésus-Christ, de tout respect et de tout honneur. etc.*

A Versailles, ce 24 novembre 1678.

* Le pape fit réponse à cette lettre de M. de Condom, par son bref du 4 janvier 1679, qui contient l'approbation expresse du livre de l'Exposition. Bossuet le fit imprimer en son rang, dans le recueil des approbations données à cet ouvrage, qu'il mit en tête d'une nouvelle édition de ce livre. Toutes ces pièces se trouvent réunies dans le tome xi de notre édition, avec l'Exposition de la doctrine de l'Eglise catholique.

Le cardinal Cibo accompagna le bref du pape d'une lettre, en réponse à celle que M. de Condom lui avoit écrite; nous la donnons après celle-ci.

EPISTOLA LXI.

CARDINALIS CIBO.

Benevolentiæ Pontificis ipsum certiorem facit, et quanto sit apud eum id pretio ei denuntiat.

Cùm sibi jam aditum ad sanctissimi domini nostri benevolentiam aperuerat, illustrissimæ dominationis tuæ virtus et eruditio, ut manuductore non indigeret, litteras sanè tuas eâ excepit paterni erga te animi significatione Sanctitas sua, quæ devoto illarum officio, et præsuli omni laude præstanti, ac de catholicâ religione præclarè merito debebatur. Id illustrissima dominatio tua ex adjunctis Sanctitatis suæ litteris cognoscet uberiùs quàm ex meis: neque dubito quin re ipsâ etiam cognitura sit, si occasio se dederit pontificiæ benignitatis experiendæ.

Probè intelligit Sanctitas sua, et quidem magno cum animi sui solatio, quantùm illustrissima dominatio tua prodesse christianæ reipublicæ possit, cùm piis doctisque ingenii tui fœtibus, tum institutione serenissimi Delphini, qui auctoritate et exemplo suo comprobaturus olim sit quæ tu ad instaurandam Ecclesiæ disciplinam et ad profligandam hæresim doctè sapienterque tradideris. Ego sanè pro comperto habeo nullâ in re magis posse me Sanctitatis suæ animum demereri, quàm occasiones illi suppeditando, tibi, tuique similibus viris gratificandi: qui interim illustrissimæ dominationi tuæ de humanissimâ ad me scriptâ epistolâ gratias agens, omne studium, om

nia officia mea ex animo offero, ac sospitatem diuturnam atque florentem àDeo auguror. Illustrissimæ dominationis tuæ servitor,

Romæ, die 4 januarii 1679.

ALDERANUS, cardinalis CIBO.

LETTRE LXII.

AU MARÉCHAL DE BELLEFONDS.

Sur l'extrême douceur dont Jérémie, et surtout Jésus-Christ, nous ont donné l'exemple..

Je vous prie, monsieur, de me mander de vos nouvelles, sans oublier celles de votre santé. Pour nous, nous allons toujours expliquant les saints prophètes. Nous sommes bien avant dans Jérémie; et nous ne cessons d'admirer sa manière forte et douce. La douceur avec laquelle il plaide sa cause devant les grands assemblés en conseil, et devant le peuple, est admirable. Il n'est pas moins merveilleux quand il répond au faux prophète Ananias. Le bel exemple! Comme il souhaite de bon cœur que les promesses favorables de ce faux prophète soient accomplies! Avec quelle modestie lui parle-t-il! De lui-même, il ne lui dit rien de fâcheux, et n'ose pas le reprendre : s'il le fait à la fin, c'est que Dieu l'y oblige. Dieu nous fasse la grâce, quand nous serons attaqués, d'agir dans le même esprit ; quoique nous ayons encore un plus grand exemple, qui est celui du Sauveur même, qui ne se défend que par son silence. Quelle dignité et quelle autorité dans ce silence de Notre-Seigneur! Quelle punition à ceux à qui il ne daigne pas faire voir son innocence! et qu'ils méritoient bien que l'instruction de la parole leur fût refusée, eux qui n'avoient pas cru à celle des œuvres !

Voilà, monsieur, un petit sermon que je vous fais, afin que vous soyez toujours de la communion du concile de Saint-Germain. Nous vous regardons toujours comme un des Pères laïques.

La lettre de notre saint ami2 a fait grand bruit; n'importe : car elle ne fait pas ce bruit pour être partiale, mais parce qu'elle est simple, et que les partis veulent qu'on entre dans leur chaleur. Au fond, malgré les contradictions, je crois qu'elle édifiera; et je ne me repens point que nous l'ayons divulguée. Je vous prie, quand vous le verrez, de le prier de redoubler ses prières pour moi, et de demander à Dieu ma conversion. C'est une étrange chose d'estimer tant la vertu,

C'est ainsi qu'on appeloit en cour l'assemblée de plusieurs savants, qui se rendoient à certains jours auprès de Bossuet pour conférer sur l'Ecriture, la théologie et d'autres matières ecclésiastiques ou philosophiques.

Tout porte à croire qu'il s'agit ici de la lettre de l'abbé de Rancé, au sujet des humiliations qu'on faisoit subir à des religieux, en leur imputant des fautes ou des défauts dont ils n'étoient pas coupables, et telles qu'elles se pratiquoient à la Trappe. La lettre L, ci-dessus, adressée à M. Le Roi, abbé de Haute-Fontaine, fait connoitre le sujet de cette contestation.

et de n'en avoir point. Prions les uns pour les autres : Dieu soit avec

vous.

A Saint-Germain, ce 22 janvier 1679.

LETTRE LXIII.

A M. NICAISE, CHANOINE DE LA SAINTE-CHAPELLE DE DIJON. Le prélat lui fait connoître le jugement qu'il porte des différents écrits de M. Spon.

Vous pouvez assurer M. Spon ', monsieur, que ses Miscellanea 2 seront bien reçus de monseigneur le Dauphin, et qu'il peut les lui dédier, aussi bien que sa Réponse à la Guilletière'. Nous avons estimé son Dictionnaire. Pour son In te, Domine, speravi, il nous a paru ce qu'il étoit, c'est-à-dire, ridicule et profane. Au surplus j'ai ouï dire qu'il y avoit quelques bonnes remarques dans son livre : car pour moi je n'en ai rien lu; mais j'ai lu avec grand plaisir tout le Voyage de M. Spon, plein de belles observations, et de recherches curieuses de l'antiquité. Il a donné au public une bonne opinion de son érudition, qui prépare bien les voies à ses Miscellanea. L'inscription est du goût antique : il me semble qu'il pourroit ôter le futuro, et laisser le deliciis tout seul. Je ne sais ce que peut signifier parmi nous le principi juventutis, ni le tutelari genio pacis. Pour le à divis concesso, l'allusion en est ingénieuse, mais il est païen; et s'il faut imiter les anciens, c'est principalement en ce qu'ils ont fait leurs inscriptions selon leurs mœurs et leur religion, sans y rien mêler d'étranger. Les auteurs exacts n'approuvent pas qu'on se serve du mot de divi pour les saints, quoique les catholiques s'en soient servis aussi bien que les protestants. Dans l'inscription pour le roi, il y a trois adverbes de suite, celeriter, fortiter, audacter; ce qui est du style affecté, plutôt que de la grandeur qui convient aux inscriptions: je les ôterois tous trois. Je doute aussi un peu du conculcatis, et je ne sais si ce mot se trouve en ce genre: il paroît un peu trop figuré, et trop éloigné de la simplicité. Je ne sais si pace datâ ne seroit pas mieux qu'oblatâ : le reste est excellent.

Voilà, monsieur, ce que vous avez souhaité de moi ; c'est-à-dire, mon avis très-simplement. Conseillez à M. Spon d'éviter les railleries excessives dans sa Réponse aux turlupinades elles tombent bientôt dans le froid; et il sait bien que les plaisanteries ne sont guère

1 Médecin de Lyon, qui professoit la religion protestante. Il s'est rendu célèbre, dans la république des lettres, par un grand nombre d'ouvrages.

2 Miscellanea eruditæ Antiquitatis, in-fol., imprimés plusieurs fois.

3A M. Guillet, qui avoit écrit contre son Voyage de Grèce et du Levant, publié en trois volumes in-12.

4 Il s'agit de l'inscription que M. Spon devoit mettre à la tête de ses Miscellanea, pour les dédier à M. le Dauphin, et il paroit, en examinant celle qui s'y trouve, que cet auteur a exactement suivi les observations de Bossuet.

du goût des honnêtes gens : ils veulent du sel, et rien de plus. S'il faut railler, ce doit du moins être avec mesure. Assurez-le de mon estime. Comme je le vois né pour le bon goût, je serois fâché qu'il donnât dans le mauvais. Je suis, monsieur, comme vous savez, trèssincèrement à vous, et ravi de voir l'amitié qui est entre vous et M. Drouas.

A Saint-Germain, ce 9 février 1679.

EPISTOLA LXIV.

AD CARDINALEM CIBO.

Epistolam ei mandat quâ Pontifici maximo serenissimi Delphini studiorum rationem exponit.

Cùm in eo essem, ut acceptis apostolicis tuæque Eminentiæ litteris', ad agendas gratias totâ mente conversus, eas in sinum tuum lætus effunderem, nova scribendi ad te, eaque mihi jucundissima, occasio supervenit. Petiit à me qui Sedis apostolicæ negotia tractat, vir amplissimus atque humanissimus, dominus Joannes - Baptista Laurius, uti perscriberem ad serenissimi Delphini animum informandum quam viam secuti simus: scriptum ad te mitterem, non modò perlegendum; sed etiam ipsi Pontifici meo nomine offerendum id Eminentiæ tuæ, id Sanctitati suæ gratissimum futurum. Rem sanè apostolicâ sollicitudine dignissimam tantique Pontificis paterna viscera demonstrantem, animum adhibere institutioni principis ad tantum imperium catholicæque fidei defensionem nati.

Ego, eminentissime princeps, cui præcipua cura est Pontifici morem gerere, tuæque Eminentiæ jam in me propensissimam ac testatissimam voluntatem magis magisque demereri, confecto penè cursu, totam studiorum nostrorum rationem diligenter expono, atque ab ipso Pontifice verè sanctissimo per Eminentiam tuam summâ demissione flagito, ut emendanda significet, addenda constituat, peccata condonet; tum, pro illâ suâ in regem Delphinumque patriâ charitate, nos tanto in officio desudantes sanctissimis precibus atque apostolicâ benedictione sustentet. Tu quoque, eminentissime cardinalis, quâ, in ipsâ christianitatis arce constitutus, rem universam christianam complecteris, prudentiâ singulari nostros conatus adjuves, mihique porrò eam, quà maximè lætor, benevolentiam exhibere non desinas. Vale.

In palatio San-Germano, 8 Mart. 1679.

Hic agitur de brevi pontificio, 4 Januarii 1679, deque epistolà cardinalis ei adjuncta. Vide suprà Epist, LX, LXI.

* Protonotarius apostolicus, ac nuntiaturæ auditor in Gallia.

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