Images de page
PDF
ePub

Le gouvernement fédéral se compose d'un président et d'un vice-président de la République, élus tous deux pour quatre ans par le peuple; le pouvoir législatif est exercé par un Sénat de 63 membres, nommés, à raison de 3 par Etat et de 3 pour le district fédéral, pour neuf ans, renouvelables par tiers, tous les trois ans, et par une Chambre des députés composée de 212 membres élus pour trois ans à raison d'un député pour 70 000 habitants.

De 1820 à 1915, l'immigration a fourni au Brésil 3 448 000 habitants sur lesquels on a complé 2834 000 Latins, principalement Italiens, Portugais et Espagnols et 201 370 Germains, concentrés dans les Etats du Sud.

Le Brésil est, superficiellement, le quatrième Etat du monde, venant après la Chine, les Etats-Unis et le Canada. Il couvre presque la moitié de l'Amérique du Sud (8 485 776 km2). Il se compose de deux régions distinctes au nord, la plaine tropicale de l'Amazonie et au sud le plateau du Brésil.

La population, d'après le recensement de 1920, n'est que de 30 635 000 habitants, soit 3,65 par kilomètre carré. C'est un chiffre très faible, duquel il convient cependant de rapprocher les 4 millions d'habitants de 1830 et les 17 314 000 de 1900. Dans les vingt dernières années, la population a donc presque doublé.

La côte brésilienne mesure plus de 7900 kilomètres et les ports, qui, pour la plupart, sont les villes principales, s'y échelonnent. La capitale fédérale, Rio de Janeiro, qui compte près de 1 200 000 habitants, est assise sur une baie dont la beauté est célèbre. Les plus importants des autres ports sont : Bahia, Pernambuco, Santos, Para, Rio Grande do Sul.

L'Amazone et ses nombreux affluents forment un réseau de navigation fluviale immense. Les chutes d'eau sont très importantes, mais jusqu'ici elles n'ont été qu'assez peu exploitées.

Ce n'est que depuis une trentaine d'années que le Brésil s'est préoccupé de mettre en valeur les richesses de son sol par la construction de voies de transport. Son réseau de chemins de fer a maintenant une longueur totale d'environ 29 000 kilomètres, ce qui est encore bien insignifiant pour une contrée aussi étendue.

II

La forêt est la principale ressource de l'Amazone et le caoutchouc a été jusqu'à une époque assez récente l'un des plus importants produits d'exportation du Brésil. En 1912 encore, sur 104 000 tonnes

TOME LXXIII. NOVEMBRE 1922

10

que le monde entier produisait, la part du Brésil était de 47 000 tonnes. Mais depuis lors, le caoutchouc des plantations asiatiques a définitivement supplanté le caoutchouc sauvage du Brésil; en 1919, il n'en a plus fourni que 33 000 tonnes sur un total de 306 000 tonnes, et la situation a encore empiré depuis, ce qui a mis les Etats et les villes (Manaos et Para) tributaires de ce produit en très fâcheuse posture. En 1910, le Brésil avait encore exporté pour £ 24 383 690 de caoutchouc, chiffre tombé à £ 10375 000 à la veille de la guerre et à £ 1231 000, en 1921. Des essais ont été faits pour développer d'autres cultures (coton, cacao, riz, canne à sucre et tabac entre autres) et pour tirer mieux parti des richesses forestières. Ils n'ont pas tous été très heureux. Cependant, en ce qui concerne le cacao, le Brésil figure, d'ores et déjà, au second plan des pays producteurs du

[merged small][ocr errors]

Mais c'est surtout la culture du café, concentrée dans les Etats du Sud, qui, de longue date, donne au pays sa valeur internationale. Les premières exportations de café datent de 1809. Elles s'élevaient à 3 256 089 sacs en 1855. Elles sont, bon an mal an, de 11 à 15 millions de sacs (de 60 kilogrammes) de café (12 millions 369 000 sacs en 1921 et 11 525 000 sacs en 1920), et la production globale représente les trois quarts de la production du monde. Le Brésil est donc, et de beaucoup, le pays où la culture du café est la plus développée. L'Etat de Sao Paulo en compte à lui seul près d'un milliard de plants; cette culture est aussi très répandue dans les Etats voisins (Rio et Minas Geraes). En 1921, les exportations de café brésilien représentèrent une valeur de £ 34 694 000, soit près de 60 p. 100 du total des exportations de cette année (£ 58 587 000).

D'après les statistiques du Syndicat du commerce des cafés, publiées par M. E. Laneuville, l'approvisionnement visible du monde s'élevait, au 1er juillet 1922, à 8593 000 sacs contre 8 millions 522 000 sacs, en 1921. Sur ce total, 4 millions et demi de sacs représentaient le stock de café valorisé par le gouvernement fédéral. La production totale du monde a été, en 1921-1922, de 19 788 000 sacs, dont 12 862 000 sacs, soit près de 65 p. 100, provenaient du Brésil. Pour la campagne 1922-1923, la production totale est estimée à 17 millions de sacs, dont 11 millions pour le Brésil.

En temps normal, le monde consomme annuellement de 19 à 20 millions de sacs dont les deux cinquièmes proviennent de l'Etat de Sao Paulo.

Mais cette prééminence du Brésil sur le marché des cafés n'est

pas sans comporter de gros risques, l'Etat étant à la merci d'une baisse subite des prix de ce produit ou de sa mévente passagère; de plus, le café est parfois considéré comme produit de luxe et l'importation en a souvent été soumise à des restrictions. C'est ce qui a induit le gouvernement à intervenir trois fois en quinze ans (en 1906, en 1917 et en 1921) sur le marché du café en vue de la régularisation des prix de ce produit. Jusqu'à présent, trois opérations dites de valorisation ont été effectuées au Brésil, en Europe et aux Etats-Unis.

Notre confrère de la Société d'économie politique, M. le baron d'Anthouard, qui, en qualité de ministre plénipotentiaire, a représenté avec distinction la France au Brésil, a donné, à la réunion du 4 avril 1912, d'intéressants détails sur le mécanisme de ces valorisations lesquelles, conformément aux règles fondamentales de l'économie politique à rebours, ont pour objet de faire résulter l'abondance de la restriction et de rappeler à la modestie cette préscmptueuse loi de l'offre et de la demande, laquelle se rit des efforts de ses adversaires et persiste à se croire destinée à régenter le monde à perpétuité.

L'essentiel du système est une opération de protectionnisme et de monopolisation. Les planteurs se plaignaient, il y a une vingtaine d'années de ne pas vendre à des prix rémunérateurs. La culture extensive, conséquence de l'activité artificielle donnée aux affaires par les émissions exagérées de papier-monnaie, les difficultés de recrutement de la main-d'œuvre résultant de l'abolition de l'esclavage, laquelle ne date que de 1888, les méthodes commerciales défectueuses, l'usure étaient les causes du mal.

Une enquête établit que le Brésil était à peu près le maître du marché international du café et l'on crut observer deux lois, l'une que. suivant un rythme régulier, une forte récolte était suivie de trois ou quatre faibles; la seconde que, la consommation croissant régulièrement, la surproduction de l'année d'abondance était absorbéc durant la période des années déficitaires.

Ces constatations faites, il fut procédé, dès 1903, à diverses operations qui consistèrent dans la destruction de certaines plantations et dans l'établissement d'un impôt prohibitif sur les plantations nouvelles. De cette façon, la concurrence entre producteurs était supprimée et la culture du café était monopolisée entre les mains des planteurs existants, ce qui leur permettait de relever leurs prix de vente, mais fermait, au profit de quelques privilégiés, un débouché à l'activité d'autres cultivateurs. Cala donnait une valeur artificielle aux plantations existantes, mais n'était certes

pas fait pour attirer au Brésil beaucoup d'immigrants ni pour accroître la prospérité du pays.

Ces mesures préliminaires prises, il fut décidé qu'à la première grande récolte, la quantité excédant la consommation moyenne annuelle serait mise en réserve pour être écoulée les années suivantes. Une autre mesure fut la création d'une caisse de conversion destinée à fixer le cours du milreis. Les Etats grands producteurs de café, Sao Paulo, Minas Geraes et Rio de Janeiro, conclurent entre eux et le gouvernement fédéral, en 1906, le convenio de Taubaté dont diverses dispositions avaient pour objet de réorganiser le commerce du café, d'en perfectionner la culture et d'améliorer la situation des planteurs. En outre, il était établi une surtaxe de 3 francs, portée ensuite à 5 francs, à l'exportation pour gager les emprunts nécessaires pour réaliser ces mesures et soutenir les cours jusqu'à 50 ou 56 francs la première année et 60 francs les années suivantes, par sac de 60 kilogrammes. Les contractants ne tardèrent pas à se retirer et Sao Paulo était seul lors de la récolte énorme de 1906-1907. I acheta, partie au comptant. partie à terme, de grandes quantités de cafés et dut emprunter sous diverses formes 475 millions de francs. Malgré ces achats, les cours du café baissèrent. Le Havre cotait 49 francs en juillet 1906 et 40 francs quelques mois plus tard. L'opération qui menaçait de mai tourner fut sauvée par un syndicat international qui avança à l'Etat les sommes dont il avait un pressant besoin. Les cours se relevèrent jusqu'à 80 francs en 1911.

Cette première valorisation a été liquidée, en 1917, par le remboursement des emprunts qu'elle avait motivés. Mais n'a-t-elle pas imposé des charges au contribuable ? M. d'Anthouard émettait des doutes assez justifiés sur ce point en 1912. Il montrait aussi que les prévisions d'augmentation de la consommation avaient été déçues. On avait compté sur un accroissement d'environ 500 000 sacs par an. Or, de 1900-1901 à 1910-1911, la progression moyenne annuelle a été de 300 000 sacs. En outre, la situation rivilégiée dont Sao Paulo jouit actuellement ne présente pas de garanties La culture du café a déjà pris de l'importance dans certains Etats du Brésil. Elle peut se développer dans les autres pays producteurs. Dans ce cas, le Brésil serait bien obligé de vendre ses cafés au prix de la concurrence et les combinaisons auxquelles il a recouru lui créeraient de grands embarras.

Les nouvelles valorisations de 1917 et de 1921, outre qu'elles ont comme la première le vice théorique d'avoir pour base une opération d'accaparement, présentent des risques sérieux et con

tribuent à augmenter l'inflation fiduciaire qui atteint déjà des proportions inquiétantes. A aucun égard donc ces opérations ne sont recommandables. Ce sont des expédients; ils ne sauraient être érigés en système.

III

Le gouvernement s'est efforcé de développer d'autres cultures que le café et l'industrie.

La production du riz, du manioc, des fèves, du mais est insuffisante pour la consommation et le Brésil doit importer annuellement de grandes quantités de blé et de farine.

Les mines d'or, de diamant et de pierres précieuses ont fait pendant longtemps la richesse du pays. La production croissante d'autres régions a beaucoup diminué l'importance de ces exploitations. Le Brésil possède de très riches gisements de minerai de fer. Ce devrait être pour lui une grande source de prospérité. Ils sont à peine exploités.

L'industrie brésilienne, longtemps très peu importante, s'est, comme celle des autres républiques sud-américaines, développée pendant la Grande Guerre. En 1920, 36 338 établissements industriels étaient exploités, dont 1790 à la vapeur. L'industrie textile, cotonnière surtout (242 usines avec 1 500 000 broches et près de 110 000 ouvriers), est, d'ores et déjà, en état de fabriquer les trois quarts des tissus dont la population a besoin; le gros du coton produit au Brésil se travaille dès maintenant dans les établissements du pays. Les usines de viandes frigorifiées et congelées, dont les produits furent très recherchés pendant la guerre, les sucreries, la métallurgie, les fabriques de tabac et les brasseries se sont également développées, moins cependant que les industries textiles.

Malgré les difficultés des transports, et le coût élevé du fret, les années de guerre ont été, pour le commerce brésilien, une période de grande prospérité. Le total des exportations brésiliennes qui, en 1913, était de £ 65 461 000 pour 1 382 000 tonnes, s'élevait progressivement à £ 107 521 000 et à 2101 000 tonnes, en 1920 Sur ces totaux, les achats de l'Europe formaient une part considérable.

Naturellement, pendant cette même période, l'importation de produits européens était très réduite et c'est principalement des autres pays d'Amérique que le Brésil tirait ce qu'il avait besoin de se procurer au dehors.

On peut noter avec satisfaction

favorable de la balance

« PrécédentContinuer »