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convenait mieux pour la besogne posthume que lui a assignée Lénine.

Nous recommandons la lecture des pages où M. Nicholson analyse le léninisme, où il le montre exerçant la tyrannie la plus cruelle, condamné à la faillite économique et financière, ruinant la population, et montrant dans un avenir de plus en plus éloigné la réalisation du bonheur promis. La disparition de l'Etat qui doit procurer la liberté absolue, complète, doit être acquise au prix de la guerre des classes, de la guerre civile, du travail forcé c'est tou jours le même mirage. Seulement en attendant, en Russie, la population meurt de faim et les exécutions continuent. M. Lloyd George, proclame l'impossibilité de vivre du bolchevisme, mais il négocie avec ses délégués.

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J.-B. LEGROS.

LIMITS OF SOCIALISM, by F. BOUCKE, chez Macmillan. (New-York et Londres, 1920.)

La littérature du socialisme s'est prodigieusement accrue dans les dernières années. Après avoir été comme un repoussoir, la controverse sur les questions fondamentales qui divisent économistes et socialistes a repris de plus belle. Beaucoup de gens qui avaient cru découvrir un argument nouveau se sont jetés dans la mêlée. Il en est que le sophisme et la dialectique de Marx ont touché, qui voudraient à la fois sacrifier sur les autels opposés et auxquels la condamnation du socialisme occasionne une véritable souffrance. Ils auraient voulu dans le fond de leur cœur, pouvoir arriver à une conciliation impossible.

Avec un grand renfort d'allusions aux sciences médicales, avec des rapprochements entre la médecine, la psychologie, la biologie et l'économie politique ou la sociologie, ils s'efforcent de créer une ambiance au milieu de laquelle ils puissent rendre hommage à Karl Marx sans démériter de ses adversaires. C'est le cas d'un professeur d'Economie politique au Pennsylvania State College, M. Boucke. Celui-ci s'est efforcé de dégager la doctrine de Karl Marx, de montrer l'influence des économistes comme Ricardo, les déformations auxquelles Marx a soumis leurs pensées. Il a constate I effort universel d'améliorer la condition des individus et de la collectivité, les divergences dans les moyens, les méthodes et la conception du but.

M. Boucke a beaucoup lu les auteurs qui ont été en controverse avec Ricardo, du vivant de celui-ci; il a recherché ce que Marx

leur a emprunté, de même qu'il a juxtaposé dans d'intéressants tableaux les principes de Ricardo et de Marx.

Il a intitulé son étude les Limites du socialisme. Le dernier chapitre résume fort bien les raisons qui condamnent à la faillite le communisme, à un échec pénible les conceptions socialistes.

M. Boucke est d'avis que les différentes sciences qui ont pour objet une meilleure connaissance de l'homme, s'entr'aident. Les faits principaux de la nature humaine ont été observés et analysés. On a pu établir un certain nombre de lois, qui expriment les rapports nécessaires entre des phénomènes. Psychologie, sociologie, économie politique conduisent à une théorie du progrès et du perfectionnement, à une conception toute différente des conclusions pessimistes de Marx avec la tendance croissante à la paupérisation et à l'inégalité.

M. Boucke ne craint pas de dire que les socialistes ont commis des erreurs en action, en pensée, par omission. Ils ont eu tort de promettre d'éliminer le mal et de donner le bonheur commun, de proclamer que des conditions de production et d'échange sont la cause de tous les faits sociaux; d'avoir simplifié le problème en éliminant des facteurs essentiels. Une grosse erreur a été d'attribuer au travail, à la main-d'œuvre un rôle exclusif dans la création de la valeur, d'avoir fait du travail la commune mesure. Les maux, les imperfections existent, mais la socialisation des moyens de production, l'abolition de la propriété privée n'y remédiera pas. Fausse, dangereuse est l'affirmation que l'abolition du capitalisme augmentera le rendement, la production. Partout surgissent les rocs qui arrêtent la navigation du vaisseau socialiste. Quelle que soit la force du socialisme, il y a des obstacles et des entraves dont il ne saurait triompher, et cela parce qu'ils font partie intégrante de la nature humaine.

Pour arriver à faire impression, le socialisme dans la pratique a besoin d'éveiller un fanatisme religieux.

C'est à regret que l'auteur du livre sur les Limites du socialisme arrive à des conclusions décourageantes dont nous prenons note.

J.-B. LEGROS.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

CAVOUR ET L'UNITÉ ITALIENNE. I. Avant 1848, par Paul MATTER, avocat général à la Cour de cassation, professeur à l'École des sciences politiques. I vol. in-8 de la Bibliothéque d'Histoire contemporaine ; prix, 20 francs. (Librairie Félix Alcan.)

De tous les hommes de la nouvelle Italie, nul plus que Cavour n'a exercé autant d'influence sur la renaissance de sa patrie; sa vie ne peut donc être séparée de l'histoire de l'unité italienne. M. Paul Matter retrace l'une en la rapprochant de l'autre. Ce premier volume expose les origines et les débuts de Cavour, la crise de 1830 qui révèle le jeune homme à lui-même, le mouvement libéral de 1840-1847 où il fit ses début de publiciste et d'homme d'action, l'évolution de la politique piémontaise à la veille de la Révolution de février, qui permit à la monarchie de surmonter la tourmente de 1848. Aux lettres et papiers laissés par Cavour, aux biographies et histoires du Risorgimento, M. Paul Matter a joint de nombreux documents inédits, tirés notamment des Archives des Affaires étrangères, qui donnent à ce volume un intérêt de véritable nouveauté.

Le volume s'arrête à 1848. Les tomes II et III, complétant l'ouvrage, paraîtront incessament.

LE RELÈVEMENT EXTRAORDINAIRE BUR LE CAPITAL DANS L'EMPIRE ALLEMAND, par Victor V. BADULESCO, docteur de la Faculté de droit de Paris, diplômé de l'École des sciences politiques. 1 vol. gr. in-8, 514 pages. (Paris, librairie Marcel Giard.)

L'auteur définit nettement de quel genre d'impôt il traite : C'est un impôt perçu sur le capital et assez élevé pour qu'il ne puisse être payé qu'à l'aide d'une partie du capital. Le type de cet impôt est le prélèvement extraordinaire sur le capital que l'Empire allemand a institué par la loi du 31 décembre 1919; puis par les lois du 22 décembre 1920 et 6 juillet 1921.

Seulement, après en avoir exposé toutes les conditions, l'auteur est obligé de conclure : << Ces impôts n'ont de prélèvement sur le capital que le nom. »

Cet impôt, qui s'appelle einmolige Vermögensabgade, doit fournir des recettes immédiates au Trésor ; il doit arrêter l'accroissement de la circulation fiduciaire et de la dette flottante et cet impôt sera payé par une série d'annuités échelonnées sur vingt-sept à quarante-six ans.

Le payement en espèces n'est appelé à jouer dans la loi de 1919 qu'un rôle tout à fait secondaire. Rien n'oblige le contribuable à ac

quitter immédiatement tout ou partie de sa contribution. On donnait seulement un rabais de 8 p. 100 sur les payements qui auraient lieu jusqu'au 1er juillet 1920: puis de 4 p. 100 du 1er juillet 1920 au 31 décembre 1920 et rien après.

Il n'y avait de payement immédiat que pour les contributions dont le montant était inférieur à 500 marks ou pour la part de la contribution non divisible par 500 marks. Par exemple, si le montant global de l'impôt était de 19783 marks, la somme de 283 marks devait être acquittée avant le 1er octobre 1920 ou dans le mois qui suivrait la remise de l'avertissement.

Les recettes furent très faibles. Alors intervint la loi du 22 décembre 1920 qui exige le payement immédiat d'une partie de l'impôt, mais avec des prorogations facultatives de la part des agents du Tré

sor.

La recette totale du Reichsnotopfer de janvier 1920 au 1er août 1921 a été de 15,5 milliards de marks. Une partie importante de ce chiffre a été versée en titres d'emprunt, ce qui ne donne pas des ressources, du moment qu'ils ne servent pas à diminuer les emprunts. Ces 15,5 milliards sont des marks-papier.

N. M.

BANKING AND CREDIT A TEXBOOK FOR COLLEGES AND SCHOOL OF BUSINESS ADMINISTRATION, by David Rich DEWEY, and Martin Joseph SHUGRUE. I vol. in-8 de 500 pages. (New-York, the Ronald Press Company.)

Les auteurs de ce livre, sont, le premier, professeur d'Economique et de statistique et le second, professeur suppléant du Massachusetts Institute of Technology.

Ce livre a d'abord pour but de faire connaître au client d'une banque ce qu'est une banque; de lui expliquer ensuite les problèmes

qui se posent devant lui et les divers facteurs qui déterminent le crédit.

Il décrit les divers instruments de crédit, montre comment les crédits peuvent être obtenus et expose les méthodes d'en déterminer les risques.

A la fin du volume se trouvent plusieurs problèmes et exercices avec solutions.

Ce volume contient trois chapitres consacrés à l'Organisation of Federal Reserve System. Le dernier chapitre est intitulé: Money problem. On voit l'intérêt que présente cet important ouvrage, écrit avec clarté et précision. Nous avons cependant à faire une réserve. A propos de la théorie quantitative de la monnaie, MM. De vey et Shugrue disent: «< Dans cette théorie, la monnaie reçoit une large interprétation; elle comprend non seulement les monnaies d'or et d'argent, mais les bons du gouvernement, les billets de banque, et aussi le Deposit Currency (les certificats de dépôt), toute chose qui remplit le travail de la monnaie. » Toute chose qui remplit le travail de la monnaie? Les virements le remplissent. Pourquoi ne seraient-ils pas compris dans la théorie quantitative de la monnaie? Et s'ils y étaient compris que deviendrait-elle ? 1.

RECENT ECONOMIC DEVELOPMENT IN RUSSIA, by K. LEITES, edited by Harald Westergaard, professor at the University of Copenhague. Publications of the Carnegie endowment for international Peace. Division of Economics and history. John Bates Clark, director. I vol. gr. in-8 (Oxford, At the Clarendon Press. London, Humphrey Milford.)

Ce volume fait partie des monogra

1. V. Yves-Guyot, la Science économique; Yves-Guyot et Arthur Raffalovich, Inflation et Déflation.

phies que le Committee of Research of the Carnegie Endowment décida de faire sur les effets économiques de la guerre dans les pays qui y avaient été directement engagés.

L'auteur de ce volume est un Russe, M. Leites, qui, avant la guerre, s'était livré à des études économiques sur la Russie et réside en Danemark. Le volume a été publié sous le contrôle de M. H. Westergaard.

Il est divisé en trois parties : 1° Effet général de la guerre sur la vie économique de la Russie avant la Révolution bolchevique;

2o Résultats de la politique économique des bolcheviks;

3o Vie économique de la Russie en 1920.

L'ouvrage est fait avec beaucoup de méthode et est aussi précis que peut l'être un livre consacré à dépeindre un effroyable état d'anarchie. Il en indique très clairement les causes et les conséquences.

De cette étude résulte une conviction la première condition de la restauration économique de la Russie est la disparition du gouvernement et du personnel bolcheviki.

FINANZWISSENSCHAFT (Science des finances), par Bela FOELDES. (Fischer Jena, 1920.)

M. Bela Foeldes, ancien professeur d'Économie politique, de finances et de statistique à l'Université de Budapest, membre de l'Académie des Sciences de Hongrie, ancien ministre des Finances, est l'auteur d'un traité de science des Finances publiques en hongrois. La première édition en a paru en 1900, la seconde en 1912. L'auteur avait été sollicité d'en donner une traduction en langue allemande. Il s'y est

décidé en 1918. Il ne s'est pas borné à une traduction, il a procédé à une revision complète de l'ouvrage. Il explique dans l'introduction l'esprit qui l'anime. Il lui a été impossible de se soustraire à l'ambiance. M. Foeldes qui avait connu son pays prospère, en voie de développement, bien qu'une partie du progrès fût de la façade et du bluff, a revisé son livre en plein effondrement national, en pleine révolution bolchevique. La mentalité s'en ressent. C'est un vent de panique qui souffle dans l'introduction: les besoins à couvrir sont immenses; les impôts ne suffiront pas ; il faut donner à l'État une part universelle dans la production, comme il participe déjà au rendement des banques d'émission. Une lueur d'espoir pour M. Foeldes, c'est que les ressources latentes des Etats ont dépassé les estimations les plus optimistes des statisticiens. C'est possible mais les statisticiens n'ont pas mieux apprécié l'épuisement final.

Le traité des finances de M. Foeldes remplit 680 pages Après une introduction historique et théorique, l'auteur nous montre les fondements constitutionnels du budget (livre II), les dépenses publiques (III), les recettes, divisées en grandes catégories, droits régaliens, redevances, impôts directs et indirects (IV), le crédit public (V), l'administration des finances et l'éxécution du budget (VI). C'est un bon manuel, qui est intéressant par les renseignements qu'en passant il fournit sur l'Autriche et la Hongrie, notamment dans le livre consacré au crédit public. L'auteur appartient à l'école opportuniste en matière économique.

N. M.

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