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VI.

LEÇON

II. EXPERIENCE.

PREPARATION.

Au fond d'un grand vaiffeau cylindrique de verre, repréfenté par la Fig. 2. on a pratiqué un trou & une virole cylindrique d'un pouce de diamétre, que l'on bouche avec un morceau de liége bien arrondi & graiffé, afin qu'il puiffe céder à une médiocre preffion; le canal commencé par la virole, eft continué dans le vaiffeau par un tube de verre A, de même diamétre, qui peut s'ôter quand il en eft befoin; & le tout eft porté sur un trépied,au-deffus d'un plat ou d'un baffin,pour recevoir l'eau qui s'écoule.

EFFET S.

Après avoir verfé doucement de l'eau dans le tuyau A, on remarque à quelle hauteur elle eft; quand fon poids chaffe le bouchon B, on ôte le tuyau, on remet le bouchon comme il étoit avant, & fi l'on emplit le vafe jufqu'à ce que le bouchon forte de fa place, on pourra ob

ferver

que l'eau eft précisément à la même hauteur qu'elle étoit précé- VII. demment dans le tuyau.

EXPLICATIONS.

On ne peut difconvenir que le bouchon B ne foit chaffé de fa place par le poids de l'eau. Il réfifte autant, lorfqu'on emplit le grand vaiffeau, que quand on ne charge que le tube, pourvû que ce foit à même hauteur: il eft donc évident que ce tuyau ne change rien à la preffion du fluide, & que la colonne qui péfe fur le bouchon, agit de même, foit qu'on la fépare du refte par une enveloppe folide, foit qu'elle ait communica tion avec la maffe totale. Ne diffimulons pas cependant que le frottement caufe quelque petite différence, parce que cette réfiftance eft plus grande, quand la colonne d'eau fe meut dans un tuyau dont la furface eft folide, que quand elle n'eft contenue que par une maffe d'eau dont les parties font roulantes.

Pour prendre une idée jufte de ces fortes d'écoulemens, & pour concevoir avec facilité pourquoi les flui

LEÇON

des exercent leur pefanteur autre VII. ment que les folides, il faut fe repréLEÇON. fenter, comme on le voit par la Fig. 3. toute la maffe d'eau contenue dans notre grand vafe, divifée en plufieurs colonnes, 1, 2, 3, 4, 5, dont chacune eft compofée d'un égal nombre de parties; fi le fond du vaiffeau qui fert de bafe & d'appui à toutes ces colonnes, vient à s'ouvrir en a, la partie inférieure de la colonne 3 n'étant plus foutenue, doit tomber par l'ouverture. & après elle toutes les autres qui font pofées deffus. Cette colonne entiére gliffera donc de haut en bas, entre la feconde & la quatriéme, qui font foutenues aux points b &c, & dont toutes les parties mobiles, fur leur propre centre, deviennent autant de petits rouleaux qui facilitent fa defcente. Si la feconde & la premiére colonne d'une part, la quatrième & la cinquiéme de l'autre part, étoient compofées de parties liées & cohérentes, elles fubfifteroient de toute leur longueur, & par la chûte de la troifiéme, il fe fe roit un vuide entr'elles. Mais comme ces particules font extrêmement

petites

·VI'.

petites, extrêmement mobiles les unes fur les autres, dès que le haut de la troifiéme colonne vient à defcendre, LEÇON. & qu'elles ceffent d'être foutenues en cet endroit, elles s'écroulent à proportion de l'écoulement ; & de cette maniére la fuperficie de la maffe totale baiffe toute enfemble, quoiqu'il n'y ait qu'une des colonnes qui fourniffe à l'écoulement par fa chûte.

Quand les parties ont une cohérence fenfible, comme celles des liqueurs graffes ou vifqueufes; ou que la maffe du fluide qui s'écoule, a beaucoup de largeur par rapport à fa hauteur, on s'apperçoit affez bien du vuide laiffe au-deffus d'elle la coque lonne qui s'écoule ; la fuperficie, au lieu d'être plane comme à l'ordinaire, est plus creuse dans le milieu, parce que les parties voisines n'arrivent point avec allez de vîteffe, pour remplacer celles qu'une pefanteur directe fait defcendre.

APPLIC

On voit par l'explication que nous venons de donner, combien la flui

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VII.

dité des corps apporte de changement aux effets de leur pefanteur. Si l'on LEÇON. tiroit avec un fil, ou qu'on pouffât de bas en-haut le bouchon B, Fig. 2. on n'auroit à foulever que le poids de la colonne dont il eft la bafe, parce que cette portion d'eau étant indés pendante du refte, peut fe mouvoir librement dans la maffe. Mais fi cette masse venoit à fe convertir en glace; par la feule raison qu'elle ne feroit plus liquide, & que fes parties feroient liées & cohérentes, la main qui foutiendroit la colonne qui répond au bouchon, dès l'inftant de la congélation, auroit à porter tout ce qui eft contenu dans le vaiffeau.

Le frimas, la neige, & toutes les congélations aqueufes qui s'attachent aux arbres & aux plantes; les affaiffent & les fatiguent bien davantage que l'eau qui les mouille, parce que les branches ont à porter non-feulement les parties humides qui les entourent, & qui font adhérentes à leur écorce, mais encore celles que la ge lée attache à celles-ci & que leur propre poids feroit tomber de côté elles étoient fluides,

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