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V.

inftans; de cette double tendance il naît une courbe, qu'un écoulement fucceffif représente aux yeux, & fon LEGON extrémité où fe termine la chûte, se porte d'autant plus loin en avant, que la vîteffe horizontale eft plus grande, comme on peut le remarquer, lorfque l'écoulement eft plus abondant; car alors la maffe de l'eau étant plus confidérable, elle eft auffi moins retardée. par les frottemens, ou par la réfiftance de l'air.

V. EXPERIENCE.

PREPARATION.

Sur deux cordes de boyaux forte. ment & parallélement tendues d'un bout à l'autre d'une chambre, on fait gliffer la planche LM, Fig. 13. que l'on tire par le moyen d'une ficelle qui paffe fur la poulie de renvoi N; au milieu de cette planche mobile eft un bout de tuyau ou de canon, dans lequel est un petit cylindre de bois dur, & qui peut fe mouvoir de bas en haut, fans fortir; deffous eft un marteau pouffé par un reffort qui fe tend, quand on fait paffer le manche

du marteau par la mortaise L, où il V. eft. retenu par une petite clavette O. LEGON. Cette derniere piéce tient à une ficelle de 2 ou 3 pieds de longueur qui eft fixée, comme les deux cordes, à la muraille; on met une balle d'ivoire & de calibre dans le petit canon, & l'on tire la planche le plus uniformément que l'on peut, & avec une viteffe capable de lui faire parcourir environ 8 ou 10 pieds dans une feconde.

EFFET S.

Lorfque la planche a parcouru environ le tiers de fon chemin, la clavette retenue par la ficelle à laquelle elle eft attachée, détend le reffort qui pouffe le marteau: alors le coup porté en deffous fur le petit cylindre, fe communique à la balle d'ivoire; elle eft chaffée du petit canon d'où elle s'élève, & va retomber par une ligne courbe, fur la planche qui a continué de s'avancer, pendant que la balle étoit en l'air.

EXPLICATIONS.

Si la planche ML demeuroit en

V.

repos, pendant que le marteau imprime fon impulfion, il eft évident que la balle s'éléveroit perpendicu- LEÇON lairement par la ligne Pp; il eft incontestable auffi, que fi la balle n'avoit qu'un mouvement commun avec la planche, elle ne fortiroit pas plus qu'elle de la direction horizontale; mais fi elle part avec les deux mouvemens ensemble, la loi du mouvement compofé exige qu'elle prenne une direction moyenne,& qu'elle s'éléve par une ligne oblique à l'horizon,comme PQ ou P R. Lorfqu'elle est une fois déterminée à fe mouvoir dans une de ces lignes, elle continueroit tou jours en conféquence de la premiere loi du mouvement fimple, fi fa pefanteur n'y mettoit obftacle. Cette puiffance, qui eft comme réfidente en elle, & qui la follicite fans ceffe à defcendre, l'éloigne de plus en plus de la direction qu'elle a ; & comme les efpaces qu'elle lui fait parcourir de haut en bas vont toujours en augmentant, (ce que nous expliquerons d'une maniére plus précise en parlant des loix de la pefanteur, ) il arrive que dans le tems qu'elle auroit

mis à parcourir la ligne PR, elle par V. vient au point S, par la ligne PTS, LEGON. & la planche qui n'a pas interrompu fon mouvement, fe trouve fous la balle à la fin de la chûte.

APPLICATIONS.

L'expérience qu'on vient d'expliquer, fournit des réponses aux queftions fuivantes.

10. A quelle forte de danger feroit exposé un mouffe qui fe laifferoit tomber du haut en bas de la hune, pendant que le vaiffeau eft à la voile? courroit-il le rifque de fe perdre dans la mer, ou bien fa chûte fe feroit-elle fur le pont?

20. Que deviendroit une orange qu'un Cavalier courant à toute bride, prendroit foin de jetter en l'air & perpendiculairement à l'horizon? la vitef fe du cheval la laifferoit-elle en arriére.

3o. En fuppofant que la terre tourne fur fon axe en 24 heures, & qu'un canon ou un mortier placé fous l'équateur, eût un mouvement d'Occident en Orient qui égalât à-peu-près 250 toifes par fecondes, le boulet qui feroit tiré perpendiculairement,

fuivroit-il cette direction, tant en montant qu'en defcendant?

V.

Il fuit des explications précéden- LEÇON. tes que le mouffe tomberoit au pied du mât, par une ligne qui paroîtroit verticale à ceux qui feroient fur le vaiffeau; mais dont on appercevroit bien la courbure, fi l'on étoit fur le rivage: car il eft bien vrai que cette chûte feroit paralléle au mât qui eft droit; mais les différens points du mât aufquels répondroit le mousse en tombant, feroient plus avancés les uns que les autres dans la direction horizontale, & leur fuite fe trouveroit dans une ligne courbe, parce que la chûte fe fait avec une vîteffe accélérée ; ce qui s'entendra aifément, fi l'on prend pour le mât la ligne Mf de la Fig. 10. les efpaces interceptés entre les lettres M, a, b, c, d, e, f, pour le chemin que parcourt le mouffe en tems égaux pendant fa chûte, & la ligne Mc ouf 6, pour l'efpace parcouru horizontalement par le vaiffeau.

L'orange du Cavalier & le boulet de canon feroient précisément dans le cas de la balle d'ivoire de notre

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