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VIII. LEÇON.

qui égale celle dont l'ivoire surpasse un pareil volume d'eau.

Il ne faut pas s'imaginer qu'un corps qui s'enfonce fous l'eau, augmente en poids par l'accroiffement de la colonne qu'il laiffe au-deffus de lui. Car le poids de cette colonne eft toujours contrebalancé par la réfiftance de celle qui est dessous; & cette réfiftance eft foutenue par la preffion des colonnes voisines, qui égalent en hauteur celle qui péfe fur le corps plongé. Celui-ci eft donc toujours en équilibre, eu égard aux deux preffions de deffus & de deffous ; & s'il tombe, ce n'est que parce qu'il a, par une plus grande quantité de matiére, la force de déplacer continuellement une quantité de liqueur, qui ne lui est égale qu'en volume.

L'accélération qu'on remarque dans la chûte des graves, ne peut donc pas être attribuée, comme l'ont prétendu quelques Philosophes, au fluide dont la hauteur s'augmente audeffus d'eux, à mesure qu'ils tombent; d'ailleurs cet accroiffement de hauteur de la part du fluide, ne ré

VIII.

pond point aux progrès de l'accélération des corps qui obéiffent à leur pefanteur, ni à la nature de la gravi- Leçon. té, qui affecte les corps en raifon de leur maffe, & non en raison de leur volume.

CONSEQUENCE.

Il fuit de la propofition que nous venons de prouver, qu'un corps, tel qu'il foit, ne tombe ou ne tend jamais à tomber avec toute l'intensité de fa pefanteur abfolue; car en quelque lieu que se faffe fa chûte, il eft toujours plongé dans un milieu matériel, dont il déplace un volume femblable au fien ; ainfi, comme à la bille de notre expérience, il ne lui refte, pour se porter de haut en bas, que fa pefanteur refpective: les gouttes de pluie, les grains de grêle, les floccons de neige, ne defcendent vers la furface de la terre, qu'autant qu'ils excédent en pefanteur la quantité d'air dont ils occupent la place. Comme l'air eft un fluide fort léger, la pefanteur refpective des corps qu'il environne de toutes parts, diffère bien peu de leur pefanteur ab

folue; on en apperçoit cependant la VIII. différence, lorfqu'on péfe un meme LEÇON. Corps fucceffivement dans l'air & dans le vuide, comme dans l'expérience fuivante.

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Il faut difpofer dans un large réci pient une balance fort exacte & fort mobile, de maniére qu'on puiffe élever le fléau en tirant la tige 1. Fig. 3. Avant que de faire le vuide, il faut avoir mis en équilibre une petite balle de plomb d'une part, & de l'autre. une groffe boule de liége, & avoir foin que ces deux corps ne pofent fur rien d'humide, ou de gras qui puiffe empêcher les effets naturels de la pefanteur, quand on léve la balance

EFFETS.

La boule de liége qui étoit bien en équilibre dans l'air avec le plomb,. fe trouve plus pefante que lui dans le: vuide.

EXPLICATIONS.

que

La boule de liége dans l'air n'a fa pefanteur refpective qui furpaffe celle du plomb:dans le vuide elle jouit de fa pefanteur abfolue, n'étant foutenue fenfiblement par aucun fluide. Or la pefanteur abfolue est toujours plus grande que la pefanteur refpective, puifque celle-ci n'eft qu'un reftant de celle-là. On peut répondre que le plomb dans le vuide revient auffi à sa pefanteur abfolue; mais on verra bien-tôt, (& l'on pourroit déja l'entrevoir,) que quand les volumes en équilibre différent entre eux, comme ceux que nous avons employés, ce qu'ils reprennent de leur pefanteur quand ils ceffent d'être plongés, n'eft point égal de part & d'autre.

APPLICATIONS..

Si l'immersion réduit les corps: à une pefanteur refpective toujours. moindre que leur pefanteur abfolue les forces qui les foutiennent n'ont plus befoin d'être auffi grandes qu'elles devroient l'être, s'ils n'étoient. point plongés, Aufli s'apperçoit-on

VIII. LEÇONT

bien de cette différence, lorfqu'on VIII. tire hors de l'eau quelque maffe d'un LICON. Volume un peu confidérable. Les pêcheurs qui ont fait un bon coup de filet, ne craignent de le rompre que quand ils l'enlévent de l'eau dans l'air; on fauve fans peine une perfonne qui eft en danger, de fe noyer, quand on peut la faifir par la partie la plus fragile de fes vêtemens; pareil fecours ne fuffiroit pas à quelqu'un qui feroit prêt de tomber par une fenêtre : c'eft qu'un homme dans l'eau, n'a quelquefois pas cinq ou fix livres de pefanteur refpective, & qu'il en a assez fouvent plus de 130 dans l'air.

III.

PROPOSITION.

Ce qu'un folide plongé perd de fon poids, eft égal à celui du volume de liqueur déplacé.

Nous avons vû par les preuves de la propofition précédente, qu'un corps plongé perd une partie de fon poids pendant l'immerfion; par celle-ci nous voulons faire connoître quelle eft cette quantité de fon poids qui lui manque, tant qu'il eft plongé; & felon notre énoncé, fi le volume de

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