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pour que la France entière partageât avec le diocese de Geneve, un bien qui lui étoit devenu aussi nécessaire.

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Cet ouvrage utile nous est heureusement tombé entre les mains. En le lisant, nous avons reconnu combien il étoit propre à produire en France les bons effets que les amis de la religion en espéroient. Clarté et précision dans le style, choix heureux dans les moyens, force dans les raisonnemens, pureté dans les principes, regles de conduite sages et bien motivées, tels sont les caracteres principaux qui distinguent cet ouvrage. C'est un abrégé de tout ce qui a été écrit par les meilleurs auteurs sur la vérité de la religion et sur l'autorité de P'église; et l'application des principes qui y sont établis, au schisme qui désole aujourd'hui l'église de France, ne laisse rien à desirer pour l'instruction de ceux qui ont à cœur de professer la religion catholique dans toute sa pureté. Les peres et meres chrétiens, les instituteurs qui sentent combien la religion influe sur le bonheur des hommes, pourront, en méditant eux-mêmes cet ouvrage, et en le mettant entre les mains de la jeunesse confiée à leurs soins, procurer à leurs éleves un genre d'instruction si nécessaire et si négligé. La forme même de l'ouvrage, écrit par demandes et par réponses ajoute encore à son utilité, soit en le rendant plus clair et plus méthodique, soit en donnant aux maîtres la facilité de confier à la mémoire des jeunes gens, les développemens nécessaires que les catéchismes ne peuvent présenter, et qu'il est cependant si essentiel de ne point ignorer. SICARD.

CATHOLIQUE S.

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nous voulons connoître quelle est en général la liberté des cultes dont on jouit en France, sous l'égide de la constitution, nous pouvons en juger par le trait suivant:

Dans la commune de Guéblange, département de la Moselle, un prêtre qui n'avoit point prêté lé serment de la constitution, dite civile du clergé, officioit dans l'église vers les huit heures du matin.

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Le commissaire du directoire exécutif près le canton de Sarelbe, instruit de ce fait se transporte avec huit hommes armés à Guéblange, y arrête au pied de l'autel le prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux, au milieu du peuple réuni pour exercer son culte, et le fait conduire à Sarelbe, où il est déposé en prison.

Sur la demande du même commissaire du directoire, le commandant de Sarguemines envoie à Sarelbe une force armée, commandée par un lieutenant, à l'effet de conduire le prêtre arrêté dans les prisons de Sarguemines. Mais en arrivant sur la place de Sarelbe, la force armée trouva un grand rassemblement de citoyens de tout état, indignés de ce mépris affecté pour leur religion, et de la violation manifeste Tome III. No. 27.

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de la loi qui défend de troubler les assemblées religieuses.

Cependant l'officier commandant la troupe parvient à s'emparer du prêtre, nommé Beckarick mais en arrivant à Willervah, sur le chemin de Sarguemines, la troupe est entourée d'un rassemblement de citoyens, armés de pierres et de bâtons, et se voit forcée, après quelque résistance, de remettre le prêtre en liberté.

Ainsi voilà deux ou trois communes mises en combustion par le seul fait du commissaire fanatique, qui ne manquera pas, dans son rapport, de crier au fanatisme, et de mettre sur le compte des prêtres, une rebellion qui est son propre ouvrage. C'est la tactique ordinaire des agens du pouvoir, pris pour le plus grand nombre, dans les bandes du jacobinisme. Ils sont indulgens pour les jureurs, leurs anciens camarades; il y en a même qui les protégent ouvertement en faveur de leurs bons et loyaux services. Mais il n'est point de vexations qu'ils n'exercent contre les prêtres qu'ils s'obstinent toujours à appeller réfractaires. Il n'y a pas long-temps qu'on nous mandoit de Normandie que l'on faisoit courir sur eux comme sur des bêtes fauves. Nous recevons dans le moment une lettre de Saint-Sever, d'un de nos abonnés, qui nous écrit que le nommé Divez, commissaire auprès du département des Landes, poursuit les prêtres catholiques avec tant de fureur, qu'ils sont obligés de se cacher comme sous Robespierre. Moimême, nous dit-il, je vous écris du fond d'une chaumiere, pour me dérober aux espions du

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commissaire jacobin. Quoique la persécution ne soit pas aussi violente dans les autres départemens, il n'en existe pas moins généralement un systême d'oppression où se combine trèssavamment la violence avec la ruse. En vain oppose-t-on aux administrateurs l'anéantissement de la constitution, dite civile du clergé, et par conséquent du serment. Les uns sont si ignorans qu'ils ne le savent pas, et les autres si impudens, qu'ils feignent de ne pas le savoir. En vain feur met-on sous les yeux la loi du 7 vendémiaire, an 4, qui met tous les ministres du culte, quels qu'ils soient, sous une protection commune; ils en connoissent bien la lettre, mais ils en connoissent encore mieux l'esprit. Or, il y a cette différence entre les loix de la république et celles de la religion, que dans celles-ci, c'est la lettre qui tue et l'esprit qui vivifie, et que dans les autres, c'est la lettre qui vivifie et l'esprit qui tue. C'est la lettre qui promet protection, et c'est l'esprit qui promet persécution. C'est la lettre qui proclame la liberté du culte, et c'est l'esprit qui enchaîne les ministres du culte. C'est la lettre qui ouvre les temples, et c'est l'esprit qui les ferme. C'est la lettre qui met solemnellement la liberté des opinions religieuses au rang des droits de l'homme, et c'est l'esprit qui met ces opinions au rang du fanatisme: enfin, c'est la lettre qui soustrait les prêtres à la violence des législateurs, et c'est l'esprit qui soumet les prêtres au couteau des commentateurs. Aussi les instructions données aux administrateurs sont positives à cet égard, pour qu'ils ne puissent pas s'y méprendre. DESOLEZ

LEUR PATIENCE, leur a dit le gouvernement, en leur parlant des prêtres; enveloppez les de votre surveillance: qu'elle les inquiete le jour, qu'elle les trouble la nuit. Ne leur donnez pas un moment de relâche ; que sans vous voir ils vous sentent par-tout à chaque instant (1). Ces mots sont précieux, ils sont trèsremarquables; et il n'y a au monde au monde que des philosophes modérés qui aient pu les inventer. Non, ce n'est pas Néron, ce n'est pas Caligula, ce n'est pas Robespierre, ce n'est pas le comité infernal de salut public qui a fait cette trouvaille; c'est la douce philosophie. On disoit sous l'assemblée constituante: Ösez tout contre le clergé, vous serez soutenus. On dit, sous le regne actuel, désolez leur patience. Mais ils sont donc patiens, de votre propre aveu. Belle question! et qui ne le sait pas ? Mais c'est précisément par cette raison même qu'il faut les désoler, les inquiéter le jour, et les troubler la nuit. S'ils étoient révoltés justice seroit bientôt faite, et nous serions une bonne fois débarrassés d'eux pour toujours. Le grand mal, c'est que par-tout ils sont soumis. Désolez donc leur patience, afin qu'ils se révoltent, et s'ils ne se révoltent pas, désolezles davantage, parce que nous n'en voulons pas plus de patiens que de révoltés. Tel est le sens précis et littéral des instructions philosophiques, que par-tout ont reçu les autorités

(1) Instruction donnée par le directoire exécutif aux commissaires nationaux, insérée dans le Moniteur en date du 18, 19, 20 et 21 frimaire, an 4.

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