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à celles des religieuses françaises qui n'ont pu se réunir. Leur travail supplée au reste. La célebre madame de Levi, supérieure des religieuses de Montargis, passa en Angleterre avec toute sa communauté, dès le commencement de la révolution. Elles furent très-bien reçues, et abondamment secourues. Elles vivent en communauté, à quelques lieues de Londres.

Lettre au Rédacteur des Annales Catholiques sur le synode de Versailles de cette année et sur son président.

Citoyen, vous ignorez tous les faits concernant le synode dont vous parlez. Vous les composez d'imagination. Je n'en ferai pas un objet de controverse avec vous. Il me suffit de vous renvoyer à ce qu'en a publié le journal de l'Imprimerie Chrétienne, pour vous en instruire. Je ne m'étendrai pas davantage sur les caracteres que vous vous permettez de me prodiguer d'homme absurde, extravagant, barre de fer, et (par dérision) de sagace, de tête forte, de robuste théologien, d'ambitieux, courant la carriere des honneurs, etc. Je laisse à l'opinion publique à faire justice de ces injures, et j'y mets ma confiance, parce que je tâche de suffire à mes devoirs, et que je ne me sens pas d'autre ambition. J'ai tonjours éprouvé d'ailleurs qu'il importe autant de garder son cœur des illusions de l'estime, que du ressentiment contre les calomniateurs. Pour les sentimens intérieurs de mon ambition, je laisse à Dieu d'en juger, son témoignage me doit

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suffire; dans un âge sur-tout, où, par moimême, je ne vois qu'impuissance et danger à ce qu'on pourroit exiger de moi,

Mais ce que vous me forcez de relever, c'est la fausse et gratuite interprétation que vous donnez au seul texte que vous dites avoir de moi. Vous dénaturez ce texte, pour pouvoir m'attribuer de damner tous ceux qui ne pen sent pas comme moi. Je n'ai de fait dans mon opinion sur les divisions qui agitent l'église de France, nul autre sentiment que celui que. fait éclater par-tout l'épiscopat exerçant et occupant les siéges, et du clergé qui lui est attaché. C'est celui d'une constante et invincible charité; jointe à des principes de conduite, dont il est toujours prêt de rendre compte à toute personne qui le desire, selon l'avis de S. Pierre, I. Ep. III. 15. C'est aussi ma disposition. Or, que trouvez-vous de plus dans mon texte? Je me borne à recommander à çelui à qui j'écris de se garder d'ajouter à la séparation qu'il vient de faire (et qu'il sait que je regarde comme coupable, ainsi qu'il l'a ju gée lui-même jusqu'à ce jour), un schisme partiel, qui deviendroit criminel. C'est dans la supposition seule de ce schisme, qui annonce par lui-même la perte de la charité, que mon texte met en avant que ce degré de séparation va jusqu'à mettre ceux qui s'en rendent coupables hors de la voie du salut. Y a-t-il rien de plus vrai que ce principe; de plus judicieux et de plus modéré que ce conseil?

Qu'il me suffise, citoyen, d'avoir ici protesté contre votre imputation et contre le ridicule égoïsme que vous m'attribuez. Je renferme

toute

toute ma controverse à cet égard à vous rehvoyer sur cette grande matiere, que vous paroissez ignorer, à l'étude de ce que l'église en a toujours pensé, et de ce qu'en ont écrit les Veron, les Wallembourg, les Nicole, les Arnaud, Van-Espen, et le dernier Traité De Tolerantia, dont on vient de publier une excellente traduction.

Je n'ai point à élever à ce sujet de contro verse particuliere en l'église de France. Je ne desire, comme elle, que de les voir s'éteindre toutes dans le retour de la concorde et le bonheur de l'unité.

Salut et fraternité,

CLEMENT, président du presbytero de Seine et Oise.

Réponse.

Nous sommes bien fâchés, citoyen président, que vous ayez pris au sérieux l'article du No. 25 de nos Annales, qui vous concerne. Vous avez dû voir cependant par le ton qui y regne, que nous n'avions mis aucune importance à votre décision; que nous n'avions pas. même pris la peine de la réfuter, et que nous étions aussi éloignés d'avoir de l'humeur contre votre personne, que d'être allarmés de yos anathêmes. Nous n'avons pas trop pu saisir le sens précis de votre explication, relativement au salut de M. Gauzargues, dissident au premier chef, puisqu'il a déserté le bureau du synode où il étoit principal officier. Est-ce défaut de limpidité dans votre style? Est-ce manque d'intelligence de notre part? La politesse nous Tome III. No. 27.

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défend de décider nous-mêmes la question. Nous avons seulement compris d'une maniere générale que le salut de M. Gauzargues n'est pas aussi désespéré que vous aviez d'abord paru le faire entendre que sa rétractation est plus de sa part une inconvenance qu'une hérésie: plus une atteinte à la charité qu'une insurrection contre la doctrine : plus une irrévérence envers le synode qu'un attentat mortifere contre l'église, et qu'enfin, en le mettant hors la voie du salut, c'étoit moins de votre part une décision formelle et rigoureuse, qu'un conseil judicieux.

D'après ces explications mutuelles et amicales, il sera très-aisé de vous faire les réparations que vous exigez. Nous nous doutons bien en effet que vous n'avez jamais voulu damner personne, et ce n'est de notre part qu'une pure espiéglerie, si nous avons feint de le croire. Nous convenons donc que nous vous avons fait plus méchant que vous n'êtes, et qui pis est, plus méchant que nous ne pensions que vous n'êtes point une barre de fer, ni un homme intraitable; mais le plus doux et le plus tolérant des hommes, et qu'il n'y a ici d'intraitable et de barre de fer que nous, qui persistons invariablement à regarder tous les évêques de nouvelle fabrique comme des étrangers qui sont dehors : qui ne voulons de la constitution, dite civile du clergé, ni dans ses principes, ni dans ses effets, et qui, après l'avoir condamnée quand elle étoit vivante, poussons la conséquence jusqu'à la condamner encore après sa mort, dans tous les profanes ministres qui existent par elle.

Après avoir rendu un hommage aussi authentique à votre modération, permettez-nous, citoyen président, de tirer de votre explication trois inductions que nous soumettons à votre jndiciaire. La premiere, c'est que si notre rétractant a manqué à la charité, en se séparant de vous, vous avez donc aussi manqué à la charité, en vous séparant de lui; et que SI pour l'un il y a quelque risque d'avoir fait schisme avec le secrétariat, il n'y en a pas l'autre de faire schisme avec le

moins pour

secrétaire.

La seconde, c'est que, puisque, selon vous, M. Gauzargues a violé la charité, en abanbonnant le presbytere, il avoit donc manqué à la charité, en abandonnant son évêque légitime; et qu'il a donc agi avec autant de charité que de prudence, en réparant ce schisme partiel par le retour à son chef véritable.

La troisieme, c'est que nous, qui n'avons jamais été d'aucun synode constitutionnel, et qui n'avons pas plus communiqué avec le presbytere de Paris qu'avec le presbytere de Versailles, sommes donc parfaitement en sûreté de conscience et marchons dans le bon chemin, par la raison bien claire que nous ne faisons aucun schisme partiel, et qu'on ne se sépare pas de ceux avec lesquels on n'a ja

mais été unis.

Vous vous plaignez, citoyen président, de ce que nous avons composé d'imagination le tableau du synode. Nous ne l'avons fait cependant ni plus long ni plus court qu'il n'étoit: de n'avoir pas consulté l'Imprimerie chrétienne : mais nous ne connoissons que l'Impri

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