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amour de la contre révolution : ce qui prouve qu'il ne faut aller qu'à la messe de Grégoire, qui la dit dans le sens de la révolution et uniquement dans la foi, l'espérance et l'amour, de la république.

Mais ce que nous n'aurions jamais cru qu'il pût nous apprendre, c'est qu'il est une classe d'impies qui, ne pouvant plus torturer, sont réduits à menacer et que ceux-là font cause commune avec les dissidens. Ainsi ce sont les jacobins qui sont amis des prêtres réfractaires, et les terroristes qui se sont pris d'une belle passion pour les ultramontains. Nous ne nous abaisserons pas à réfuter mille autres découvertes de ce genre. Nous remarquerons seulement que Grégoire nous les présente dans les accès de sa charité: que tout cela se dit dans l'effusion d'un cœur tendre et vraiment paternel: qu'il ne rappelle que pour le plus grand bien, toutes les invectives que les impies se plaisent à accumuler contre les prêtres fideles : qu'il appelle toujours sur eux la méfiance du gouvernement, la hache des persécuteurs; et cela dans le temps même que dix mille d'entr'eux gémissent encore dans les liens d'une injuste oppression, pourrissent encore dans les cachots, sans autre crime que leur propre vertú; et par une cruauté inouie, qui n'a point d'exemple chez aucun peuple civilisé, sont condamnés à toutes les horreurs d'un emprisonnement, au titre seul de vieillards et d'infirmes.

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Il faut avouer cependant que notre pélerin pas été absolument oisif, car il a prêché environ cinquante fois, jamais moins de trois

quarts d'heure, tant ce grand homme met de prix à ses momens et d'importance à ses paroles! Il a fait plus; car il doit instituer la commémoration du rétablissement du culte, et tout le monde voit, par la maniere dont le culte est rétabli, qu'il y a de quoi remercier Dieu par une fête commémorative. Mais ce qui, selon lui, doit produire des effets salutaires, c'est qu'elle coïncidera l'année prochaine avec le jour de l'entrée solemnelle du premier évêque de Blois, Entrée qui, comme on sait, a beaucoup d'analogie avec celle qu'a faite Grégoire. C'est donc devant des effets salutaires et ces heureux rapprochemens qu'il s'extasie et se prosterne en admirateur; et qu'étonné lui-même à la vue de ses succès, il s'écrie dans la plus vive dilatation d'une modestie touchante: Le ciel qui emploie quelquefois les plus foibles instrumens pour exécuter ses desseins, a béni mes efforts, et après avoir consigné ici les expressions de ma tendresse pour mon clergé et pour les fideles confiés à mes soins, je dirai avec effusion de cœur, d'après l'apôtre : j'ai planté....... Mais c'est Dieu qui a donné l'accroissement.

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Nous ne sommes pas surpris que Grégoire ait planté dans son diocese; car il aime beaucoup les plantations, témoin celles de SaintDomingue. Mais qu'a-t-il donc planté? Il n'a pas voulu nous le dire. Est-ce raison de modestie? Est-ce raison de prudence? Il a planté.......... quoi donc? Il a planté.......... des arbres de la liberté.

Mais après avoir apprécié le Compte rendu, il importe de faire connoître ceux qui l'ont

recu; car ici l'auditoire est tout aussi intéressant que l'orateur. Il n'est sans doute aucun de nos lecteurs qui ne se soit demandé quel est donc le lieu et l'assemblée où s'est prononcé le discours. Est-ce un club? Est-ce une société populaire? Est-ce un licée? Est-ce un gymnase? Est-ce le concile national que nous promet Grégoire? Ce n'est rien de tout cela ou si l'on veut, c'est tout cela ensemble. Il nous importe donc de mettre nos lecteurs au fait et de leur donner à cet égard des notions exactes qui écartent toute équivoque.

Or, il faut donc savoir qu'il existe à Paris une église gallicane organisée, ou, si vous aimez mieux, constituée, qui tient ses assises rue Saint-Jacques. Là sont réunis tout ce que la révolution a produit de saints évêques et de prêtres édifians. C'est le foyer où entrent et d'où sortent tous les rayons de lumiere pour inonder tous les points de la république c'est le concile permanent des Gaules. Vous savez qu'autrefois on donnoit ce titre à la Sorbonne; mais vous savez aussi que ce n'étoit là qu'an simple compliment et un pur mot de politesse: ici le terme est de rigueur. Il y a plus nous pouvons dire même, sans être suspects de flatterie, que c'est l'église - mere et maîtresse, l'église centrale, tranchons le mot, le centre d'unité de Paris, au défaut du centre de Rome. Non-seulement vous trouvez là toutes les sciences, mais encore toutes les ressources. Voulezvous des préfets apostoliques pour les colonies? allez à la rue Saint-Jacques; des aumôniers pour les armées de terre et d'outre-mer? allez A la rue Saint-Jacques; des missionnaires pour

la rédemption des captifs? allez à la rue SaintJacques. Voulez-vous savoir des nouvelles des églises de la Cochinchine et du Tonkin? allez à la rue Saint-Jacques. Enfin, voulez - vous acheter de l'huile et du baume (1)? allez encore à la rue St.-Jacques. Ne vous embarrassez pas du No,, demandez seulement où est l'église gallicane; tout le monde vous l'enseignera, et il n'y a pas jusqu'à la bonne femme du coin, qui ne vous mene tout droit à l'église galli

cane.

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Cependant, comme la société des fideles doit avoir ses notes distinctives, ainsi que parlent les théologiens,l'église gallicane de la rue S.-Jacques veut aussi avoir les siennes. En conséquence et pour se mettre en regle, elle s'en est donné quatre, toutes couchées sur un imprimé, pour que personne n'en prétende cause d'ignorance. Elle est libre, littéraire, philosophique et chrétienne (2). Vous voyez seulement qu'il ne lui manque que le titre de catholique; mais il est évidemment sous-entendu, puisque la religion catholique se trouve dans la religion chrétienne ne chicanons donc pas là-dessus. Elle est donc, 1o. libre, c'est-à-dire, y va qui yeut; et, en général, on n'abuse pas de la permission. Le compelle intrare de l'évangile y est absolument proscrit, d'après l'avis des sages maîtres Voltaire et Jean-Jacques, et autres philosophes tolérans qui ont tant reproché ce

(1) On vend dans cette société, de l'encens, de l'huile, du baume, et des cartons sous verre pour les autels.

(2) Voyez l'annonce intitulée: Plan des travaux de la société libre et littéraire de philosophie chrétienne.

mot à l'évangile, parce qu'ils ne l'entendoient pas ici donc nulle violence, nul mesaccord avec les droits de l'homme.

2o. Elle est littéraire, et divisée en quatre sections. Les traducteurs, les continuateurs, les réfutateurs et les compositeurs. Cette derniere est, sans contredit, la plus nombreuse et la plus brillante. Elle va nous donner incessamment, ainsi qu'on nous l'annonce, l'Histoire de l'Eglise Gallicane, depuis la révolution, qui, comme on doit les pressentir, va être bien édifiante. On est seulement embarrassé de savoir par où commencer cette église gallicane. Les uns veulent que ce soit par Mirabeau, d'autres par Camus, ceux-ci par Fréteau, ceux-là par Rabaut: un petit nombre par Mile Labrousse, et un plus grand par le premier consécrateur, attendu qu'il a eu mission du tribunal séant à Ste-Genevieve. Nous n'avons pu savoir, malgré toutes nos recherches, quel est l'intrépide qui s'est chargé de continuer Bossuet: nous ne connoissons pas davantage le continuateur du Gallia Christiana; mais on prétend qu'il est si savant et si habile, qu'il fera tellement la jonction des deux églises, avant et après la révolution, qu'il les coudra si finement ensemble, que l'œil le plus subtil n'appercevra pas la moindre rupture. De sorte qu'à l'article Blois, par exemple, Grégoire se présentera de si bonne grace, les choses seront tellement amenées, qu'en lisant sa nomination en 1791, le lecteur, par je ne sais quelle magie, ne s'avisera pas de demander en quelle année et à quel jour est donc mort M. de Themines. On dit encore qu'il y aura cinquante-quatre sieges, ou environ, tellement

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