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phrases qu'ils débitent de loin en loin sur la divinité, sur la providence, sur l'immortalité de l'ame, etc. Quand le Saint-Esprit ne l'auroit pas dit en termes exprès par la bouche de l'apôtre, la lecture de leurs écrits, l'histoire de leur vie ne permettroient pas d'en douter. Les philosophes payens, même les plus vantés, ces hommes merveilleux à qui les contemporains et la postérité ont prodigué tant d'encens et tant d'admiration, ne furent pourtant, en tout ce qui concerne la religion, et les dogmes surtout qui lui servent de base, que des charlatans, des aveugles, des fous, des insensés. Ames éminentes, esprits profonds et pénétrans, génies tout resplendissans de lumiere, tant qu'il n'est question que des arts, des sciences, des affaires de ce monde, leur esprit se trouble, leur raison s'éclipse, leur lumiere se change en ténebres dès qu'il s'agit de la religion, et de ces importantes vérités que l'évangile a depuis rendues populaires, et gravées si profondément dans les esprits. << Quand ils s'appliquoient à la religion, ils paroissoient, dit Bossuet, comme possédés par un esprit étranger; et leur lumiere naturelle les abandonnoit (1).

Mais ces fous ne l'étoient pas toujours: com. me les autres, ils avoient des momens lucides. La lumiere intérieure qui éclaire tout homme venant en ce monde, et qui luit toujours jusqu'à un certain degré dans les esprits les plus ténébreux, frappoit-elle un moment celui de ces faux sages, on voyoit couler de leur bouche ou de leur plume des sentences pompeuses et sonores sur la divinité. Mais cette foible lueur

(1) Hist. univ. 2. p. n. 5.

leurs d'avouer à tout le monde, ce que tout le monde sait? Que nous apprendrez-vous de plus par votre rétractation, que ce que nous savons par votre scrment? Et comment, après avoir tout bravé pour sortir de l'unité avec tant d'éclat, vous feriez-vous une triste gloire d'y rentrer furtivement? Laissez donc ces considérations futiles et revenez sincérement à vos anciens pasteurs. A ces pasteurs qui vous ont élevés, qui vous ont nourris du lait de la doctrine, qui Vous ont imposé les mains et auxquels vous avez promis l'obéissance canonique. Á qui donc tenez-vous? Quelles lumieres, quels secours, quelles consolations pouvez-vous donc trouver dans une poignée d'évêques profanes, inconnus de toute la terre et qui ne tiennent qu'à eux seuls. Suivez leur propre conduite. Ecoutez leur langage: lisez leurs propres écrits. Voyez comme ils blasphêment contre le souverain pontife, sans respect même pour ses malheurs. Voyez comme ils se liguent contre lui avec les impies et disputent ensemble d'emportement et de fureur. C'est Dieu qui le permet ainsi, afin qu'ils soient marqués du sceau visible et distinctif des sectaires de tous les temps, et que vos yeux puissent ainsi plus aisément s'ouvrir à la lumiere. Ah! si l'amour-propre pouvoit être de quelque poids dans une détermination dont dépend votre salut, nous vous dirions encore que c'est par amour-propre qu'il faut vous rétracter; que c'est par amour-propre qu'il faut abandonner ces chefs de parti, qui, ne cherchant ici qu'à soutenir leur triste gageure, vous font les instrumens de leur vanité, et se soucient fort peu que vous vous perdiez, pourvu qu'ils

aient raison contre toute l'église. Mais élevez plus haut vos pensées et vos regards. Voyez ces nuages qui s'accumulent: cette affreuse tempête qui nous menace encore. C'est dans les grands malheurs que la foi doit se réveiller. C'est le moment de nous prouver si vous êtes les vrais enfans de l'église romaine, Hâtez-vous donc de vous réunir à nous, pour lui faire un rempart commun de notre zele et de notre fidélité; la consoler du moins par votre déférence, et lui montrer que toutes les considérations mondaines ne sont rien, quand il s'agit de sauver à la-fois et la religion et vous-mêmes.

Aux Rédacteurs des Annales Catholiques.

Je viens de lire dans le No. 28 de vos Annales, l'article où un de vos abonnés ne peut concevoir qu'on ait dit, en refutant l'ouvrage de Dupuis, que la plupart des anciens philosophes n'ont été au fond que des athées. Cette assertion lui a paru si étrange, que le livre lui en est tombé des mains. Si, avant de feuilleter pour la combattre, son Select è profanis, il eût pris la peine de lire en entier le chapitre où se trouvent les phrases qui l'ont si fort effarouché; de considérer avec quelque attention ce qu'avance Dupuis, et ce que je soutiens il auroit vu que sa censure étoit sans fondement, et que la proposition qui le révolte cst de la plus exacte vérité.

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Dupuis prétend que la théologie des chrétiens prend sa source dans les religions pay enet qu'ils ont emprunté des anciens phi

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s'évanouissant aussi-tôt, ils retomboient incontinent dans leurs incertitudes et leurs ténebres. La vérité n'est pour eux qu'un éclair; montrée ün instant, et aussi-tôt envolée, elle ne fait sur leur esprit qu'une impression légere, sans y opérer jamais une conviction intime et durable, sans pouvoir en bannir l'erreur, les systêmes extravagans. et impies. Ainsi, chez ces faux sages, la vérité n'a pour elle que de courts intervalles, quelques déclarations de parade: leur état fixe, leurs sentimens permanens, les résultats, en un mot, sont pour l'erreur et pour l'irréligion.

En voulez-vous, lecteur de bonne foi, une preuve sensible, lisez avec attention le fameux traité sur la Nature des Dieux, ou l'orateur romain, affranchi des entraves de la représentation, a consigné en toute liberté ses propres sentimens, et ceux de tous les sages, ses devanciers ou ses contemporains. Avec lui passez en revue tous les systêmes de la philosophie sur le point que nous discutons; pesez les diverses opinions de tout ce qu'il y avoit eu jusqu'alors de plus fameux parmi les sages. Vous nous direz après cela quel aura été pour vous le résultat de cette analyse. Ou plutôt n'est-il pas certain d'avance qu'il ne vous restera sur le dogme de l'existence d'un Dieu, qué des débris de systèmes, des opinions contradictoires, un pyrrhonisme universel, un chaos, un abyme où restera pour jamais enseveli, quiconque méconnoît ou dédaigne le flambeau de la révélation?

(La suite à l'ordinaire prochain.)

SICARD.

CATHOLIQUES.

LA conduite du général Buonaparte envers les prêtres français, en Italie, a réveillé l'attention publique. On n'a pas vu, sans quelque surprise, cette proclamation qu'il a rendue en leur faveur, dans laquelle il s'occupe de leur sort, assure leur subsistance et leur donne des preuves, non-seulement de son humanité, mais encore de son estime. Veut-il ici réparer, autant qu'il est en lui, les inouies oppressions qu'ont essuyées de leur propre patrie, ces victimes de leurs devoirs? Veut-il donner au gouvernement qui les persécute, en France, une leçon de modération et de justice? Croit-il devoir venger l'honneur d'une philosophie intolérante, qui s'est si dégradée par ses propres excès, ou faire oublier en Italie, les horreurs de la révolution française? Quoi qu'il en soit, nous prenons acte de cette proclamation, contre les imputations odieuses qu'on n'a cessé de faire contre les prêtres déportés, pour autoriser les persécutions que l'on exerce en France, contre les prêtres domiciliés. Il est donc vrai que les prêtres ne sont pas plus les ennemis de leur patrie audedans qu'au-dehors. Il faut donc tôt ou tard que l'on rende justice à la vertu et au malheur. Le temps est peut-être arrivé, où honteux de Q

Tome III. No. 31.

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