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cant ses défenseurs. De tous les traits qu'elle lance contre le christianisme, il n'en est pas de plus perçant ni de plus dangereux que celui que lui offrent nos divisions et nos querelles. D'où il suit que les écrivains appellés à l'honorable et périlleux ministère de soutenir la religion contre les assauts de ses ennemis, de la venger de leurs outrages, ne sauroient être trop réservés à s'attaquer les uns les autres, hors le cas d'une évidente nécessité. La parole de leur divin maître doit les faire trembler au seul nom de ces dissentions domestiques, dont le résultat peut être si funeste pour la mason de Dieu et son royaume (1).

Ce n'est pas que la religion ait aucun besoin de la politique, ni le moindre intérêt à ce qu'on dissimule les écarts et les méprises de ceux qui parlent en son nom et lui servent d'organe: mais c'est lui nuirc, et non la servir, que de relever, avec une minutieuse et une ombrageuse exactitude, quelques légeres taches qui auroient pu se glisser dans des ouvrages, où d'ailleurs elle est établie et défendue d'une maniere digne d'elle. Si notre censeur n'eût jamais perdu de vue unè regle, dont il me paroît difficile de contester la sagesse et la nécessité, il se seroit moins pressé d'attaquer publiquement un livre uniquement destiné à venger la vérité et la sainteté du christianisme contre les blasphêmes du plus effronté des impies. Combien sa précipitation lui paroîtra-t-elle moins excusable encore, si, comme j'ai lieu de l'attendre de son équité et de sa bonne foi, il reconnoît enfin que les assertions par lui un peu légérement censurées, ne méritoient aucun reproche, puisqu'elles n'énoncent qu'un fait indubitable. Au surplus, si je ne souscris pas à sa critique, parce que ni la vérité, ni la religion ne sauroient le permettre, je rends volontiers justice à son honnêteté et à sa modération.

(1) Omne regnum in seipsum divisum desolabitur, et domus suprà domum cadet. Luc. XI, 17.

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Apologie de la Religion catholique, et son utilité pour toute espece de gouvernement.

A Paris, de Pimprimerie de Guerbart, rue du Colombier, hôtel du Parc. Prix, 24 s.

Ce petit ouvrage ne peut qu'être utile dans les circonstances actuelles, où la religion catholique est menacée de nouveaux orages. Le style n'en est pas toujours pur, mais les raisonnemens en sont solides, et les fideles qui le liront se convaincront de plus en plus que la tempête qui dans ce moment agite la barque de Pierre, bien loin de la briser, ne fera que l'affermir.

re

Mémoire sur cette question : Les religieuses peuventelles aujourd'hui, sans blesser leur conscience, cueillir des successions et disposer par testament? Leurs supérieurs peuvent-ils, doivent-ils même leur en accorder la permission?

Chez le même Guerbart. Prix, 7 sols.

L'auteur de ce Mémoire se décide pour l'affirmative, après avoir appuyé son sentiment sur des raisons et des autorités qui nous paroissent décisives; en y admettant toutefois les modifications qu'exigent le respect qui est dû aux vœux religieux et à l'intervention de l'autorité ecclésiastique.

SICARD.

A VIS.

Les abonnés dont le trimestre expire au 15 mars courant, sont invités à le renouveller sans délai, s'ils ne veulent pas éprouver de retard dans l'envoi du prochain N°. qui est le premier du second trimestre.

CATHOLIQUES.

Dufanatisme dans la langue révolutionnaire, ou de la persécution suscitée par les barbares du dix-huitieme siecle, contre la religion chrétienne et ses ministres ; par Jean-François Laharpe, avec cette épigraphe: Firmaverunt sibi sermonem nequam : ils se sont affermis dans l'habitude d'un langage pervers. Ps. 63. A Paris, chez MIGNERET, rue Jacob. Nous avions déja eu occasion de signaler le

fanatisme de ces barbares du dix-huitieme siecle. Nous nous étions déja élevés contre cette philosophie intolérante, qui, depuis cinquante ans, ne prêchoit qu'humanité pour préparer son regne, et qui n'a plus prêché que persécution, dès qu'elle a cru que son trône étoit affermi. Nous avions déja dévoué à l'indignation universelle, cette instruction épouvantable, ce mot terrible qui devoit servir de regle aux organes de la loi et aux administrateurs de la justice: DÉSOLEZ LEUR PATIENCE. Mais nous n'élevions la voix qu'avec cette retenue et ces ménagemens qui conviennent à des victimes. Nous nous rappellions toujours que, puisqu'à peine nous avons le droit de vivre, encore moins avons-nous celui de nous plaindre: que des prêtres outragés, dépouillés, incarcerés, torturés de toutes les maTome III No. 32. T

nieres, ne pouvoient être que suspects dans leurs réclamations qu'ils ne pouvoient guere se défendre que par intérêt, s'élever contre leurs persécuteurs que par vengeance, et qu'il n'est guere possible que des hommes auxquels on a tout ôté, absolument tout, pussent encore conserver leur raison et avoir pour eux la justice.

Nous ne faisions donc entendre nos plaintes qu'à demi, et l'intérêt de notre cause s'affoiblissoit dans notre propre bouche, lorsque la Providence nous a suscité un défenseur digne. de la faire valoir: un homme, qui, n'étant pas prêtre, n'en parut, aux yeux du monde, que plus désintéressé; et qui ayant moins de ménagemens à garder, pût parler avec plus de force; un homme que les ennemis de la religion dussent d'autant plus redouter, qu'il les avoit vus de plus près, et qu'il venoit plus hautement d'abjurer leurs principes: un homme enfin qui réunissant le plus grand talent au plus grand courage, les accablat tout-à-la-fois de la double massue de sa raison et de son éloquence.

I

C'est ce que vient de faire M. de Laharpe, dans le nouvel ouvrage que nous annonçons. y avoit déja préludé, dans son discours, au Lycée, sur l'état des lettres en Europe, où il étoit passablement irrévérent envers l'esprit philoso phique et le génie révolutionnaire. Ici une nouvelle force s'est emparée de lui: son génie s'éleve; il se pénetre de la sainteté de sa cause. La conviction qu'il porte dans l'ame, est d'autant plus irrésistible, qu'il est impossible de ne pas voir et de ne pas sentir la sienne. Jamais la raison ne parla un langage plus passionné : jamais le sentiment ne parla un langage plus raisonna

ble c'est le tonnerre qui tombe en éclats, et dont aucun ne porte à faux. Ainsi que son enthousiasme est sans écart, sa chaleur est sans emportement, à moins que l'on n'appelle de ce nom le cri profond de la sensibilité à la vue du malheur : la haine vigoureuse de la vertu contre le vice insolent et hardi: et la profonde indignation d'une ame noble et fiere, contre les plus exécrables tyrans qui aient jamais souillé la terre et déshonoré l'espece humaine.

Comme ouvrage, ce livre est un modele de bon goût, de pureté de style: comme apologétique, c'est un modele de discussion et de lagique: comme monument d'histoire, c'est un des plus précieux de la révolution, comme il en sera le plas durable. C'est la colonne d'airain où resteront gravés la gloire de nos martyrs et l'opprobre de nos bourreaux.

C'est sans doute le changement de M. de Laharpe qui a produit ce livre: mais en mêmetemps c'est ce livre qui justifie son changement. L'écrivain n'est si fort que parce que le chrétien est sincere. C'est la preuve la plus péremptoire qu'il pût donner de sa bonne foi; c'est la réfutation la plus complette qu'il pût faire de ses détracteurs. C'est la plus belle réponse qu'il pût donner à tous ces garçons philosophes, à tous ces petits professeurs d'entendement et d'analyse, à tous ces petits hommes plantes, qui ne pouvant pas combattre son livre par des raisons, ont attaqué sa conversion par des injures. Avec quelle fureur ils se sont déchaînés contre cet apostat de la raison, cet enfant ingrat de la philosophie, ce charlatan de dévotion, ce láche déserteur de ses anciens principes.

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