LA RAPIÈRE. Monsieur, de bonne part je viens d'être informé MASCARILLE. Moi? Je ne suis pour rien dans tout cet embarras. Et puis-je mais, chétif, si le cœur leur en dit? VALÈRE. Oh! qu'ils ne seront pas si méchants qu'ils le disent! Et quelque belle ardeur que ses feux lui produisent, Eraste n'aura pas si bon marché de nous. LA RAPIÈRE. S'il vous faisoit besoin, mon bras est tout à vous. Vous savez de tout temps que je suis un bon frère. VALÈRE. Je vous suis obligé, monsieur de la Rapière. J'ai deux amis aussi que je vous puis donner, MASCARILLE. Acceptez-les, monsieur. VALÈRE. C'est trop de complaisance. LA RAPIÈRE. Le petit Gille encore cût pu nous assister, 11 mourut en César, et, lui cassant les os, Monsieur de la Rapière, un homme de la sorte LA RAPIÈRE. SCÈNE IV. VALERE, MASCARILLE. MASCARILLE. Quoi! monsieur, vous voulez tenter Dieu? Quelle audace! Las! vous voyez tous deux comme l'on nous menace; Combien de tous côtés... VALÈRE. Que regardes-tu là? MASCARILLE. C'est qu'il sent le bâton du côté que voilà. Enfin, si maintenant ma prudence en est crue, Ne nous obstinons point à rester dans la rue, Allons nous renfermer. VALÈRE. Nous renfermer, faquin? Tu m'oses proposer un acte de coquin? Sus; sans plus de discours, résous-toi de me suivre. MASCARILLE. Eh! monsieur mon cher maitre, il est si doux de vivre! Je m'en vais t'assommer de coups, si je t'entends. MASCARILLE. Je n'ai nulle démangeaison. Que maudit soit l'amour, et les filles maudites, Qui veulent en tåter, puis font les chatemites! SCÈNE V. ASCAGNE, FROSINE. ASCAGNE. Est-il bien vrai, Frosine, et ne rêvé-je point? FROSINE. Vous en saurez assez le détail, laissez faire. Sa femme en secret lors se rendit son vrai sang, Elle en dit des raisons, et peut en avoir d'autres, Nous en avons nous deux votre père informė; Un billet de sa femme a le tout confirmé : Non, non, je ne suis pas si méchant qu'on ne fait ; Mais il veut bien mourir, si sa mort nécessaire Peut avoir maintenant de quoi vous satisfaire, Celle à qui par sermeift ton âme est attachée, Et qu'un noud plus sacré donne force au premier. ᎪᏞᏴᎬᎡᎢ . Et c'est là justement ce combat singulier POLIDORE. Un tel événement rend tes esprits confus; Non, non, je ne veux pas songer à m'en défendre; 'EST une chose étrange qu'on imprime les gens malgré eux! Je ne vois rien de si injuste, et je pardonnerois toute autre violence plutôt que celle-là. Ce n'est pas que je vouille faire ici l'auteur modeste, et mépriser par honneur ma comédie; j'offenserois mal à propos tout Paris, si je l'accusois d'avoir pu applaudir à une sottisc. Comme le public est juge absolu de ces sortes d'ouvrages, il y auroit de l'impertinence à moi de le démentir; et quand j'aurois eu la plus mauvaise opinion du monde de mes Précieuses Ridicules avant leur représentation, je dois croire maintenant qu'elles valent quelque chose, puisque tant de gens ensemble en ont dit du bien. Mais comme une grande partie des graces qu'on y a trouvées dépendent de l'action et du ton de voix, il m'importoit qu'on ne les dépouillåt pas de ces ornements, et je trouvois que le succès qu'elles avoient eu dans la représentation étoit assez beau pour en demeurer là. J'avois résolu, dis-je, de ne les faire voir qu'à la chandelle, pour ne point donner licu à quelqu'un de dire le proverbe; et je ne voulois pas qu'elles sautassent du théâtre de Bourbon dans la galerie du Palais. Cependant je n'ai pu l'éviter, et je suis tombé dans la disgrace de voir une copie dérobée de ma pièce entre les mains des libraires, accompagnée d'un privilége obtenu par surprise. J'ai eu beau crier: 0 temps! 6 moeurs! on m'a fait voir une nécessité pour moi d'être imprimé, ou d'avoir un procès; et le dernier mal est encore pire que le premier. Il faut donc se laisser aller à la destinée, et consentir à une chose qu'on ne laisseroit pas de faire sans moi. Mon Dieu l'étrange embarras qu'un livre à mettre au jour. et qu'un auteur est neuf la première fois qu'on l'imprime! Encore si l'on m'avoit donné du temps, j'aurois pu mieux songer à moi, et j'aurois pris toutes les précautions que messieurs les auteurs, à présent mes confrères, ont coutume de prendre en semblables occasions. Outre quelque grand seigneur que j'aurois été prendre malgré lui pour protecteur de mon ouvrage, et dont j'aurois tenté la libéralité par une épitre dédicatoire bien fleurie, j'aurois tâché de faire une helle et docte préface, et je ne manque point de livres qui m'auroient fourni tout ce qu'on peut dire de savant sur la tragédie et la comédie. l'étymologie de toutes deux, leur origine, leur définition, et le reste.. J'aurois parlé aussi à mes amis, qui, pour la recommandation de ma pièce, ne m'auroient pas refusé ou des vers françois, ou des vers latins. J'en ai même qui m'auroient loué en grec; et l'on n'ignore pas qu'une louange en grec est d'une merveilleuse efficacité à la tête d'un livre. Mais on me met au jour sans me donner le loisir de me reconnoître; et je ne puis même obtenir la liberté de dire deux mots pour justifier mes intentions sur le sujet de cette comédie. J'aurois voulu faire voir qu'elle se tient partout dans les hornes de la satire honnête et permise; que les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes qui méritent d'être hernés; que ces vicieuses imitations de ce qu'il y a de plus parfait ont été de tout temps la matière de la comédie; et que, par la néine raison, les veritables savants et les vrais braves ne se sont point encore avisés de s'offenser du Docteur de la comédie, et du Capitan, non plus que les juges, les princes et les rois, de voir Trivelin, ou quelque autre, sur le théâtre, faire ridiculement le juge, le prince ou le roi aussi les véritables précieuses auroient tort de se piquer lorsqu'on jone les ridicules qui les imitent mal. Mais enfin, comme je l'ai dit, on ne me laisse pas le temps de respirer, et M. de Luynes veut m'aller relier de ce pas. A la bonne heure, puisque Dieu l'a voulu. |