(26) II paroît qu'il y avoit quelque chose de plus dans le manuscrit de la Croze, car il a traduit, et Smyrnam Ephesiorum. (27) La Cilicie, occupée par les Arméniens, ne fut pas conquise par les Mongols; ses princes se hâtèrent, après la conquête de l'Asie mineure, de conclure une alliance avec les vainqueurs. (28) Le voyageur Rubruquis (dans la collection de Bergeron p. 3) nous apprend que l'empereur de Trébizonde étoit vassal des Mongols. (29) Dans l'original, qunzéu Cui, que la Croze a traduit domum Schamaï ; c'est la Syrie, que les Arabes appellent la Scham. (30) Dans l'édition de Madras, ' Lu√ubSwuy, faute qui n'étoit pas dans le manuscrit de la Croze, qui a traduit comme nous usque ad Hams et Hamai. Il s'agit ici d'une époque plus récente : ce ne fut que sous le règne d'Houlagou que les Mongols entrèrent en Syrie. (31) Le général Tchorman est appelé par d'autres écrivains Arméniens (Tchamtch. tom. III, p. 204), Tcharma, Tchorma, ou bien Tchorma-khan et Tcharmaghan. On a déjà pu remarquer que Raschideddin l'appeloit constamment Tcharmaghoun. Aboul'faradj le nomme, dans sa Chronique Syriaque, Scharmagoun, et dans sa Chronique Arabe, Djourmaghoun. Je pense que le nom de Tchorman n'est qu'une contraction de celui de Tcharmaghoun, comme nous aurons occasion d'en remarquer beaucoup d'autres dans les noms Mongols. Selon Tchamtchéan, les autres généraux Mongols qui vinrent en Arménie avec Tcharmaghan, se nommoient Penal-nouïn, Moular-nouïn, Ghadaghan, Tchagatha, Toughata, Sonitha, Dchola, Asouthou, Patchou, Thouthou, Khouththou, Asar ou Aslan, Okotha, Khola, Khourhoumdchi, Khounan et Gharapougha, (32) La Croze a traduit, anno sexcentesimo octogesimo quinto, l'an 685 de l'ère Arménienne, qui répond à l'an 1236 de J. C., tandis qu'on voit dans notre édition 1236, date sur laquelle il n'y a aucune difficulté, mais qui nous donnera occasion de faire une remarque générale, c'est que nous pensons que l'auteur Arménien ne s'est jamais servi des années de l'ère Chrétienne, mais qu'il a toujours employé celles de l'ère Arménienne, ce qui est bien plus naturel. Les extraits de la Croze nous en fourniront d'autres exemples; ce sont les éditeurs de Madras qui ont changé toutes ces dates. (33) Dans l'arménien, Houlavou-ghan. Ce prince étoit le cinquième fils de Touly-khan, quatrième fils de Djinghiz-khan, et de Siourkoukitny-Biky, fille de Tchakembou, frère de Wang-khan, roi des Keraït. II fut le premier prince de la race Mongole qui régna sur la Perse, et il mourut, selon Raschid-eddin (fol. 298 verso), le 19 de reby 2. de l'an 663 de l'hégire [8 février 1265 de J. C. ], à l'âge de quarantehuit ans, dans son kischlak ou résidence d'hiver de Tchaghathou lë, auprès de Maraghah. (Raschid-eddin, fol. 210 recto et 297 verso.) Abou❜lfaradj place le même événement dans les premiers jours du carême de l'an 1576 de l'ère des Séleucides [1265 de J. C.]: et comme en cette année le carême commença le 4 février, on voit qu'il s'agit de la même date. (Chronique Syriaque, p. 543, vers. Lat. p. 567.) (34) Nous appelons ce prince Djinghiz-khan, pour nous conformer à l'usage établi par un grand nombre d'orientalistes. Les Arméniens le nomment Tchankez ou Tchangez-khan, ce qui se rapproche plus du mongol, dans lequel on prononce Tchingkiz-khakan, On devroit, d'après le persan, l'appeler Tchinkiz-khan, ce qui est toujours, à peu de chose près, le même nom. (35) Le dernier khalife de Baghdad fut Mostasem-billah Abou-Ahmed Abdallah, et la ville de Baghdad fut conquise par les Mongols le 26 de mouharram de l'an 656 de l'hégire [2 février 1258]. Les Géorgiens qui étoient au service des Mongols s'y distinguèrent, au rapport d'Abou'lfaradj, par le carnage qu'ils y firent. (Chronique Syriaque, p. 528 et 529, vers. Lat. p. 550.) Le khalife fut tué le 14 du mois de safar [20 février 1.258]. (Voyez Abou'lfaradj, Chronique Arabe, p. 520, vers. Lat. p. 339.) Au lieu de l'an 1258 de J. C., on lisoit dans le manuscrit de la Croze, en l'an 707 de l'ère Arménienne, anno septingintesimo septimo. (36) On verra un peu plus bas que le siége de cette ville dura un an et quelques mois. Il est certain, par le témoignage de tous les écrivains Musulmans, qu'elle se défendit pendant près de deux ans, avec la plus grande opiniâtreté, et que les assiégés furent réduits à se manger les uns les autres. Almalek-alkamel-Mohammed, qui en étoit roi, fut tué en la défendant. Un grand nombre de princes et de troupes auxiliaires Arméniennes et Géorgiennes se trouvèrent à ce siége, avec les Mongols, commandés par Yaschmout, troisième fils d'Houlagou. La ville ne tomba en son pouvoir qu'en l'an 658 de l'hégire [ 1259 et 1260]. Tome II. S (37) Halep fut pris par Houlagou, selon Abou'lféda ( Ann. Mosl. tom. IV, pag. 578), le 9 de safar de l'an 658 de l'hégire [ 25 janvier 1260 de J. C. ], et la citadelle ne se rendit que plus de deux mois après, un lundi, 21 de reby 2. [le 12 avril ]. Il faut lire dans le texte d'Abou'lféda (tom. IV, pag. 582) , 11 2.o de 2 parce que le in de reby الحادي عشر au lieu de من ربيع الآخر cette année ne répondoit pas à un lundi. (38) Abou'lfaradi (Chronique Syriaque, pag. 533, et vers. Lat. pag. 555) et Abou❜lféda ( Annal. Moslem. tom. IV, pag. 584 et 586) font mention de la prise de Damas et de celle de Baalbek par les Tartares. (39) La ville d'Antioche s'étoit soumise aux Mongols long-temps avant l'arrivée d'Houlagou dans l'Occident. On voit dans Mathieu Paris (page 876) qu'à la fin de l'été de l'an 1244, le principal chef des Tartares envoya par deux fois des ambassadeurs à Bohémond V, alors prince d'Antioche, pour lui demander, 1.° d'abattre les murs de ses villes et de ses forteresses; 2.o de lui envoyer tout le revenu de sa souveraineté; et 3.o de lui livrer trois mille jeunes filles. Eodem anno (1244), æstate declinante, præcipuus rex Tartarorum significavit bis per diversos nuncios principi Antiochiæ, ut tria sua sibi compleret mandata, sin autem solus gladius cruentatus ultionem exerceret : primum, ut humiliaret muros civitatum suarum ac castrorum; secundum, ut mitteret ei redditum totum auri et argenti ex principatu suo provenientem; tertium, ut tria millia virginum ei destinaret. Par ces mots, præcipuus rex Tartarorum, il faut entendre le principal commandant des forces Mongoles dans l'Occident: ce qui nous porte à croire qu'il s'agit de Batchou-nouïan dans l'historien Anglais; à moins qu'il ne parle de Nasawour-nouïnas jools ou et lasawour, qui, précisément pendant l'été de l'an 1555 de l'ère des Séleucides, et de l'an 641 de l'hégire, qui répond à celui de l'an 1244 de J. C., passa l'Euphrate et vint jusqu'aux portes d'Halep, d'où il put facilement envoyer son message à Antioche. Nous pensons cependant qu'il parla au nom de Batchou-nouïan. Le prince d'Antioche refusa d'obtempérer à cette demande, et le général Mongol ne put le punir de son refus avec son armée affoiblie par les grandes chaleurs de la Syrie; il fit bientôt après sa retraite par l'Asie mineure. (Abou'lfaradj, Chronique Syriaque, pag. 504 et 50s, et Chroniqne Arabe, pag. 486.) Il est probable que les Tartares furent moins exigeans par نساور نوین la suite; car, selon le même historien (page 937), le prince d'Antioche et plusieurs autres seigneurs Chrétiens se soumirent à leur payer tribut. In anno 1245, Tartari, cùm sibi multos Saracenorum principes violenter subjugassent, regem Armeniæ et principem Antiochiæ et alios multos nobiles Christianos, Deo mortalibus adversante, sibi sub tributo subegerunt. Il paroît que les princes d'Antioche restèrent, depuis cette époque, soumis aux Mongols; car un passage de l'historien Arménien Vartan, cité dans Tchamtchéan (tom. III, pag. 261), nous apprend que Bohémond VI se trouva en personne au kouriltay qu'Houlagon tint à Tauriz, peu de temps avant sa mort, en l'an 1264. (40) Aucun autre historien ne parle de la prise de Jérusalem par les Mongols; mais comme ils s'avancèrent à cette époque jusqu'à Ghazzah, il est presque impossible qu'ils n'aient pas occupé pendant quelque temps la première de ces villes. (41) Dans l'arménien, Aslan-nouïn. Le nom d'Aslan n'est que la corruption de celui d'Arslan, qui, en langue Turque, signifie lion. Ainsi altéré, il est passé dans l'arménien vulgaire et dans quelques dialectes Turks. Quant à nouïn, en persan nouïan, c'est le nom que les Mongols donnoient aux nobles de leur nation. Il s'écrit ainsi jai noyan, dans leur langue. (42) On donnoit alors le nom d'ouïghour ou d'oughour à la langue Turque, et nous pensons qu'il lui venoit de ce que les Mongols avoient récemment emprunté leur alphabet aux Ouïghours, la seule des nations Turques qui se servêt de l'écriture, et de ce que, par cette raison, ils avoient donné son nom à la langue de tous les Turks, qui ne pouvoient écrire qu'avec les caractères Ouïghours. Raschid-eddin observe (fol. 240 recto) que Mangou-khan avoit des secrétaires pour transcrire ses ordonnances en persan, en chinois, en tibétain, en tangutain et en ouïghour, sans parler autrement de la langue Turque, qui étoit en usage dans la plus grande partie de l'empire des Djinghiz-khanides. Cet auteur la désigne encore, en plusieurs endroits de son ouvrage, de la même façon. Elle conserva assez long-temps ce nom; car on voit qu'à la fin du XIV. siècle, la langue Turque dont se servoient les Mongols établis dans la Crimée, est appelée lingua Ugaresca dans les négociations qu'ils eurent avec les Génois de Kaffa. (Voyez M. Silvestre de Sacy, Rapport sur les archives de Gènes, dans les Mémoires de l'Institut, t. III, p. 114.) CHAPITRE VII. (1) Dans cet endroit, ainsi que dans plusieurs autres, les Mongols sont appelés la nation des archers, à cause de leur habileté à tirer de l'arc. Batchou-nouïan, appelé en arménien Patchou-nouïn, est nommé Raschid-eddin Batchou ou Baïtchou-nouïan Batchou↳ par , tandis qu'Abou'lfaradj le nomme Badjou et Baschou; ce qui est toujours à-peu-près la même chose. Dans un morceau du Khelasetalakhbar, publié par M. Charles Stewart (a descriptive Catalogue of the oriental library of Tippoo sultan, p. 202-207), ce personnage porte par erreur le nom de Taïdjou. Il fut l'un des plus illustres guerriers Mongols que les Djinghiz-khanides envoyèrent dans la Perse, et celui qui contribua le plus à l'établissement de leur puissance dans cette région. Il étoit, selon Raschid-eddin (fol. 6o verso) de la tribu Mongole de Yasout, et parent de Tchepeh-nouïan, fameux général, fort aimé de Djinghiz, qui l'avoit chargé de commander l'armée qui fit le tour de la mer Caspienne et pénétra la première en Europe. Ce fut Oktay qui envoya Batchou dans l'Occident, avec Tcharmaghoun: il ne commandoit alors qu'un hézareh, ou corps de mille hommes; ce ne fut que par la suite qu'on lui confia un touman, ou corps de dix mille hommes. Quand Houlagou vint se fixer à Tauriz et dans la plaine de Moughan, Batchou passa avec ses troupes dans l'Asie mineure, dont il se rendit maître; il revint ensuite dans la Mésopotamie, d'où il alla joindre Houlagou, qui se préparoit alors à faire le siége de Baghdad, et il commanda la plus grande partie de l'armée qui prit cette ville. Après cette conquête, Batchou continua d'avoir un fort grand pouvoir auprès d'Houlagou, et sa postérité fut toujours très-considérée à la cour des Mongols de Perse. (2) Dans l'arménien, papp (quín, Regulus. On peut voir ce que j'ai dit de ce prince dans mon premier volume, page 213. (3) Dans l'arménien, qnsup kohvar, et un peu plus loin dcholvar; c'est le mot Persan gouhar, passé dans la langue Arabe sous la forme djauhar; ces mots signifient tous pierre précieuse. |