C'EST M. BERNARD DE VERSAILLES.
Air: Je croyais trouver en tous lieux.
A des châtiments mérités
Quand les Juifs voulaient se soustraire, De toutes leurs iniquités
Ils chargeaient le bouc émissaire; La mode en vient dans ce pays,
Soit qu'on agisse ou qu'on rimaille; Tout le mal qu'on fait à Paris, C'est monsieur Bernard de Versaille.
Sans esprit, sans goût, sans pudeur, Que d'une bonne tragédie Des charniers quelque rimailleur Fasse une plate parodie,
Au mépris bien moins qu'au bâton Il oppose un homme de paille; Et quand vous demandez son nom, C'est monsieur Bernard de Versaille.
La jeune Iris, pleine d'appas, Prend un époux octogénaire,
1 En 1809, époque où parurent ces couplets, les journaux étaient remplis d'articles injurieux et de personnalités outrageantes, qui tous étaient signés du nom pseudonyme, Bernard de VERSAILLES.
Et d'un enfant qu'il n'attend pas Le force à devenir le père. Parlez, dit l'époux furieux;
Quel homme à ma vigne travaille? Iris dit, en baissant les yeux,
C'est monsieur Bernard de Versaille.
Dans des journaux, chaque matin, La haine, la rage, et l'envie Vont répandant leur noir venin; On ment, on blesse, on calomnie. Contre un ennemi clandestin
S'il veut user de représailles, L'homme outragé le cherche en vain, C'est monsieur Bernard de Versailles.
Du nom de nos aïeux les Francs Est dérivé le mot franchise;
Ne cherchons point d'autres garants, Ne prenons pas d'autre devise. Que chacun, signant ses écrits, A découvert livre bataille, Et qu'on abandonne au mépris
Ces messieurs Bernards de Versaille.
Jour de la première représentation de la mort
Air: Je croyais pouvoir en tous lieux.
De Henri, célébre à jamais, Quand tu nous retraces l'image, C'est au nom de tous les Français Que je viens t'offrir mon hommage : Chacun d'un laurier, comme moi, Veut aujourd'hui parer ta tête, Car tous les amis du bon roi Sont les amis de son poëte.
Qu'importe que maître Frélon Du fond de son bourbier croasse; On peut braver le feuilleton De ce d'Épernon du Parnasse : Autour de lui si quelques sots Forment une impuissante brigue, Bien plus heureux que ton héros, Tu ne dois pas craindre la ligue.
Air: Le souvenir de notre amour.
On a vu périr Henri quatre Malgré ses défenseurs ardents:
Ce brave roi, ce diable à quatre
Tomba sous les coups des méchants; Mais sur la scène il les défie; Des Ravaillacs trompant l'effort, Ils ont pu le tuer en vie,
Mais ils ne tueront pas sa mort.
Loin d'un monde rempli d'appas, Tendre Nancy, tu veux me suivre, Tu veux accompagner mes pas Dans la retraite où je vais vivre; Pourras-tu quitter sans regret La ville et ses fêtes nouvelles, Cette cour où l'on admirait Nancy, la plus belle des belles.
Du soleil bravant les rayons, Pourras-tu parcourir la plaine? Pourras-tu des froids aquilons Souffrir la rigoureuse haleine? Sans gémir pourras-tu des bois Entendre les échos fidèles Redire aux accents de ma voix :
Nancy, la plus belle des belles.
Quand tu veux t'unir à mon sort, Sais-tu quelle en est l'injustice?
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