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sublime ne pouvait avoir rien de commun avec les habitudes de nos camps; l'esprit du soldat français, qui répondait au mot honneur sans rien entendre au mot patrie, n'aurait reçu aucun élan de ces nobles inspirations où s'enflammait le courage des peuples citoyens. La renaissance de la liberté inspira des Tyrtées nouveaux. Obligé de choisir entre plusieurs chansons militaires, supérieures à tout ce que l'antiquité a produit dans ce genre, on ne sera point étonné que je m'arrête à celle qui réveille à-la-fois les souvenirs de notre gloire et de nos malheurs : écoutons Béranger.

LE CHAMP D'ASILE.

Air de la Romance de Bélisaire. (Garat.)

Un chef de bannis courageux,
Implorant un lointain asile,
A des sauvages ombrageux
Disait : « L'Europe nous exile;

«Heureux enfants de ces forêts,
l'histoire :

« De nos maux apprenez

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naissance à une foule de chansons burlesques ou grivoises, composées au feu du bivouac, ou dans les loisirs du corpsde-garde; une seule n'est pas tout-à-fait indigne d'être conservée: on en jugera par ce premier couplet qui est aussi le meilleur.

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Béranger aussi a chanté la Catin du régiment, mais dans des couplets non moins supérieurs à celui qu'on vient de lire, que les exploits de nos guerriers d'alors ne l'étaient à ceux de nos guerriers d'autrefois.

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J'ai pris part à tous vos exploits
En vous versant à boire;
Songez combien j'ai fait de fois
Rafraîchir la victoire.

Ça grossissait son bulletin,

Tin tin, tin tin, tin tin, r’lin tin tin ;
Ça grossissait son bulletin,
Soldats, voilà Catin.

Depuis les Alpes je vous sers;
Je me mis jeune en route:
A quatorze ans dans les déserts
Je vous portais la goutte.

Puis j'entrai dans Vienne un matin, Tin tin, tin tin, tin tin, rlin tin tin ; Puis j'entrai dans Vienne un matin, Soldats, voilà Catin.

De mon commerce et des amours

C'était le temps prospère. A Rome je passai huit jours,

Et de notre saint Père

Je débauchai le sacristain,

Tin tin, tin tin, tin tin, rlin tin tin ;

Je débauchai le sacristain,

Soldats, voilà Catin.

J'ai fait plus que maint duc et pair
Pour mon pays que j'aime.

A Madrid si j'ai vendu cher,

Et cher à Moscou même,

J'ai donné gratis à Pantin,

Tin tin, tin tin, tin tin, rlin tin tin ;

J'ai donné gratis à Pantin,

Soldats, voilà Catin.

Quand au nombre il fallut céder

La victoire infidéle,

Que n'avais-je pour vous guider

Ce qu'avait la Pucelle?

L'Anglais aurait fui sans butin,

Tin tin, tin tin, tin tin, r’lin tin tin;

L'Anglais aurait fui sans butin,
Soldats, voilà Catin.

Si je vois de nos vieux guerriers
Pâlis par la souffrance,

Qui n'ont plus, malgré leurs lauriers,
De quoi boire à la France,

Je refleuris encor leur teint,

Tin tin, tin tin, tin tin, r’lin tin tin;

Je refleuris encor leur teint,
Soldats, voilà Catin.

Mais nos ennemis gorgés d'or

Paieront encore à boire;

Oui, pour vous doit briller encor

Le jour de la victoire.

J'en serai le réveil matin,

Tin tin, tin tin, tin tin, r’lin tin tin;
J'en serai le réveil matin,

Soldats, voilà Catin.

Trente années de victoires, souvenirs, regrets, sensibilité, gaieté, grace, et philosophie, tout se trouve dans ce petit poëme populaire dont une vivandière est l'héroïne.

LA CHANSON PHILOSOPHIQUE.

Quelques unes des plus belles odes d'Horace ne sont évidemment que des chansons philosophiques et morales. Bien avant lui, les Grecs, qui mêlaient à tout des idées de patrie, de liberté, et de philosophie, animaient leurs repas par des chansons de ce genre. Athénée rapporte la chanson suivante, sans en citer l'auteur.

« O Dieux ! donnez-nous la santé, qui est la fleur de la « vie! Je vous demanderai ensuite la beauté, qui est l'an« nonce extérieure d'une vertu pure! Que ma vie s'entoure

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