Le chien nous poursuit comme loups: Le temps n'y peut rien faire. Mais si Plutus entre dans le mystère, Grille et ressort S'ouvrent d'abord. Le mari sort, Le chien s'endort; Femme et soubrette sont d'accord; Un jour finit l'affaire. Cette extrême aisance de rimes redoublées est moins remarquable encore, dans Panard, que l'emploi des vers monosyllabiques. Personne n'a su les placer avec autant de bonheur. Mettez-vous bien cela Là, Jeunes fillettes; Songez que tout amant Ment Dans ses fleurettes. Et l'on voit des commis Mis Comme des princes, Qui jadis sont venus De leurs provinces. Tout le monde connaît le vaudeville satirique, chefd'œuvre de Panard, dont je me contenterai de citer le premier couplet. Collé, Piron, Jean Monet, Favard, Laujon, ont laissé quelques vaudevilles qui méritent de trouver place dans les recueils, mais qui ne leur assignent, en ce genre, qu'un rang fort inférieur à Panard. L'espèce d'influence que la chanson vaudeville exerçait sur le gouvernement est assez bien décrite dans les vers suivants, dont j'ignore l'auteur, et que j'ai conservés dans ma mémoire. * Avec Panard, avec Collé Est mort le joyeux vaudeville; Et de la cour et de la ville: Plus de gaieté, plus de couplets; Jadis le Français, moins moral, Et bien plus aimable sans doute, Se consolait d'une déroute En chansonnant son général. Si quelque ministre, en cachette, Lançait des lettres de cachet, Le lendemain, sous sa serviette, Le contrôleur en très beau style Le peuple français aussitôt De prendre en main le gouvernail, Son histoire en chanson nouvelle En un mot la pourpre et l'hermine, On narguait le malheur des temps La monarchie avait fini par des Noëls; la révolution commença par des vaudevilles: l'opposition était alors royaliste; Rivarol et Champceneitz en furent les coryphées, et les Actes des apôtres furent remplis d'épigrammes, de diatribes en vaudeville contre le nouvel ordre de choses, et contre les auteurs de cette grande réforme politique. Les partisans de ceux-ci répondirent, également en chansons, par des menaces, qui ne tardèrent pas à s'effectuer, et le vaudeville prit la teinte d'une politique extravagante et lugubre, qui finit par en dénaturer l'esprit. L'histoire littéraire ne conservera de cette terrible époque que les chansons guerrières dont j'ai déja parlé. Le régime impérial vit éclore des légions de chansonniers, dont la muse en livrée verte se mit à la solde de la gloire et de la puissance. Une seule chanson, celle du roi d'Yvetot, interrompit ce concert de louanges mercenaires. Le vaudeville du roi d'Yvetot a commencé la réputation de M. de Béranger d'une manière trop brillante et trop hono rable pour qu'on ne me sache pas gré de le transcrire ici. Il n'appartenait qu'à celui qui chanta si courageusement la gloire de la France aux jours de ses revers, de célébrer des vertus pacifiques, et de fronder la manie des conquêtes en présence de Napoléon. Quel bon petit roi c'était là Là là. Aux filles des bonnes maisons Que pour tirer quatre fois l'an Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! Quel bon petit roi c'était là Là là. Il n'agrandit point ses états, Pleura. Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! Quel bon petit roi c'était là Là là. On conserve encor le portrait Fameux dans la province. Les jours de fête, bien souvent, La foule s'écrie en buvant Devant : Oh! oh! oh! oh! ah! ah! ah! ah! Quel bon petit roi c'était là Là là. LA CHANSON BACHIQUE. En continuant à suivre le plan que je me suis imposé, je ferai en quelques lignes l'histoire du genre. |