Images de page
PDF
ePub

blement dans les deux quatrains suivants, inspirés par ce dernier vers du quatrain qui les précède:

Qui remplit ses devoirs augmente ses plaisirs.

Des devoirs, mes enfants! ce mot peut vous déplaire;

Mais sachez qu'ici-bas tout le monde a les siens :
Les vôtres sont d'aimer, d'obéir, de bien faire;
Vous guider, vous instruire, enfants, voilà les miens.

L'homme doit à son Dieu, car il est son ouvrage ;
Il doit à ses parents qui le rendent heureux ;
Il doit à ses pareils, s'il veut vivre avec eux;
Tel est de nos devoirs le nombre et le partage.

Je n'ai

pas besoin de faire observer que la clarté, la simplicité, le défaut d'inversions et de métaphores qu'on peut remarquer dans ce recueil de cinq cents quatrains destinés à l'enfance, en font, sous le rapport du style, le principal mérite.

LE DISTIQUE.

Le distique est un couplet dont le sens doit être renfermé en deux vers. Chez les Latins, le premier vers devait être hexametre, et le second pentamétre. Les distiques de Caton, comme les quatrains de M. de Morel-Vindé, sont plus célèbres par l'excellente morale qu'ils renferment, que par la poésie du style.

Voltaire, qui avait concouru pour le prix de l'académie des sciences, sur la nature et la propagation du feu, avait pris pour devise ce distique latin, dont Condorcet admire l'énergique précision:

Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem,

Cuncta perit, renovat, dividit, unit, alit.

On chercherait vainement chez les poëtes anciens, si fé

conds en ce genre, un distique à comparer à celui de Voltaire, inscrit au bas d'une statue de l'Amour:

Qui que tu sois, voici ton maître,

Il l'est, le fut, ou le doit être.

Ou cet autre du même auteur,

Sur l'estampe du R. P. Girard et de La Cadière.

Cette belle voit Dieu, Girard voit cette belle :

Ah! Girard est plus heureux qu'elle.

Tous les distiques de Le Brun sont des épigrammes en deux vers.

Sur une dame poëte.

Chloé, belle et poëte, a deux petits travers:
Elle fait son visage, et ne fait pas ses vers.

Dialogue entre un pauvre poëte et l'auteur.

On vient de me voler. - Que je plains ton malheur !

Tous mes vers manuscrits.

Que je plains le voleur!

Sur notre dictionnaire académique.

On fait, défait, refait ce beau dictionnaire,
Qui toujours très bien fait, reste toujours à faire.

L'INSCRIPTION.

Les anciens, dont les habitudes sociales et les institutions politiques tendaient à tout populariser, se sont fréquemment servi de l'inscription comme d'une leçon publique.

Les inscriptions de Delphes, celles d'Athènes et de Rome, se bornaient à quelques mots destinés à rappeler

l'objet et le but du monument où l'inscription se trouvait placée. Ces mots n'étaient pas toujours soumis aux lois de la versification; il en est de même parmi nous. Ce n'est donc que pour avoir occasion de citer l'admirable épitaphe de Voltaire, composée par Le Brun, que je range l'inscription parmi les poésies légères.

Sur la mort de Voltaire.

O Parnasse! frémis de douleur et d'effroi!
Pleurez, Muses! brisez vos lyres immortelles;
Toi, dont il fatigua les cent voix et les ailes,

Dis que Voltaire est mort, pleure, et repose-toi.

Lorsque je place à la tête du recueil de mes poésies légères cet essai dans lequel j'ai réuni les divers chefs-d'œuvre de cette branche de littérature, je desire qu'on ne m'accuse ni d'un ridicule orgueil, ni d'une fausse modestie : je ne crois pas qu'on puisse égaler Béranger dans la chanson; mais je pense qu'au banquet des chansonniers qu'il préside beaucoup de places peuvent être honorablement occupées, et qu'il m'est permis de m'y asseoir.

CHANSONS.

LA MARCHANDE D'AMOURS.

Air du vaudeville de Jean Monnet.

A la gentille oiselière

Chacun peut avoir recours;
On trouve dans ma volière
Un assortiment d'amours,

Doux, rusés,

Frais, usés,

Pour tous les goûts, tous les âges;

J'en ai très peu de sauvages,

Et beaucoup d'apprivoisés.

Voici la petite espèce

Que nous prenons au miroir;
C'est une grace, une adresse,
Tout le monde en veut avoir:

Inconstant

Et partant,

Dans le commerce commode,

C'est un amour à la mode,

On s'en défait à l'instant.

« PrécédentContinuer »