» les premières vérités gravées dans nos » cœurs par la main du Créateur, d'abolir » fon culte & fes miniftres, & détablir enfin le Déisme & le Matérialisme » !

(a) Volant libri: urbibus & caftellis ingeruntur. Pro luce tenebræ ; pro melle, vel potiùs in_melle venenum paffim omnibus propinatur. Tranfierunt de gente in gentem, & de regno ad populum alterum. Novum cuditur populis & gentibus Evangelium, nova proponitu fides: fundamentum aliud ponitur, præter id quod pofitum eft. S. Bernardus, Epift. 189. ad Innocentium Papam.

IX.

L'Eglife eft ainfi affaillie de toutes parts. Les impies l'infultent, les novateurs la déchirent; & les Catholiques verront-ils la fituation violente de leur mere d'un œil glacé & indifférent? Combien en eft-il qui pourroient s'appliquer ces paroles du Prophête? Le zèle de votre maifon me dévore : & les outrages de ceux qui vous infultoient font tombés fur moi. O Dieu! fouvenez-vous de vos promeffes; venez à notre fecours, & n'abandonnez pas votre Eglife.

Zelus domûs tuæ comedit me: opprobria exprobrantium tibi, ceciderunt fuper me. Pf. 68. v. 10.

X.

Ce font ces triftes & affligeantes réflexions, qui m'ont fait naître d'abord l'idée de recueillir, pour ma propre utilité, une fuite de Penfées Théologiques, qui pussent me fervir de préfervatif contre les périls auxquels ma religion pourroit fe trouver expofée dans un fiécle fi nébuleux. Une feconde réflexion m'a fait porter mes vues plus loin. J'ai confidéré qu'en matière de foi, l'irréligion n'étoit pas le feul écueil à éviter; qu'il y en avoit un autre également dangereux, qui eft l'héréfie. C'eft ce qui m'a engagé à étendre mes Penfées Théologiques relativement à ce fecond objet: de manière que je crois être parvenu à me former un corps de principes propres à me préferver de ces deux précipices.

X I.

Je ne prétends point à la gloire d'Au teur, fur-tout dans une matière fi fouvent difcutée, & où d'ailleurs toute nouveauté eft fi dangereuse. Je déclare volontiers que toutes ces Penfées ne font pas de moi.

J'ai tiré les unes des Ecrivains canoniques, les autres des Saints Peres, des Théologiens, des Auteurs modernes. J'en dois même quelques-unes aux anciens auteurs profanes, & même aux plus grands ennemis de la Religion Chrétienne. La vérité m'a paru refpectable par-tout, jufques dans la bouche de l'impie, lorfqu'elle lui échappe. On y trouvera donc des Penfées de Bayle, de Voltaire, de Jean-Jacques Rouffeau, qui font d'autant plus précieuses, qu'elles partent de la plume des chefs des efprits-forts du temps. J'ai hafardé auffi quelques-unes de mes Penfées : je les foumets à l'Eglife, & je foufcris dès-à-préfent à leur condamnation, fi elles ne font pas exactes. Je fuis homme: je ne me crois pas exempt des foibleffes de l'humanité.

Homo fum: nihil humani à me alienum puto. Terent.

XII.

Je ne me fuis point affervi à rendre mot pour mot toutes les Penfées que j'emprunte, comme on pourra le remarquer: je les plie souvent à mon style, fans cependant

en altérer le fens. J'ai cru pouvoir ufer de cette liberté, n'écrivant que pour moi. Pour leur donner plus d'ordre, je les ai distri buées par chapitre, fuivant les matières. J'ai numéroté chaque Penfée; &, autant qu'il a été en moi, j'ai fait en forte qu'elles fe fuiviffent naturellement, afin qu'elles formaffent comme un enchaînement de vérités plus faciles à retenir.

PENSÉES

N Dieu qui exifte; une Religion qui l'honore; une Révélation qui annonce fes dogmes, & fixe les régles des mœurs ; une Société vifible qui en conferve le dépôt ; une Autorité infaillible, qui en explique le fens, & à laquelle tout homime doit obéir; Cinq vérités, auxquelles la raison conduit tous ceux qui la confultent dans le filence des paffions.

I I.

L'homme, s'il entend fes intérêts, doit de firer qu'il y ait un Dieu. Dans l'hypothèse de fon existence, il a l'avantage de reconnoître un Créateur qui l'a tiré du néant ; un Confervateur, qui le tient fufpendu fur les abîmes;

A