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CHAPITRE PREMIER.

PRÉLIMINAIRES.

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Considérations historiques et géographiques sur la Syrie. Vues du vice-roi d'Egypte. — Abdallah, pacha d'Acre; ses révoltes. Intervention de Méhémed-Ali et demande du pachalik de Damas; refus de la Porte. Différends du Vice-roi avec Abdallah et ses liaisons avec l'Emir-Beschir Partialité de la Porte en faveur d'Abdallah. - Situation de l'Empire ottoman, de l'Europe et de l'Egypte.-Préparatifs de guerre. Ibrahim-Pacha.

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On se rappelle l'impression que produisit en Europe l'entreprise de Méhémed-Ali sur la Syrie. Depuis long-temps l'Orient n'avait accoutumé l'attention publique qu'à de sombres

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tableaux; revers multipliés, succès impopulaires, désastres fameux à Navarin et au Balkan. Ce fut donc un spectacle éclatant et imprévu que cette armée d'Arabes, disciplinés à l'européenne, marchant, de victoire en victoire, du Caire à Saint-Jean-d'Acre et de Saint-Jean-d'Acre jusqu'aux approches de Constantinople. En France, surtout, la gloire nouvelle dont rayonnait l'Égypte émut et fit vibrer en vives sympathies tous les souvenirs de la campagne Napoléonienne. L'Orient parut s'être réveillé, quoique son triomphe fût celui de l'une de ses parties sur l'autre; et sans doute cette guerre civile de l'Islamisme est le dernier mouvement large de l'Orient. Mais ce mouvement ne fut pas seulement une péripétie brillante et théâtrale, il influa par ses résultats sur le sort de l'Empire ottoman, et la poésie du spectacle renfermait de graves conséquences politiques.

C'est pourquoi nous avons pensé qu'on accueillerait avec quelque faveur un récit fidèle de cet évènement, dont il n'existe que des relations incomplètes, dénuées d'ailleurs de toute appréciation des faits et de leurs causes. Quelques personnes, qui n'ont su découvrir aucune suite dans la politique de l'Orient, se plaisent à

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attribuer l'expédition en Syrie à un capricieux entraînement de fortune ou à un aveugle élan de convoitise que provoqua, de la part du pacha d'Égypte, un mauvais procédé du pacha d'Acre. C'est à la fois méconnaître et la part d'une habile préméditation à la gloire du succès, et tout ce qui légitime cette agression, prélude de la guerre du Vice-roi et du Sultan. D'autres, au contraire, frappés de ce grand duel des deux princes en qui se résume l'Orient, ont vu dans la lutte de Mahmoud et de Méhémed-Ali une sorte de partie arrangée de longue main ils ont fait de Méhémed-Ali le promoteur réfléchi d'un schisme politique et religieux, l'ont lancé dans l'arène armé, aux frais de leur imagination, d'un plan d'indépendance ou d'usurpation même, et n'ont tenu aucun compte des fatalités de l'audace et de l'obstination aux prises. Pour nous, c'est avec impartialité que nous avons recueilli, sur les lieux mêmes, de la bouche d'acteurs et de témoins de ce drame mémorable, de nombreux renseignemens dont un mutuel contrôle nous garantit la vérité. Après avoir exposé les motifs, les prétextes et les occasions de cette guerre, nous en raconterons la marche et les accidens, en passant tour à tour des divans

du Caire et de Stamboul aux camps et aux champs de bataille des deux armées. Partout nous laisserons place aux traits caractéristiques des mœurs, de la politique et des physionomies orientales. Enfin, nous suivrons dans son activité la diplomatie européenne, dont alors les fils divers s'entre-croisèrent en tout sens de Stamboul à Konieh et de Konieh au Caire. Sous ce triple rapport, notre récit doit être considéré comme un fragment d'annales, digne, du moins par l'exactitude et l'abondance des détails, de fournir un jour quelques linéamens à une histoire de l'Orient moderne.

Parmi les contrées voisines de l'Égypte, il n'en est aucune dont les destinées aient été plus constamment liées aux siennes que celles de la Syrie. Selon leurs fortunes diverses, tour à tour l'une a obéi, l'autre a commandé, ou toutes deux ont été asservies à la même domination. Antérieurement à l'Ère moderne, on les voit tomber à la fois entre les mains d'Alexandre, lorsqu'en habile capitaine, avant de pénétrer au cœur de l'empire des Perses, il lui enlève son littoral immense; plus tard, et presqu'à la fois encore, on les voit fléchir sous l'aigle de Rome. Depuis l'Ère moderne, ravies d'un seul coup à l'autorité de Constan

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