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encore contre eux une loi qui les condamnoit, les hommes aux galéres & les femmes à être fouettées & marquées. On ufa contre eux de la même rigueur en Espagne.

Angleterre.

Dès l'an 1530 les Anglois avoient fait Temps of contre les Egyptiens des loix très-févéres, ils ont été en Monfieur Blackstone rapporte celle de Henri VIII, où ils font qualifiés de vagabonds qui n'exerçoient aucun métier ; ni ne faifoient aucun commerce; qui alloient de Comté en Comité, de Ville en Ville, réunis en troupe nombreuse, pour tromper le peuple par toutes fortes

de

moyens, de rufes & d'adreffe & faifant ufage de la nécromancie à laquelle on croyoit alors; difant à tout venant la bonne aventure pour avoir de l'argent, enfin volant de tous côtés impunément & commettant, fans crainte, les actions les plus odieufes. Cette loi leur enjoignoit de fortir d'Angleterre

Sévérité des loix angloifes

& ordonnoit la confifcation de leurs biens, tant mobiliaires qu'immobiliaires; elle vouloit auffi que dans le cas où ils feroient accufés de félonie ils fuffent jugés par un Juré medietate lingua.

Sous les régnes de Marie & d'Elifabeth, on fit des loix pour empêcher qu'à l'avenir les Egyptiens n'entraffent dans le Royaume. Tous ceux qui les a tranfportoient fur des Vaiffeaux, furent taxés à payer quarante liv. fterling, & tous les Egyptiens qui, à compter du jour de leur arrivée, refteroient dans l'Isle, plus d'un mois, furent déclarés félons, de même que tous ceux qui, ayant quatorze ans accomplis, fe joindroient à eux, vivroient avec eux & porteroient des habillements femblables aux leurs ; on les priva même du droit de reclamer le privilege du clergé. Cette rigueur fait connoître combien étoient grands les défordres que ces vagabonds commettoient,

& combien ils étoient généralement méprifés & même he is. Quelques années avant la reftauration, treize d'entr'eux furent condamnés à être pendus par les aflifes du Comté de Suffolck. Ce fut un acte bien rigoureux, mais qu'on crut fans doute néceffaire pour empêcher qu'ils ne fe multipliaffent trop en Angleterre. Il est vrai que depuis ce temps on n'a plus fait aucun ufage des loix portées con

tre eux.

J'ai l'honneur d'être, &c.

Dei colonies à fucre.

LETTRE X.

Sur la Colonie de Saint Euftache & celle de Saba. Des Colonies à fucre; de leur importance pour les Hollandois; des productions de Saint Eustache & de fon commerce; de la Colonie de Saba, état heureux de fes habitans.

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EN vous parlant, Monfieur, des Colo

nies à fucre des Anglois; je vous ai dit qu'on croyoit en Angleterre, d'après le nombre d'ouvriers & de manufactures que la confommation des habitants de ces Colonies faifoit fubfifter dans la Métropole, qu'il n'y avoit aucun de leurs habitants, l'un dans l'autre, qui ne fourniffe les moyens de fubfifter à cinq perfonnes en Europe; il s'en fuivroit de-là qu'un seul

Colon eft auffi utile à l'Etat que cinq habitants de la Métropole. Cela bien prouvé, on ne pourroit révoquer en doute l'importance de toutes ces Colonies pour les nations qui en poffedent & en même temps qu'elles ne foient d'une plus grande utilité que les autres Colonies. C'eft, fans doute, cette opinion généralement adoptée par les Hollandois, qui leur fait penfer que Surinam feule eft plus utile aujour- De leur im d'hui à leur République, que tout le com- pour les Hol. merce des Indes Orientales. Auffi je suis convaincu qu'ils l'abandonneroient plus volontiers que celui qu'ils font en Amérique par le moyen de leurs Colonies. Je vous ai déja fait connoître les plus confidérables; je vous entretiendrai aujourd'hui de celles de Saint Eustache & de Saba.

portance

landois.

S. Euftache.

Chaffés de Saint Chriftophe en 1629, De celle de quelques François s'établirent à Saint Euf

tache. Le défaut d'eau & la ftérilité du

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