nier siecle et quelques-uns du temps présent, entr'autres, un homme de lettres qui a eu beaucoup d'esprit, et deux femmes célebres, l'une par le nombre et l'agrément de ses productions, l'autre par la profondeur et le feu de son génie. On aurait tort de rechercher dans des portraits une ressemblance exacte Il est aisé de s'apercevoir que la médisance, l'esprit de parti, d'injustes préventions ou de secretes haines ont plus d'une fois. conduit le pinceau. Malheureusement, et c'est ce qui rend à mes yeux l'éditeur plus digne de blâme; ces portraits, qui sont la plupart de Cerutti, de Rivarol, ou de Mirabeau, ont presque tous le mérite d'une parfaite exécution. Et si les plus plates méchancetés trouvent des gens qui les lisent, avec quel empressement la malignité n'accueillera-t-elle pas ces noirceurs ingénieuses, ces traits mordants,ces morceaux épigrammatiques,où la causticité, souvent naturelle à l'écrivain, s'accroît encore du désir qu'il a de nuire et de blesser? L'éditeur a fait précéder son recueil d'une lettre apologétique sur l'état actuel de la littérature. Le tableau qu'il en fait n'est ni flatté ni flatteur. Il n'épargne ni les grands noms ni les petits travers. Sa critique est en général plus piquante qu'enjouée; il raille plus qu'il ne plaisante; il ne badine point avec la satire; il en enfonce profondément les pointes acérées. Si les journalistes ne sont pas menacés dans son apologie, l'académie et les auteurs n'out guere plus à s'en louer. Veut-il, par exemple, peindre un poëte quittant le cabinet de son protecteur, où il est resté long-temps la tête courbée jusqu'à terre pour être au niveau de son génie, "Le voyez-vous sortir, dit-il; l'orgueil qu'il avait laissé à la porte, sort avec lui. Ce n'est plus déjà le "même homme quel est donc ce front dont l'orgueil se perd dans les nues? qui foule donc la VOL. XLV. 66 B 66 "terre d'un pied si dédaigneux? d'où part cet in"solent regard qui offense tout ce qu'il rencontre? "Des mots entrecoupés s'échappent de sa bouche, je crois en vérité qu'il fait des vers! Qu'ai-je "entendu? serait-ce par hasard une épigramme "contre celui dont il vient d'implorer à genoux la "bienveillance! Précisément. Mais pourquoi "court-il si vite? Le trait est décoché; il court de "rue en rue, au risque d'être cent fois broyé par "les voitures qui se croisent autour de lui, en cri"ant comme Archimede; Je l'ai trouvé. Quoi! "vous ne l'avez donc pas écouté? A l'entendre, il a conquis le Parnasse: à le voir marcher,on croirait qu'il s'avance en conquérant dans l'avenir. "Comme il foule tous les siecles à ses pieds! le Pinde 66 est trop humble pour lui; il le domine de toute la "hauteur de son génie, encore un impromptu, et Virgile ne sera pas digne de lui être comparé." Peut-être aurait-on à reprocher à l'auteur de ne pas éviter toujours assez soigneusement des défauts qu'il censure amerement dans les autres, tels que l'emphase et l'emploi des figures outrées. Peut-être pourrait-on remarquer dans son style quelques expressions impropres comme lorsqu'il dit, en parlant de l'avertissement placé en tête de son livre: Je me garderai bien de déroger à l'absence d'idées exigée en pareil cas. Je ne sache pas que, sous aucun rapport, on puissse dire déroger à une absence, ni moins encore à une absence d'idées. Mais à cela près de quelques taches légeres, l'auteur a prouvé dans ses Confessions et dans plusieurs autres morceaux que renferme son recueil, qu'il joignait à l'instruction que ce genre d'ouvrage exige, le talent d'écrire et celui d'exprimer ses idées d'une maniere qui lui est propre, et qui ne manque pas d'originalité, mérite dontilest bien juste de lui tenir compte àune époque où l'on ne remarque dans la plupart des productions nouvelles qu'un penchant servile à l'imitation. 66 Vers sur la Conquête de la Martinique, en 1809. par les Armes de S. M. B. Un sombre désespoir faisait notre partage; Se couvrait tous les ans des plus riches moissons : Ces moissons dans nos mains étaient des biens stériles. Pour nous s'évanouit le charme des saisons! D'un destin plus prospere éprouvant l'influence, Sans défense expirait sous le fer des bourreaux; Par un ancien Planteur des îles conquises. * Le lieutenant-général Sir Georges Beckwith K. B. fit la conquête de la Martinique en 1809. NOUVELLE CONSTITUTION HOLLANDAISE. De Leyde, le 25 Mars. Le projet de constitution, qui, ainsi que nous l'avons annoncé précédemment, avait obtenu l'assentiment du PrinceSouverain, vient d'être porté, par ordre du gouvernement, à la connaissance du public. Il doit être offert, le 28, du courant, à l'approbation de l'assemblée de 600 notables représentant la population entiere des Provinces-Unies des Pays-Bas, convoquée à cet effet à Amsterdam, où nous apprenons que le Prince-Souverain s'est déjà rendu. Ce projet de constitution doit assurer le bonheur d'un peuple, qui a gémi pendant vingt ans sous le poids du malheur, et est digne à tous égards d'un meilleur sort. Il est divisé en neuf chapitres, contenant 146 articles, et de la teneur suivante. Projet d'une Loi Fondamentale pour les Provinces Unies des Pays-Bas. CHAPITRE PREMIER. Du Prince-Souverain. Art. I. La souveraineté des Provinces-Unies des PaysBas, est et reste conférée à Son Altesse Royale, GuillaumeFrédéric, Prince d'Orange-Nassau, pour être possédée héréditairement par lui et ses descendants légitimes, conformément aux dispositions à articuler ci-après. II. Sont tenus pour descendants légitimes du PrinceSouverain tous ceux provenus d'un mariage contracté du consentement mutuel du prince souverain et des états généraux. III. La souveraineté est héréditaire par droit de primogéniture, de sorte que le fils aîné du prince défunt, ou l'hoir mâle du fils aîué, succede par représentation. IV. A défaut d'hoir mâle du fils aîné, la souveraineté est dévolue aux freres de celui-ci, ou à leurs hoirs mâles; pareillement par droit de primo-géniture et de représentation. V. A défaut total d'hoir mâle, la souveraineté s'hérite par les filles, ou les descendauts d'icelles, de la même maniere que dessus. |