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écrire, Monfieur, ont été arrêtées, je crois devoir me fervir de cette occafion, pour vous répéter la même chofe, dont vous devez avoir été informé par une Lettre de Mr. d'Uon, que je vous envoyai il y a quelque tems, fur une queftion qui le regarde; il s'agit de favoir, fi en cas de mort, de maladie, ou d'abfence de celui qui a l'honneur de commander l'Armée du Roi en ce Pays-ci, fous les ordres, de Mr. l'Electeur de Baviere, le plus ancien Lieutenant-Général de la dite Armée, ne doit pas en ce cas commander en Chef à la place du Général, jufqu'à ce que le Roi y ait pourvu, & ne pas rouler pendant ce tems feulement, avec les autres Lieutenants- Généraux. La circonftance qui forme la difficulté en ce Pays-ci, c'eft que Mr. le Comte d'Arco, en qualité de Feld-Maréchal de Mr. l'Electeur, commande tous les Lieutenants-Généraux de cette Armée. Cependant il paroît que, comme il eft étranger un Corps de François auffi confidérable que celui qui eft en ce Pays-ci, a toujours befoin d'un Chef de la même Nation & des mémes Troupes, lorfque le cas fuppofé vient à arriver; j'attendrai vos ordres, Monfieur, fur ce fujet pour prévenir toutes difficultés. Je fuis, &c.

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P. S. Le 26 Mars 1704. au foir:

Je ne vous envoie point, Monfieur, cette Lettre par le Sr. du Bois, Capitaine dans Forfac, comme je l'avois réfolu, par ce que je viens de recevoir enfin, depuis deux heures, deux Duplicata du Projet contenant les vues du Roi, fur la Campagne prochaine, du 11 Janvier. Voila une étrange diligence, & une furieufe incommodité, que ce défaut de Commerce. Comme ce Projet eft long, il n'eft encore que commencé à déchiffrer; mais j'en vois affez pour favoir qu'il n'est pas fans difficulté, qu'il mérite des réflexions férieufes, & qu'il m'eft impoffible d'y répondre, fans l'avoir communiqué à Mr. l'Electeur de Baviere, & avoir conféré avec lui à fond; j'irai demain à Munich pour cet effet. En attendant je vous dirai, Monfieur, qu'il y aura de la peine à l'obliger de s'éloigner tant' de chez lui, & qu'il nous fera bien difficile d'aller à la rencontre des Recrues, jufqu'où vous me marquez. Cependant ne comptez encore ce mot pour rien de pofitif, en attendant ma réponse à mon retour de Munich. Je garde Mr. du Bois pour vous la porter, parce que je me fie

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à lui, & que je fuis moralement fûr qu'il réuffira; & en attendant pour ne point perdre de tems, j'ai l'honneur de vous envoyer les Duplicata, dont j'avois cru le charger, par un Officier du Régiment de Cavalerie de Royal-Piémont, qui a déjà fait cette épreuve avec fuccès pendant la Campagne derniere, & s'eft offert à moi de fi bonne grace, que s'il va jufqu'à vous, je vous prie d'ordonner qu'il foit honnêtement payé de fon voyage, qui n'eft pas fans hafard; afin que dans la fuite cela engage d'autres à en faire autant. Car je vois que plus nous irons en avant, & plus nous en aurons befoin, les Ennemis redoublant chaque jour leur attention, pour empêcher le Commerce des Lettres.

Je joints à la préfente le Mémoire du Sr. la Croix touchant les équipages des Vivres, par lequel vous verrez, Monfieur, qu'il eft néceffaire de faire repaffer avec les Recrues 740 ou 750 Chevaux pour cet ufage; c'eft une chofe qui eft indifpenfable: car le moindre accident & les mauvais chemins dans l'arriere faifon, nous mettroient abfolument hors d'état d'agir; nous avons affemblé 30000 Sacs de Grains, qui feront convertis en Farines pour le commencement Tom. I. F

de la Campagne, dont la plus grande partie eft à Ulm, & le refte à Donnawert, & ce n'a pas été peu faire, en quoi le Sr. de la Croix a travaillé très bien & très utilement. Car à notre arrivée en ce Paysci, il n'y avoit pas de fubfiftance affurée pour l'Armée pendant un mois, tous les Grains du Pays ayant été gaspillés, diffipés, ou pillés pendant la Campagne, fans avoir fait aucun Magafin.

Ne foyez point furpris, Monfieur, de ce que je n'ai l'honneur de vous écrire qu'en Chiffre, depuis que je vois les Lettres de Mr. le Maréchal de Villars, courir dans le Pays imprimées dans les Gazettes de Hollande; je n'en uferai pas autrement tant que je ferai dans ce Pays-ci.

EXTRA IT

Du Mémoire envoyé de la Cour à Mr. le Maréchal de MARSIN, du 11 Janvier 1704.

Refte à favoir la maniere de faire passer les dites Recrues, fuppofé comme il y a lieu de l'efpérer, que S. A. E. & les Troupes du Roi occuperont la Ville d'Ulm jufqu'à ce tems-là, & que rien n'empêchera

S. A. E. d'y tenir un Corps confidérable; S. M. a réfolu d'y faire affembler, pour le premier d'Avril une partie de l'Armée qu'Elle deftine pour fervir fur le Rhin, de proportionner le nombre d'hommes, dont Elle compofera ce Corps, à celui que les Ennemis tiendront à portée de pouvoir faire joindre, & avec un Corps fu périeur à celui qu'ils auront, dont ces Recrues armées feront partie, de les faire marcher à Willingen, d'attaquer cette Place & de s'en rendre maître, de prendre enfuite Rottewil, & d'établir dans l'une & dans l'autre des Garnifons fuffifantes pour affurer la Communication, & le retour des Troupes d'Escorte, qui feront, comme je l'ai dit ci-devant, une partie de l'Armée du Rhin.

Si l'Armée de l'Empereur en Allemagne fe trouvoit affez forte pour donner de l'inquiétude à S. A. E. après cette Jonc tion, S. M. ayant tout fujet d'espérer après les mesures qu'Elle a prifes, & la bonne conduite de Mr. le Maréchal de Tallard, de réduire Landaw à fson obéiffance, cette Place étant en fon pouvoir, les Ennemis obligés d'employer toutes les forces de l'Empire contre S. A. E., & la Province d'Alface à couvert par Brifack, Kell & Landaw, l'Empereur ayant

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