Où souvent tu dictas des lois, ÉPITREVI.A MA SOEUR SUR MA CONVALESCENCE. Toi, que la voix de ma douleur Du spectacle de mon malheur La douloureuse rêverie, Renais, rappelle la douceur De ton alégresse chérie, Ma Minerve, ma tendre sœur. Et pour en chanter les appas, La faux sanglante du trépas? Par les songes du sombre empire r Enfants tumultueux du bizarre délire, Mon esprit si long-temps noirci Pourra-t-il retrouver sous ses épais nuages Où l'éclatante vérité, S'élancant de ses tristes fers, Et prête à voir finir le songe de la vie, Au poids du vrai seul apprécie Le néant de cet univers. Eclairé sur les vœux frivoles Et sur les faux biens des humains, Je pourrois à tes yeux renverser leurs idoles, Les dieux de leur folie, ouvrage de leurs mains, Et, dans mon ardeur intrépide, De la vérité moins timide Osant rallumer le flambeau, Juger et nommer tout avec cette assurance Que j'ai su rapporter du sein de la souffrance, Et de l'école du tombeau. Et de la Douleur et du Sort, Pour le vulgaire malheureux, Des insectes présomptueux, De tous les êtres ennuyeux Et qui rampent dans ces bas lieux, Au premier arrêt de la Parque, Sans peine et d'un pas ferme on passeroit la barque, Si la tendre amitié, si le fidele amour, N'arrêtoient l'ame dans leurs chaînes, Et si leurs plaisirs tour-à-tour, Plus vrais et plus vifs que nos peines, Ne nous faisoient chérir le jour. Mais de cette philosophie Tu n'es faite que pour la vie; Et t'entretenir de tombeaux, Et donner à la jeune Flore Une couronne de cyprès. Je la raconte dans le port. Par la foudre ou l'effort des vents, Il compte de nouveaux printemps. Tel étoit mon affreux tourment; Que n'en apporte la mort même. Frappé d'une main foudroyante, De la santé la plus brillante Dans cette langueur meurtriere, |