ÉPITRE VI. A MA SOEUR SUR MA CONVALESCENCE. Toi, que la voix de ma douleur Du spectacle de mon malheur La douloureuse rêverie, Renais, rappelle la douceur Ma Minerve, ma tendre sæur. Et pour en chanter les appas, La faux sanglante du trépas ? Par les songes du sombre empire, ! Enfants tumultueux du bizarre délire, Mon esprit si long-temps noirci Pourra-t-il retrouver sous ses épais nuages Les pinceaux du plaisir, les brillantes images, Et lever le bandeau qui le tient obscurci? Quand sur les champs de Syracuse Aux bords désolés d'Arethuse Si de l'inflexible raison Où l'éclatante vérité, S'élançant de ses tristes fers, Au poids du vrai seul apprécie Et sur les faux biens des humains, Et, dans mon ardeur intrépide, Osant rallumer le flambeau, Que j'ai su rapporter du sein de la souffrance, Et de l'école du tombeau. Et de la Douleur et du Sort, Pour le vulgaire malheureux, Des insectes présomptueux, De tous les êtres ennuyeux Et qui rampent dans ces bas lieux, Au premier arrêt de la Parque, N'arrêtoient l'ame dans leurs chaînes, Mais de cette philosophie Tu n'es faite que pour la vie; Et t'entretenir de tombeaux, Et donner à la jeune Flore Une couronne de cyprès. T'en fasse la pénible histoire: Exiges-tu que je m'arrête! Je la raconte dans le port. Par la foudre ou l'effort des vents, Il compte de nouveaux printemps. Tel étoit mon affreux tourment; Que n'en apporte la mort même. Frappé d'une main foudroyante, De la santé la plus brillante Dans cette langueur meurtriere, Quarante fois de la lumiere La Parque, d'une main fatale Chaque jour ma force emportée Renaissoit chaque jour pour des tourments nouveaux : Dans la fable de Prométhée Tu vois l'histoire de mes maux. Voilé des plus noires couleurs, D’Esculape et de Tisiphone, Je crus sortir du noir abyme, |