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avant ceux qui contiennent des débris de corps organisés, fossiles ou pétrifiés.

Nous ignorons absolument quel a été le laps de temps qui a pu s'écouler entre la formation de deux couches contiguës, et à plus forte raison entre la formation de deux terrains distincts; mais on est porté à croire que plus les couches ont d'analogie entre elles, et plus l'époque de leur formation a été rapprochée. Au reste, autant l'âge relatif est important à connaître dans l'art des mines, autant l'âge réel est indifférent. Il serait donc superflu de s'y arrêter davantage; qu'il nous suffise d'admettre en principe que les couches dont les montagnes sont composées, ne sont autre chose que le résultat distinct d'autant de périodes pendant lesquelles il s'est déposé tel ou tel minéral; que celles qui sont composées de substances que nous avons su approprier à nos besoins, sont soumises comme toutes les autres à tous les accidens et à toutes

les modifications qui en dérangent ou en diminuent l'importance.

Nous nous désolons quand une couche de houille vient à manquer, quand un minerai s'appauvrit; nous avons peine à nous persuader que ce combustible, ce métal, qui sont tout pour l'exploitant, ne sont pas plus dans la nature, que le grès, le quarz ou la baryte qui ne nous intéressent pas, mais qui ont aussi leurs dérangemens et leurs vicissitudes. Enfin, comme les couches sont rarement parfaite

ment horizontales, qu'elles sont souvent inclinées, quelquefois arquées ou contournées, que l'on en cite mème de verticales, on doit bien penser que les dépôts qui les ont formés ont souvent été troublés ou précipités; que le fond sur lequel ils se sont faits, a dû imprimer ses formes et ses propres accidens aux couches qui l'ont recouvert immédiatement, et comme il est démontré que la surface de la terre a été la proie d'une infinité de révolutions générales ou partielles, il n'est pas étonnant que les couches aient été dérangées par toutes ces catastrophes; ce qui explique les irrégularités que l'on remarque dans les couches qui sont composées de minéraux utiles, qui contrarient nos travaux, ou détruisent nos espérances.

La houille, le lignite, l'anthracite, les schistes bitumineux, tous les calcaires, les gypses, les argiles, les ardoises, forment des couches dans les terrains auxquels ils appartiennent; mais les métaux, si l'on en excepte le fer, se trouvent simplement disséminés dans ces mêmes couches, en grains, en filets ou en amas, plus ou moins importans; l'on ne peut pas dire qu'ils forment des couches à eux seuls, et quand même on pourrait citer un ou deux exemples contraires à cette règle générale, il serait encore convenable de l'admettre. La couche plombifère de Tarnowitz en Silésie, par exemple, dont on retrouve des lambeaux jusqu'à Olkutz, près Cracovie,

où elle est exploitée comme à Tarnowitz, est composée d'une marne ferrugineuse dans laquelle le minerai de plomb est disséminé en veines et en rognons. Celle du Bleiberg est composée d'un sable agglutiné qui contient des rognons de minerais de plomb nommés

knotes.

Quand les couches sont très-épaisses, elles prennent le nom de bancs, et quand elles sont très-minces, on les nomme lits ou feuillets. On cite des bancs de fer en Suède, en Norwége; un banc de plomb à Sala en Suède; un banc de mercure à Rosena en Hongrie, etc. Les couches de toute espèce sont sujettes à des étranglemens, à des renflemens, à des interruptions ou failles et à des brouillages, dont nous parlerons en détail à la fin de ce paragraphe. Mais avant d'aller plus loin, il est bon de dire ici ce que l'on entend par l'inclinaison et la direction d'une couche.

L'inclinaison d'une couche est le sens vers lequel elle s'incline ou s'enfonce le plus rapidement.

La direction est l'intersection d'un plan horizontal avec sa plus grande inclinaison. Or c'est ce que l'on fait toutes les fois que l'on enfonce une galerie horizontale sur une couche inclinée, car la galerie qui représente l'intersection du plan, cesse de marcher dans le même sens, dès que la couche change d'inclinaison, et s'il en était autrement, le mineur sortirait de la couche, soit en dessus, soit en dessous.

Dans les bures ou descendries, qui ne sont autre chose que des galeries d'inclinaison, on marche dans le sens où la couche est le plus fortement inclinée, et l'on en sortirait infailliblement en perçant au toit, si l'on ne descendait pas autant que la couche, et au mur, si l'on descendait plus rapidement.

Nous verrons dans le cours de cet ouvrage, combien l'inclinaison des couches et des filons influe sur l'importance des travaux qu'ils exigent, pour être exploités avec toute l'économie possible.

L'inclinaison des couches, et particulièrement des couches de houille, leur a valu des noms particuliers dans certains pays. C'est ainsi que dans les mines du Nord, et du pays de Liége en particulier, on nomme planeures, platteures ou platteuses les couches qui sont inclinées de moins de 45 degrés, et surtout celles qui s'approchent de l'horizontale: on dit, en parlant des changemens d'inclinaison d'une couche, qu'elle se fait en platteure, qu'elle va en platteure, que c'est un tiers, un quart de platteure; on dit d'une demi-platteure, que c'est un pendage: elle s'enfonce d'un mètre sur deux. Quand la couche dépasse ces inclinaisons, on dit qu'elle prend un pendage de roisse; une roisse qui sur quatre mètres de longueur s'éloigne d'un mètre de la verticale, est appelée quart de roisse, et ainsi de suite pour celles qui s'écartent du tiers, de la moitié, etc. (Morand.)

Les filons sont les témoins de ces révolutions dont nous avons parlé au commencement de ce paragraphe; car si l'on peut comparer, jusqu'à un certain point, les couches d'une montagne aux assises d'un édifice, on peut aussi comparer les filons à ces grandes crevasses ou lézardes qui sont le résultat de quelque porte-à-faux, d'une explosion ou de tout autre accident qui aurait dérangé l'aplomb de cet édifice en en fendant toutes les assises. (Pl. II.)

Les filons, selon toute apparence, et à quelques exceptions près, sont des fentes qui se sont faites à travers les couches, sous toutes sortes de directions, qui se sont ramifiées et qui ont été remplies, plus ou moins longtemps après, par des substances qui le plus ordinairement n'ont aucune analogie avec celles qui constituent les couches qu'elles traversent. Ces fentes, qui ont jusqu'à plusieurs lieues de longueur sur une profondeur indéterminée, sont quelquefois restées vides ou ont été comblées par des matériaux grossiers, tels que des cailloux roulés, des déblais anguleux ou des terres argileuses; ce sont les filons stériles: mais le plus ordinairement les filons sont les gites des métaux précieux, de l'or, de l'argent, du cuivre, du plomb, et même de quelques pierres fines. Ces minerais qui nous intéressent ne sont point isolés, ils sont mêlés à d'autres substances de non-valeur, qui leur servent de

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