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On écrit :

EXEMPLE..

J'aime avec vénération l'homme laborieux;

mais on doit prononcer :

J'ai-mavec vénération l'homme laborieux;

par ce moyen l'on évitera l'hiatus, si désagréable à l'oreille.

Dans ces locutions aime-t-on? chante-t-il? danse-t-elle ? on voit clairement que le t n'est employé que pour éviter l'hiatus, et que cette lettre n'est qu'une addition introduite purement en faveur de la prononciation.

Quelle autre irrégularité plus frappante que celle qui se trouve dans ces mots: ton amitié, mon espérance, &c., où l'on associe avec différens genres, deux mots qui se correspondent grammaticalement de la manière la plus intime! Pourquoi les substantifs étant féminins, ne pas les faire précéder par des pronoms féminins, et dire : ta amitié, ma espérance, comme on dit : ta franchise, ma prudence? N'est-il pas évident que ce n'a été que pour éviter une prononciation qui blessait l'oreille et révoltait le bon goût?

Cependant, toutes les liaisons ne sont pas de la même nature et n'ont pas les mêmes effets, puisque toutes ne conservent pas le même caractère primitif.

Il n'y a que les consonnes b, l, m, n, p, r, tet z qui, dans le cas des liaisons, n'éprouvent aucun changement.

Quant aux autres, elles se modifient ainsi qu'il suit : le c se change en k, le dent, le f en v, le g en k, le q en k, le s enz, et le x en z.

Les liaisons les moins sensibles sont celles du l et du r, parce qu'elles ne se lient que par une sorte de prolongement doux et peu sensible. Les liaisons les plus coulantes sont produites par les consonnes f, s, x et z; elles conviennent particulièrement aux sentimens tendres et doux ; et les liaisons les plus caractérisées et les plus fortes sont celles du c, d, n, p, q, t : dans ces liaisons, la consonne finale se détache en quelque sorte du mot auquel elle appartient, pour aller se réunir fortement à la voyelle initiale du mot suivant, avec laquelle elle ne fait pour ainsi dire qu'un même corps. Ces liaisons conviennent aux sentimens forts, aux mouvemens passionnés, aux grandes émotions de l'âme.

La condition la plus essentielle de la liaison des consonnes finales avec les voyelles initiales des mots suivans, est qu'il faut qu'il y ait un rapport grammatical intime entre les mots, pour qu'ils soient susceptibles d'une liaison indipensable.

EXEMPLE:

Les enfans de mon ami.

Dans cette phrase, les et mon modifient les mots enfans et ami, le premier comme article et le second comme pronom

possessif; par conséquent, les finales s et n doivent être liées avec les voyelles des mots suivans.

L'adjectif a toujours un rapport grammatical avec son substantif; ainsi, qu'il soit placé avant on après, il faut les lier: L'avi-zimportant qu'il reçut.

Le fréquen-texercice du berger.

Le sujet se lie avec le verbe; les mots régissans, avec leurs régimes; les adverbes, avec les mots qu'ils modifient; les prépositions, avec les mots dont elles établissent la relation on l'opposition; les conjonctions, avec les objets qu'elles rapprochent. Mais, s'il est indispensable d'exécuter les liaisons qui sont fondées sur les relations grammaticales des mots entr'eux, il est également important d'éviter celles qui ne sont pas déterminées par ce principe. Ce serait une grande erreur de penser que tout mot finissant par une consonne dût être joint au mot suivant, s'il commence par une voyelle. Cette opinion donnerait lieu à une prononciation affectée, rude, pédantesque, et qui souvent intervertirait le sens même des idées. Voici quelques exemples:

Quand les mots sont pris abstractivement, ils ne se lient pas. Dans cette phrase: hommes, animaux, tout périt. Les da mot hommes ne se prononce point, et par conséquent ne se lie pas, parce que ces mots sont pris abstractivement, et n'ont entr'eux aucune relation grammaticale.

Mon et ton sont des pronoms possessifs. Dans cette autre phrase, le n du mot mon ne se lie pas non plus, parce que les mots mon, ton, quoique rapprochés par la conjonction et, n'ont aucun rapport grammatical.

Ainsi que les saisons, on voit changer les hommes. Ce serait une faute de lier le s du mot saison, parce que le repos en dispense, et qu'il n'existe aucune relation grammaticale entre ce mot et le pronom on qui suit.

Vous étiez aux abois, ainsi que vos amis. Dans cette phrase, rien ne serait plus désagréable que de lier tous les mots, les liaisons tombant toutes sur la même consonne. Il faut, en pareil cas, couper ces liaisons et s'abstenir de les exécuter dans leur totalité; ainsi dites:

Vou-zétie zau zabois, ainsi que vo-zamis. Quelquefois encore il y a des liaisons qui changent absolument l'idée qu'on vent exprimer, par exemple :

Par lui, l'homme d'état, dispos après dîner,

Forme l'heureux projet de nous mieux gouverner. Si on liait la finale du mot dispos, l'auditeur pourrait prendre le change sur le sens de ce mot et entendre: dispose après diner. Il faut, en pareil cas, éviter ces sortes de liaisons et dire : dispo après dîner. Il n'y a pas du mal de sacrifier la douceur de la prononciation à la clarté de l'idée.

De toutes les liaisons défectueuses, les plus intolérables sont celles qui portent sur les voyelles nasales, comme an, en, in, on, un, la propriété de ces syllabes étant de former des sons simples et indivisibles. On doit donc s'en servir comme on se sert de la syllabe placée devant un h aspiré, et dire :

Souvent de tous nos maux, la raison est le pire,

tout comme on dit :

Jeune et vaillant héros.

De cette manière, l'aspiration et la nasalité opèrent de même. Par cette raison, on ne peut prononcer :

au lieu de :

Une mè-navide,

un airè-norgueilleux,
un a-nentier,

ce serpen-télevé,

Une main avide,

un airain orgueilleux,
un an entier,

Le serpent élevé.

On ne lie jamais les syllabes en ort, art, ert, ord, &c. On ne peut pas dire:

La mor-test dans la maison,

un sor-taffreux,

un transpor-taveugle,

un déser-taride, &c.,

sur-tout quand la liaison peut tomber sur le r, qui est une des consonnes qui fournissent les liaisons les plus coulantes et les plus douces; qui, d'après les principes de la prononciation française, doit seule être ici prononcée, tandis que le t doit rester muet, soit devant une consonne, soit devant une voyelle. Il me reste à présenter combien la juste observation des liaisons est nécessaire pour une prononciation exacte et régulière. Son coeur avide d'honneurs et de richesses.

Dans cette partie de phrase, si je ne liais pas le s final du mot honneurs avec le mot qui le suit, je donnerais une idée totalement dénaturée, puisqu'au lieu de présenter un homme courant après les honneurs, je présenterais celle d'une âme passionnée pour l'honneur.

Sensibles à ce bienfait, leur reconnaissance éclata

par les plus vifs transports.

Si je ne liais pas le s final du mot sensibles avec le mot à, je n'exprimerais alors qu'un singulier.

Il en est de même pour faire distinguer le singulier et le pluriel des verbes; je dois donc prononcer :

Ils travaille-ten parlant;

ce qui est écrit :

Ils travaillent en parlant.

Je ne saurais trop recommander à mes lecteurs la stricte observation à ces principes, s'ils veulent se convaincre que la langue française, bien parlée, est la plus belle et la plus harmonieuse des langues modernes. Comme elle est sèche, aride inflexible dans la bouche de celui qui ne connaît ni son génie, ni son caractère, ni les lois de sa prononciation, elle devient majestueuse et brillante, flexible et douce, nombreuse et riche en inflexions mélodieuses, quand elle est énoncée avec les conditions qu'elle prescrit.

DE L'ARTICLE.

L'ARTICLE est un petit mot qu'on place devant un substantif ou un nom, pour en faire distinguer le genre et le nombre. y a de deux sortes d'articles, savoir: l'article simple et l'article composé.

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L'article le marque toujours le masculin singulier, comme le père, le cheval, le besoin, &c.

L'article la marque toujours le féminin singulier, comme la mère, la poule, la besogne, &c.

L'article les marque toujours le pluriel tant masculin que féminin, comme les pères, les mères, les chevaux, les poules, les besoins, les besognes, &c.

Les articles composés sont:

Jaou ou oou, eis, doou, deis, o.
aux, du, des, ô.

au,

L'article au est formé par la préposition à et l'article le. L'article aux est formé par la préposition à et l'article les. L'article du est formé par la préposition de et l'article le. L'article des est formé par la préposition de et l'article les. L'article ó est un article qui marque l'interjection, comme ô mon Dieu! ô mon père ! ô Richard! ô mon roi!

Lorsque les substantifs sont placés en forme d'adresse, ils ne prennent point d'article; ainsi l'on doit dire : je suis logé faubourg Saint-Germain, quai de la Ferraille, place Bellecour, rue Paradis, &c., et non pas: au faubourg, au quai, à la place, à la rue, &c.

L'article ne doit point accompagner les noms d'hommes et de femmes, à moins qu'ils ne soient employés en dénomination générique, comme les Racine, les Massillon, ou qualifiés par un adjectif, tels que le vieux Mondor, la jeune Hortense. Différemment, l'article servirait à marquer du mépris ou du moins peu d'estime de la personne de qui on parlerait. La Paillot avait plus du goût pour le chant, que la Duflachet pour la déclamation.

DU SUBSTANTIF.

Le SUBSTANTIF est le nom qu'on donne à une personne ou à une chose.

Il est de deux sortes de substantifs, savoir : le nom propre et le

nom commun.

Louis, Henri, Virgile, Crébillon, Europe, France, Provence Marseille, Rhône, Malmont, Nord-Est, sont des noms propres, parce qu'ils ne peuvent être donnés qu'à une seule personne ou à une seule chose.

Frère, soeur, ciel, terre, bœuf, genisse, besoin, volière, sont des noms communs.

La langue provençale et la langue française ont deux genres : le masculin et le féminin. Le genre est masculin quand on parle d'homme ou de mâle, et il est féminin quand on parle de femme ou de femelle.

On connaît le substantif masculin, lorsqu'on peut y placer devant les mots le on un, et le féminin, les mots la ou une, parce que le genre masculin et féminin a été donné à des objets inanimés, tels que papier, plume, tison, fumée, changement, bouleversement, &c.

On doit employer le singulier quand on parle d'une seule personne ou d'une seule chose, et le nombre pluriel quand on parle de plusieurs.

Le pluriel se forme en ajoutant un s à la fin du nom : le soleil, l'étoile; pluriel: les soleils, les étoiles.

Les noms qui, au singulier, sont terminés par s, x, z, n'ajoutent rien au pluriel, tels que le fils, la noix, le nez, &c.

Les noms terminés au singulier en au, eu, ou, prennent un x au pluriel, tels que le marteau, le jeu, le verrou, excepté les mots bleu, clou, cou, matou, sou, trou, parce qu'ils prennent

un s.

Les noms terminés en al ou ail forment leur pluriel en aux, tels que cristal, corail, &c., excepté cependant les mots bal, carnaval, détail, éventail, épouventail, gouvernail, poitrail portail, &c., attendu qu'ils prennent un s.

Les noms féminins terminés en elle prennent deux 7, et les noms, tant masculins que féminins, terminés en tion, précédés de la consonne ʼn ou d'une voyelle, s'écrivent part: on en excepte pourtant les mots dimension, pension, passion, appréhension.

Chaque nom n'a ordinairement qu'un genre et ne peat se servir que de celui qui lui est propre. En voici pourtant quelques-uns susceptibles à variations :

Aigle impériale, aigle romaine, aigle ( terme de blason) sont féminins; par tout ailleurs le mot aigle est masculin.

Amour est masculin au singulier et féminin au pluriel: un

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