En Nivernois à la supérieure, La lettre part. Quand viendra la réponse? Dont le vieux cœur aimoit moins vivement, Fut d'envoyer le pupille charmant Pour quinze jours; car, en têtes prudentes, Elles craignoient qu'un refus obstiné Ne les brouillât avec nos sœurs de Nantes. Après ce bill des myladys de l'ordre Dans la commune arrive grand désordre: Quel sacrifice! y peut-on consentir? Est-il donc vrai? dit la sœur Séraphine. Quoi! nous vivons, et Ver-Vert va partir! D'une autre part la mere sacristine Trois fois pâlit, soupire quatre fois, Pleure, frémit, se pâme, perd la voix. Tout est en deuil. Je ne sais quel présage D'un noir crayon leur trace ce voyage; Pendant la nuit des songes pleins d'horreur Du jour encor redoublent la terreur. Trop vains regrets! l'instant funeste arrive: Jà tout est prêt sur la fatale rive; Il faut enfin se résoudre aux adieux, Et commencer une absence cruelle: Jà chaque sœur gémit en tourterelle, Et plaint d'avance un veuvage ennuyeux. Que de baisers au sortir de ces lieux Reçut Ver-Vert! Quelles tendres alarmes! On se l'arrache, on le baigne de larmes; Plus il est prêt de quitter ce séjour, Plus on lui trouve et d'esprit et de charmes. Enfin pourtant il a passé le tour: Du monastere avec lui fuit l'Amour. Pars, va, mon fils, vole où l'honneur t'appelle ; Je languirai, forcément exilée, Pars, cher Ver-Vert, et dans ton heureux cours Mais c'en est fait, on embarque le drôle, |