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du grain, que les Chinois boivent au lieu de vin après l'avoir fait chauffer. Cet homme mit tout cela à terre, & s'en retournoit, lorsque je le fis rappeller pour fçavoir de lui ce que cela vouloit dire. Il me répondit que c'étoit une partie des provifions qu'il avoit achetées pour moi, par ordre du Collège qui a la direction des magazins des vivres de l'Empereur ; qu'il n'avoit pû apporter le tout d'une feule fois, & qu'il s'en alloit chercher le refte. Lui ayant demandé qui il étoit, j'appris qu'il avoit fait un contrat avec ledit Collége, par lequel il s'étoit obligé de me fournir, tous les neufs jours une certaine quantité de provifions. Je lui ordonnai de reprendre celles qu'il difoit avoir achetées

pour mon usage, & de ne plus rien apporter, jusqu'à ce que je fufse informé,du Confeil des affaires étran gères, combien je devois recevoir

journellement par ordre du BogdoiChan, & par quelles mains.

Je fis fçavoir aux Mandarins qu'on m'avoit donnés pour proposer auConfeil ce qui pourroit me regarder, ce qui m'étoit arrivé avec l'homme qui m'avoit apporté des provifions de la part du Bogdoi-Chan. Je leur fis dire que je recevrois toujours avec beaucoup de respect tout ce que ce Monarque, par amitié pour Sa Majeftć Czarienne, me feroit donner pour mafubfiftance,pourvû qu'on l'envoyât -d'une manière convenable; les priant en même tems de me faire fçavoir en quoi confiftoit l'entretien que la

Cour me deftinoit. Ces Meffieurs me firent dire, que je recevrois le même entretien que j'avois reçu pendant la réfidence de l'Envoyé extraordinaire en cette Cour, & qu'ils avoient fait un accord avec un homme qui me fourniroit régulierement mes pro

vifions. Je leur fis repréfenter que je n'avois eu aucun entretien féparé pendant la réfider ce de fon Excellence à Pékin,ayan: toujours eu l'hon. neur de manger avec Elle, & que je ne pouvois rien recevoir avant que je fçulle précisément en quoi il confiftoit, & qu'après cela, je les prierois de me faire payer le montant de l'argent qu'il falloit en donner au pourvoyeur. Ces Meffieurs me remontrerent que je ne devois pas examiner de fi près ce que le Bogdoi Chan me faifoit donner par une clémence particulière & fans y être obligé; je les affurai à mon tour que je ne recevrois abfolument rien de cette

manière , parce que je doutois que le Bogdoy-Chan prétendît qu'un homme de cette efpece fût chargé de la difpofition de ce qu'il m'avoit destiné pour mon entretien. Ma réfolution déplut extrêmement aux Mandarins ;

mais voyant qu'ils auroient de la peine à réuffir dans leurs prétentions, ils me délivrerent enfin la fpécification fuivante, difant que c'étoit-là ce que le Chan m'avoit deftiné pour mon entretien journalier.

1 Poiflon.

1 Brebis.

I Pot de Taraffun.

1 Poule.

1 Jatte de lait.

2 Oz de thé.

2 Oz de beurre.

2 Oz d'huile de lampe.
Gin de choux falés.

2 Petites Mesures de riz.
15 Gins de bois.

A mon Interprète, par jour.

1 Oz de thé.

Gin de farine.

2.Oz de beurre.

2.Oz d'huile de lampe.

2 Petites Mesures de riz.

8 Gins de bois.

Et tous les neuf jours une brebis.

A chacun de mes domestiques,par jour.

I Gin de viande de bœuf,

1 Oz de fel.

1 Mesure de riz.

5 Gins de bois.

Aun Dragon que l'Envoyé avoit laiffé à Pekin, au sujet de quelques tapifferies auxquelles on travailloit pour le Czar.

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Les Mandarins me dirent en me donnant ce détail que,comme on étoit obligé d'acheter les brebis, le poif

fon

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